Gantz et Netanyahu fustigent Barkat pour avoir dit que Tsahal mettait les soldats en danger
Le président Herzog a sommé les hommes politiques d'éviter les discours caractéristiques d'avant la guerre, qui sèment la discorde avertissant que cela profite au Hamas
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réprimandé dimanche le ministre de l’Economie Nir Barkat qui avait estimé que l’on n’en faisait pas assez pour protéger la vie des soldats en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
Les accusations de Barkat, formulées publiquement puis répétées lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, ont suscité des critiques de la part d’autres ministres, notamment de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, qui a appelé les ministres à ne pas faire de « déclarations sans fondement ».
Le président Isaac Herzog a quant à lui prononcé un discours dans lequel il déplorait que les vieilles querelles politiques reviennent sur le devant de la scène, sapant ainsi l’unité forgée à la suite des attaques du Hamas du 7 octobre et apportant un soutien à ce dernier.
Des fuites de la réunion hebdomadaire du cabinet ont été rapportées par plusieurs médias israéliens.
Barkat, considéré comme un futur rival potentiel de Netanyahu à la tête du Likud, a déclaré aux ministres que « le nombre de frappes aériennes a chuté de façon spectaculaire. Les soldats sont envoyés dans des bâtiments piégés comme des cibles faciles », ce qui, selon lui, se traduit par des tactiques qui « mettent inutilement en danger les soldats ».
Netanyahu a répondu : « Ce n’est pas parce que vous continuez à dire cela que c’est vrai. Il y a des considérations opérationnelles. »
« Aucune considération ne peut justifier de mettre en danger la vie de nos soldats pour une morale imaginaire », a insisté Barkat. « Dans la pratique, nous protégeons les terroristes et mettons en danger la vie des combattants [israéliens], ce qui se traduit par la mort de soldats. Il s’agit d’une gestion imprudente de la guerre ».
« Le leadership se mesure à la capacité de résister à la pression et, malheureusement, ce cabinet ne résiste pas à la pression », a déclaré Barkat.
Netanyahu, justifiant sa politique, a rétorqué qu’il « y a des pays que nous devons prendre en compte. Si nous ne le faisons pas, les Nations unies finiront par décider de nous imposer un blocus. Le monde entier sera contre nous. »
Interrogé sur les critiques de Barkat, le porte-parole de Tsahal, Daniel Hagari, a déclaré plus tard dimanche que « toute force de Tsahal sur le terrain qui a besoin d’un soutien aérien, pour quelque mission que ce soit, bénéficie de la protection nécessaire ».
Plus tôt, alors qu’il arrivait à la réunion du cabinet, Barkat avait déclaré aux médias que « céder à toute pression extérieure, même si elle provient de nos meilleurs amis, est une grave erreur », faisant apparement référence aux préoccupations américaines concernant les morts civiles à Gaza.
« Il est inacceptable que nous mettions nos soldats en danger et que nous les envoyions s’exposer dans des bâtiments qui n’ont pas été bombardés. »
« Il est inacceptable que nous mettions nos soldats en danger et que nous les envoyions s’exposer dans des bâtiments qui n’ont pas été bombardés », a-t-il déclaré. « Nous sommes trop gentils et trop prévenants. En fin de compte, nos soldats, les combattants, prennent des risques disproportionnés et nous en payons le prix fort. »
Gantz n’a pas assisté à la réunion mais il a publié un tweet plus tard dans la journée, qui a été perçu comme directement adressé à Barkat. Il a salué les soldats de Tsahal et a assuré qu’ils « reçoivent tous les outils nécessaires », et que les forces terrestres bénéficient d’une « couverture aérienne généralisée et précise dotée d’une puissance sans précédent ».
« Particulièrement en ce moment, il est attendu des ministres du gouvernement et de tous les dirigeants publics qu’ils agissent avec responsabilité dans leurs déclarations et qu’ils ne tiennent pas de propos sans fondement qui nuisent à la résilience de l’ensemble de la société israélienne, et aux familles des combattants en particulier », a affirmé Gantz.
Gantz, chef du parti centriste HamMahane HaMamlahti, qui a intégré un gouvernement d’urgence après le déclenchement de la guerre, est un ancien ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée israélienne.
Le chef du parti de la coalition Shas, Aryeh Deri, a retweeté le billet de Gantz avec la remarque suivante : « Je soutiens chaque mot ».
En réponse à Gantz, Barkat a tweeté que le ministre du cabinet de guerre était « toujours prisonnier de cette conception erronée » qui consiste à risquer la vie des soldats au détriment de la sécurité des civils de Gaza.
« J’attends de lui qu’il apprenne la modestie, qu’il écoute les critiques factuelles et qu’il comprenne que la vie de nos combattants est plus importante que celle des habitants de Gaza », a-t-il écrit.
Le ministre de l’Education, Yoav Kisch, membre du Likud, a critiqué Barkat et a laissé entendre que le ministre de l’Economie avait formulé ces remarques lors de la réunion du cabinet et qu’il les avait ensuite divulguées à la presse pour se faire de la publicité.
Kisch a tweeté qu’il y avait eu un « flot d’informations selon lesquelles Barkat s’est battu au nom des soldats au sein du gouvernement. Pour que les choses soient claires, nous nous préoccupons tous des soldats et de l’objectif de la victoire dans la guerre et du retour des otages. C’est ainsi qu’agissent le Premier ministre, Gantz, et l’ensemble du cabinet ».
Dans une adresse à la nation prononcée dimanche à une heure de grande écoute, Herzog a exhorté les hommes politiques à continuer d’éviter les querelles et les divisions qui ont caractérisé une grande partie du débat politique avant le 7 octobre, leur demandant de « faire preuve de responsabilité, de se retenir et d’attendre un peu plus longtemps avec les campagnes et les messages politiques ».
« L’ennemi attend de voir des fossés se creuser entre nous, que nous commencions à nous battre les uns contre les autres. Il voit les confrontations, les batailles d’ego et les coups de tête politiques », a déclaré Herzog. « Il se réjouit chaque fois que le désaccord nous sépare. »
Nous ne devons pas revenir au discours du 6 octobre, au discours du « nous » et du « eux », a-t-il ajouté. « Nous ne devons pas revenir à un discours toxique en ligne. Quiconque nous ramène au discours du 6 octobre nuit à l’effort de guerre et à la sécurité des citoyens. »
Netanyahu a également abordé la question de l’augmentation du nombre de victimes au sein des forces israéliennes, déclarant dans une déclaration vidéo publiée le soir sur les réseaux sociaux dans laquelle il déplore le « lourd tribut » de la guerre et assure qu’Israël « fait tout ce qui est en son pouvoir pour protéger la vie de ses soldats ».
Il a promis que le combat se poursuivrait jusqu’à ce que les trois objectifs soient atteints : détruire le Hamas, l’écarter du pouvoir dans la bande de Gaza et libérer tous les otages détenus à Gaza.
Le ministre de l’Immigration et de l’Intégration, Ofir Sofer, a appelé les membres de son cabinet à mettre fin à leurs querelles publiques.
« Je voudrais rappeler à tous ceux qui l’ont oublié que nous sommes en guerre. Les familles endeuillées nous entendent, les soldats sur tous les fronts et la nation tout entière », a-t-il déclaré. « On attend de nous tous, et en particulier des ministres du gouvernement, que nous nous comportions de manière responsable et que nous fassions preuve de leadership. »
L’armée israélienne a annoncé au cours du week-end et dimanche la mort de 15 militaires. Lundi matin, la mort de deux autres soldats a été annoncée, ce qui porte à 156 le nombre de victimes militaires de l’opération terrestre à Gaza
Israël a lancé sa vaste opération militaire contre le Hamas à la suite de l’invasion meurtrière du sud d’Israël par le groupe terroriste le 7 octobre, au cours de laquelle il a tué environ 1 200 personnes, pour la plupart des civils, et pris 240 autres otages à Gaza.
Le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 20 000 personnes ont été tuées dans la bande de Gaza au cours de la guerre, un chiffre qui ne peut pas être vérifié de manière indépendante. Israël estime que ses troupes ont tué quelque 8 000 terroristes. Un millier de terroristes du Hamas ont été tués en Israël le 7 octobre, lors de l’assaut du groupe terroriste.