Biden presse Netanyahu de protéger les civils de Gaza et évoque le phasage du conflit
Le président américain dit ne pas avoir demandé de cessez-le-feu ; le dirigeant israélien l'a remercié d'avoir adouci la rédaction de la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU

Le temps d’une long conversation téléphonique, samedi, le président américain Joe Biden a évoqué la réduction de l’offensive israélienne à Gaza avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu, mais n’a pas demandé l’arrêt des combats.
Leur conversation a eu lieu au lendemain du retrait du veto de Washington à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à une aide accrue, mais pas à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre d’Israël contre le Hamas. Netanyahu a remercié les États-Unis pour avoir contribué à adoucir la rédaction du texte.
Plus tôt dans la journée, Biden avait dit aux journalistes de la Maison Blanche qu’il avait eu une « longue discussion » avec M. Netanyahu, qu’il avait qualifiée de « conversation privée ».
Selon les médias israéliens, l’appel aurait duré près de 45 minutes.
En réponse à une question complémentaire, M. Biden a déclaré : « Je n’ai pas demandé de cessez-le-feu ».
Selon le communiqué de la Maison Blanche, les deux dirigeants ont discuté des « objectifs et du phasage » de la campagne militaire israélienne ainsi que de questions de sécurité.
« Le président a souligné le besoin crucial de protéger la population civile, dont ceux qui contribuent aux opérations d’aide humanitaire, et l’importance de permettre aux civils de quitter en sécurité les zones où les combats continuent de se dérouler », selon le communiqué.
A propos de l’appel, le cabinet de Netanyahu a déclaré que le Premier ministre « a souligné qu’Israël poursuivrait la guerre jusqu’à ce que tous ses objectifs soient atteints », ce qui inclut le renversement du groupe terroriste du Hamas et la libération des otages détenus par les terroristes palestiniens dans la bande de Gaza.

Il a ajouté que Netanyahu « a exprimé sa gratitude envers les États-Unis pour leur position au Conseil de sécurité », Washington ayant longuement négocié pour que l’exigence d’un cessez-le-feu ne figure pas dans cette résolution.
A la place, la résolution « exige que toutes les parties prennent de toute urgence des mesures visant à permettre immédiatement un accès humanitaire sûr, sans entrave et élargi et créent les conditions d’une cessation durable des hostilités ».
Il a toutefois encore fait pression sur Israël pour qu’il réduise rapidement l’intensité de sa campagne militaire après quasiment trois mois d’une campagne aérienne et terrestre punitive, qui n’en finit pas de susciter l’indignation internationale en raison du nombre de morts à Gaza et de la crise humanitaire de grande ampleur.
Mercredi, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que la fin de la guerre entre Israël et le Hamas « le plus tôt possible » était une priorité absolue de l’administration Biden pour l’année à venir.

« Il est clair que ce conflit doit passer – et il passera – à une phase de moindre intensité », a déclaré Antony Blinken. « Nous pensons voir, et nous voulons voir, un changement, avec des opérations plus ciblées, avec un plus petit nombre de soldats uniquement affectés à la gestion de la direction du Hamas, au réseau de tunnels et d’autres questions. »
« Quand nous y serons, les dommages causés aux civils diminueront de manière significative », a ajouté le diplomate de haut rang.
L’administration Biden a durci son discours sur la nécessité pour Israël de mettre fin aux combats de haute intensité à Gaza, sans toutefois fixer publiquement de calendrier pour y parvenir.
En privé, des responsables de l’administration Biden en déplacement ont déclaré à Israël espérer que cette nouvelle phase de combats commence dès janvier, ont déclaré deux responsables américains et israéliens au Times of Israel.
Antony Blinken a indiqué mercredi que les États-Unis continueraient à fournir une assistance à Israël pour « s’assurer que ce qui s’est passé le 7 octobre ne puisse plus jamais se reproduire ».

La campagne aérienne et terrestre massive d’Israël aurait tué 20 258 personnes à Gaza, selon le ministère de la Santé de l’enclave, dirigé par le Hamas, qui ne fait pas le distinguo entre civils et hommes armés et inclut les victimes civiles de roquettes palestiniennes égarées. L’armée israélienne, qui affirme avoir tué quelque 8 500 terroristes depuis le début de la guerre, a déclaré ce mois-ci que le rapport entre civils et combattants tués était de deux pour un.
Lors de leur conversation de ce samedi, Netanyahu et Biden ont également parlé de l’importance d’obtenir la libération des 129 otages détenus à Gaza, dont certains pourraient être morts en captivité.
Les pourparlers en vue d’un accord pour libérer les otages ont donné des signes d’échec jeudi, le Hamas ayant déclaré qu’il ne reprendrait les négociations qu’une fois obtenu un cessez-le-feu, demande rapidement rejetée par Israël.

Lors de rassemblements à Jérusalem et Tel-Aviv samedi soir, des militants se sont retrouvés sous la pluie pour demander la libération des otages et critiquer la conduite du sujet par Netanyahu. Le Premier ministre et son cabinet estiment que la pression militaire est le meilleur moyen d’obtenir la libération des otages.
« Bibi, Bibi prend ta retraite. Nous ne voulons plus de toi », a scandé la foule de plusieurs milliers de personnes à Tel Aviv, en utilisant le surnom de Netanyahu.