Fuite de renseignements : maintien en détention des suspects et travail de la Cour Suprême
Le juge Alex Stein a dit avoir besoin de temps pour instruire le dossier et annoncera la semaine prochaine sa décision sur le maintien en détention de Feldstein et du militaire
Les deux suspects du scandale impliquant les services du Premier ministre et la fuite de documents classifiés remis aux médias restent pour l’heure en détention, les procureurs ayant fait appel de la décision du tribunal de district de Tel Aviv de les libérer pour les assigner à résidence.
Le juge de la Cour suprême Alex Stein a ordonné jeudi de surseoir à l’exécution de l’ordonnance du tribunal afin de lui laisser le temps d’étudier l’affaire en détail. Une décision est attendue la semaine prochaine.
Deux hommes – Eli Feldstein, assistant et porte-parole du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et un réserviste de Tsahal – sont détenus depuis plus d’un mois maintenant, soupçonnés d’avoir dérobé et divulgué des renseignements classifiés qui ont fini dans la presse étrangère.
Le soldat est accusé d’avoir divulgué ces renseignements d’origine militaire à Feldstein, lequel est pour sa part accusé de les avoir remis dans le but de nuire à la sécurité du pays, ce qui est passible d’une peine de prison à vie, sans oublier les chefs d’accusation de détention illégale d’informations classifiées et d’entrave à la justice.
Lors de l’audience tenue mardi au tribunal de district de Tel Aviv, le juge-président a estimé ne pas disposer de suffisamment de preuves pour statuer sur l’intention de Feldstein de nuire à la sécurité israélienne, tout en indiquant avoir, en revanche, des preuves « claires » de son infraction consciente aux règles de la censure militaire en divulguant un document classifié volé à Tsahal.
Le document en question détaille clairement les priorités et tactiques du Hamas lors des négociations sur la question des otages.
Feldstein aurait remis ces documents au journal allemand Bild dans le but de mobiliser l’opinion publique israélienne contre un accord. Les autorités de la Défense ont indiqué, par la suite, que le document ne reflétait pas nécessairement la position de la direction du Hamas et que sa divulgation mettait en danger les sources de renseignement.
Feldstein est accusé d’avoir envoyé ce document à Bild alors même qu’il savait qu’il avait été obtenu illégalement et que la censure militaire en interdisait la publication.
Mercredi, l’avocat de Feldstein a déclaré que, lors de son interrogatoire, son client avait « décidé de ne plus porter le chapeau pour le Premier ministre et ses services ».
« Il n’a pas dit que Netanyahu avait donné l’ordre de divulguer le document aux médias étrangers, mais que [Netanyahu] était au courant du projet de le divulguer aux médias », a précisé Oded Savoray.
Netanyahu a fait en sorte de prendre ses distances avec cette affaire, assurant avoir appris l’existence de ce document classifié par les médias.
Il a par ailleurs reproché au Shin Bet d’avoir traité les suspects comme « les pires des terroristes » et affirmé que les autorités de sécurité israéliennes lui avaient caché des informations essentielles, à commencer par le document divulgué.
Netanyahu n’a pour autant pas expliqué pour quelle raison Feldstein, qui aurait récupéré le document des mains du soldat en juin dernier et l’aurait divulgué à Bild deux mois plus tard, ne le lui aurait pas remis.
Ronen Bar, le chef du Shin Bet, a publié cette semaine une lettre dans laquelle il dénonce ces accusations sans jamais citer le nom de Netanyahu.