François Hollande : « Importer le conflit ici, c’est agir contre la République et l’unité de la Nation »
Dans un entretien avec le Crif, l'ancien président s'est exprimé au sujet de la France insoumise et de son rôle dans l'explosion de l'antisémitisme en France depuis le 7 octobre
Ancien président de la République et désormais député socialiste de Corrèze, François Hollande a accordé un entretien au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), en ce début d’année, pour faire notamment le point sur la fragmentation de la gauche et la lutte contre l’antisémitisme.
Réaffirmant les observations faites dans son dernier livre Le défi de gouverner : la gauche et le pouvoir de l’affaire Dreyfus à nos jours, François Hollande explique qu’il y a « toujours eu deux gauches […] Une gauche qui aspirait à entreprendre des réformes dans un cadre républicain […] Et une gauche qui a pris plusieurs formes, plus contestataires, plus radicales, parfois plus révolutionnaires ».
L’ancien président fait là une distinction entre sa famille politique, le Parti socialiste, et la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, camps pourtant rassemblés depuis les législatives anticipées de juin 2024 au sein du Nouveau Front populaire.
LFI fait l’objet, depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas contre Israël, de très nombreuses critiques dues à des prises de position pour le moins controversées sur le conflit. En décembre dernier, il est devenu le premier grand parti français à rejoindre officiellement le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël.
François Hollande, lui, estime que Jean-Luc Mélenchon n’est que le « premier terme du problème » et que « ce qui est en cause ce n’est pas seulement une personne, c’est une ligne politique ».
C’est la raison pour laquelle il considère que seul le « pôle réformiste » auquel il s’identifie peut remporter une élection présidentielle, à condition qu’il prenne « le dessus sur la radicalité du moment ».
Concernant l’antisémitisme, en très forte hausse en France depuis le 7 octobre 2023 avec déjà près de 1 500 actes antisémites enregistrés au 30 novembre 2024 pour l’année écoulée selon Aurore Bergé, François Hollande admet qu’il connaît une flambée chaque fois que « des événements tragiques touchent le Proche-Orient – ce qui s’est produit le 7 octobre ».
Sans nommer explicitement Jean-Luc Mélenchon ou quelque autre député insoumis, il met en cause « des mouvements ou des personnalités qui, sans les justifier [les événement tragiques qui touchent le Proche-Orient, NDLR], les expliquent, leur donnent une légitimité historique ».
« Alors, se font jour des comportements qui, de proche en proche, mettent en cause l’État d’Israël pour rapidement devenir ‘antisionistes’ et, à la fin des fins, antisémite. Ils peuvent être au départ anti-israéliens pour rapidement devenir antisémites, provoquant des violences inacceptables contre les biens et les personnes », explique-t-il. « Importer le conflit ici, c’est agir contre la République et l’unité de la Nation. »
Désignant cette fois plus clairement LFI comme partiellement responsable de la montée de l’antisémitisme en France, Hollande explique que « n’avoir pas dénoncé l’acte terroriste du Hamas le 7 octobre demeurera pour longtemps une faute majeure. Et quand bien même elle a été rectifiée plus tard, cela restera toujours trop tard ».
« De même, avoir prétendu que l’antisémitisme ‘restait résiduel’ en France quand les faits contre les Juifs ont augmenté de 300 % depuis le 7 octobre est une autre faute », a-t-il ajouté, faisant référence à une phrase polémique écrite par Mélenchon en juin 2024. Une phrase qui a, depuis, été rectifiée par Manuel Bompard, coordinateur national de LFI.
Prenant ses distances avec les Insoumis sur la question de la guerre en cours entre Israël et le Hamas à Gaza, François Hollande martèle : « Le PS a toujours refusé d’utiliser la sensible et douloureuse question palestinienne à des fins partisanes. »