Fatah : Le rival d’Abbas, Dahlane, interdit de se présenter aux élections
L'ex-chef de la sécurité de l'AP n'a pas un "casier judiciaire vierge", dit Azzam al-Ahmad ; le porte-parole de Dahlane promet de porter "son message dans les rues"

L’ancien chef de la sécurité de Gaza Mohammad Dahlane – largement considéré comme un rival clé du président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas – ne sera pas autorisé à se présenter aux prochaines élections présidentielles palestiniennes, a déclaré un haut responsable palestinien au Times of Israel.
« Dahlane ne peut pas se présenter à la présidence, car il n’a pas de dossier propre. Toute personne ayant une condamnation enregistrée au ministère de la Justice, qui ne peut présenter un casier judiciaire vierge, ne peut se porter candidat », a déclaré Azzam al-Ahmad, membre du Comité central du Fatah, lors d’un appel téléphonique à la fin de la semaine dernière.
Dahlane est largement considéré comme un candidat possible pour remplacer Abbas, âgé de 84 ans. Ancien chef du Fatah et ancien ministre de la Sécurité de l’Autorité palestinienne, Dahlane a été expulsé de Cisjordanie à la suite d’un conflit politique amer et sanglant avec la direction actuelle de l’Autorité palestinienne.
Il a été reconnu coupable par contumace par un tribunal palestinien pour corruption et condamné à plusieurs années de prison. Ses partisans allèguent que les accusations étaient politiquement motivées.

Abbas a publié début janvier un décret ordonnant les premières élections nationales palestiniennes depuis plus de 14 ans. Les dernières élections palestiniennes ont eu lieu en 2006 et ont abouti à une majorité parlementaire pour le groupe terroriste du Hamas. La victoire du Hamas a conduit à une lutte pour le pouvoir qui a duré un an et demi et qui s’est terminée en 2007 par la mise en place de deux gouvernements palestiniens rivaux : Le Hamas à Gaza et l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah en Cisjordanie.
Les observateurs restent cependant sceptiques quant à la tenue effective des élections, car maintes promesses électorales sont déjà tombées à l’eau.
Des représentants du Fatah et du Hamas doivent se réunir au Caire pour discuter de questions liées aux élections début février.
Le chef de la commission centrale électorale, Hana Naser, avait indiqué au début de ce mois que toute personne dont la condamnation était en cours ne pourrait pas se présenter à la présidence, bien qu’il n’ait pas mentionné le nom de Dahlane.
Les responsables de l’AP ont publiquement accusé Dahlane d’être impliqué dans les récentes décisions des Émirats arabes unis et du Bahreïn d’établir des liens ouverts avec Israël. Dahlane vit à Abou Dhabi depuis qu’il a fui la Cisjordanie en 2011.

Les partisans de Dahlane dans le prétendu courant de réforme démocratique du Fatah avaient initialement exprimé l’espoir qu’ils seraient autorisés à se présenter aux élections sur une liste commune avec le reste du mouvement du Fatah.
M. al-Ahmad, membre du Comité central, a rejeté cette possibilité.
« Notre système interne au Fatah est clair. Mohammad Dahlane et sa faction ont quitté le Fatah. Ils ne peuvent pas s’allier au Fatah s’ils n’acceptent pas les directives du mouvement », a déclaré al-Ahmad.
« Une liste unifiée ? Ce sont des paroles en l’air ! » a conclu al-Ahmad.
« S’ils ne nous autorisent pas à nous présenter avec eux aux élections, alors nous porterons notre message dans la rue », a déclaré Dimitri Diliani, un porte-parole du mouvement de Dahlane.
Mais Dahlane a à la fois des fidèles dans la bande de Gaza, où il est né, et un mécène régional en pleine ascension : les Émirats arabes unis. Depuis qu’il s’y est installé en 2011, Dahlane est devenu un conseiller important du leader de facto des Emirats, le prince héritier Mohammed Bin Zayed Al Nahyan.