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Gantz pourrait demander l’annulation de la marche des Drapeaux à Jérusalem

Le ministre de la Défense a dit qu'il s'opposerait à cet événement sensible, jeudi, si ce dernier devait présenter un risque de trouble à l'ordre public

Des Israéliens agitent des drapeaux lors d'une marche à l'occasion de Yom Yeroushalayim, à Jérusalem, le 10 mai 2021 (Crédit : AP Photo / Ariel Schalit)
Des Israéliens agitent des drapeaux lors d'une marche à l'occasion de Yom Yeroushalayim, à Jérusalem, le 10 mai 2021 (Crédit : AP Photo / Ariel Schalit)

Le ministre de la Défense Benny Gantz a indiqué samedi qu’il demanderait l’annulation d’un défilé nationaliste organisé dans la Vieille Ville si ce dernier devait « nécessiter des mesures de sécurité extraordinaires » et « qu’il met en péril l’ordre public et les processus diplomatiques ».

Cette marche controversée doit avoir lieu dans la Vieille Ville de Jérusalem en date du 10 juin. Le défilé de la « marche des Drapeaux », l’un des événements marquant Yom Yeroushalayim, le 10 mai, avait été annulé quand le groupe terroriste palestinien du Hamas avait lancé un barrage de roquettes en direction de la capitale.

Gantz a fait cette déclaration suite à une rencontre avec les responsables militaires, de la police et autres éminents officiels sécuritaires. Le ministre de la Défense a souligné avoir dit à toutes les personnes présentes qu’il était nécessaire d’afficher un comportement responsable et sensible. Amir Ohana, ministre de la Sécurité intérieure issu des rangs du Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu et qui supervise les forces de l’ordre, était absent lors de cette réunion.

En réponse à l’annonce faite par Gantz, Bezalel Smotrich, dirigeant du parti Sioniste religieux, a qualifié le ministre de la Défense de « lâche ».

« Nous ne nous attendions pas à voir au sein de l’État juif indépendant et souverain, vieux de 2 000 ans, un ministre de la Défense lâche céder ouvertement devant les menaces terroristes du Hamas (permettant ainsi plus de menaces et plus de terrorisme) et chercher ainsi à empêcher les Juifs de marcher en portant haut les couleurs israéliennes à Jérusalem, notre ville sainte et notre capitale unie », a écrit Smotrich sur Twitter, recommandant vivement à Netanyahu et à Ohana de réaffirmer l’organisation du défilé tel qu’il était prévu.

Un responsable israélien qui s’était exprimé sous couvert d’anonymat avait déclaré à la presse israélienne, dans la matinée de samedi, que ce serait la police qui aurait le dernier mot sur la tenue ou non du défilé. « La situation en Israël est revenue à la normale, il n’y a plus de restrictions et les Juifs ont le droit de se rendre sur le mont du Temple », avait estimé l’officiel.

Les leaders du parti Travailliste de gauche, du Meretz et de la Liste arabe unie avaient pour leur part mis en garde, samedi matin, contre les conséquences potentiellement négatives de la marche et ils avaient suggéré qu’elle pouvait être une tentative délibérée d’empêcher la mise en place du dit « gouvernement du changement ».

Les dirigeants de la police devraient se rencontrer dimanche pour discuter de l’approbation du défilé et il devrait être approuvé, selon la Douzième chaîne – qui a toutefois précisé que son itinéraire pourrait être modifié en empêchant notamment les participants de traverser le secteur sensible de la porte de Damas qui s’est trouvé au cœur des troubles, le mois dernier.

Des femme juives, arborant pour certaines des drapeaux d’Israël,
à l’occasion de Yom Yeroushalayim, au mur Occidental, le 10 mai 2021. (Crédit : AP Photo/Oded Balilty)

Le député de Yesh Atid, Ram Ben-Barak, a indiqué samedi que le défilé était une tentative qui cherche à raviver les tensions dans la région et à contrer l’arrivée du nouveau gouvernement à la tête du pays.

« Nous sommes au début de journées difficiles, au cours desquelles les pressions et les tentatives visant à déjouer la prestation de serment du ‘gouvernement du changement’ seront nombreuses – mais, en fin de compte, c’est une nouvelle ère qui va commencer. La volonté de former un gouvernement qui unira la société israélienne, qui viendra à bout des divisions, sera plus forte que toutes les initiatives prises pour l’empêcher », a commenté Ben-Barak.

Après que le Hamas s’est saisi du prétexte des troubles survenus à Jérusalem pour tirer des roquettes vers la capitale, le 10 mai – des barrages de tirs qui avaient entraîné onze jours de conflit entre l’État juif et Gaza et plusieurs jours de violences entre Juifs et Arabes sur le territoire israélien – certains critiques de Netanyahu avaient accusé ce dernier d’attiser les troubles dans la capitale pour déjouer la formation du gouvernement qui l’écarterait du pouvoir. Dans le contexte de ces violences, Mansour Abbas, à la tête du parti Raam, s’était retiré des pourparlers de coalition et le chef du parti Yamina, Naftali Bennett, avait brièvement exclu la mise en place d’un gouvernement dit « du changement ».

Toutefois, Abbas et Bennett étaient revenus à la table des négociations et le bloc a annoncé, mercredi soir dernier, être parvenu à réunir une coalition. Cette dernière – qui dispose d’une majorité très étroite, 61 contre 59 – doit être votée par la Knesset le 9 ou le 14 juin.

La dirigeante du parti Travailliste, Merav Michaeli, a déclaré au cours d’un entretien accordé samedi à la Douzième chaîne que la reprogrammation de la marche ressemblait à une tentative de raviver les violences, estimant que « le drame tout entier auquel nous avons assisté à cause des provocations à Jérusalem vient tout juste de s’apaiser et il serait hautement irresponsable de laisser cet événement se dérouler à nouveau ».

Merav Michaeli, dirigeante du Parti travailliste, intervient sur la Douzième chaîne, le 6 mars 2021. (Capture d’écran)

« Si Netanyahu et Smotrich remettent le feu à Jérusalem, la semaine prochaine, alors il n’y aura plus aucun doute sur leurs motivations et sur leur objectif », a pour sa part commenté le chef du Meretz, Nitzan Horowitz, se référant à l’implication du leader du Parti sioniste religieux, Bezalel Smotrich, dans la marche prévue.

« Nous n’allons pas les laisser brûler le pays à la sortie de Balfour », a-t-il ajouté, faisant allusion à l’adresse de la résidence officielle du Premier ministre.

Ahmad Tibi, de la Liste arabe unie et Issawi Frej du Meretz, deux députés arabes israéliens, ont écrit des lettres au chef de la police réclamant l’annulation de la marche.

« Il s’agit d’une provocation qui ressemble à une tentative de raviver les violences avec l’espoir, peut-être, qu’elles viennent servir certains intérêts politiques », a écrit Frej.

Tibi a indiqué que le défilé impliquait « un grand danger de violences ».

De son côté, l’ex-Premier ministre Ehud Barak a estimé que la marche s’apparentait « à une grossière tentative de raviver les violences dans un moment sensible » ajoutant qu’il était de la responsabilité de Gantz, du chef de la police Kobi Shabtai et du responsable des services de sécurité du Shin Bet, Nadav Argaman, de l’empêcher.

Pour sa part, le législateur d’extrême-droite Itamar Ben Gvir a expliqué que le défilé aurait lieu quoi qu’il arrive.

Le député Itamar Ben Gvir aux côtés du président de Lehava, Benzi Gopstein, dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, le 6 mai 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

« Devant la colère affichée par le gouvernement d’extrême-gauche, nous marcherons dans Jérusalem », a affirmé Ben Gvir. « Jérusalem est notre capitale éternelle et nous y défilerons partout et dans la joie ».

La décision prise par Ben-Gvir de « relocaliser » son bureau à Jérusalem-Est pendant les tensions dans la partie orientale de la ville, le mois dernier, avait été considérée comme ayant été l’une des causes les plus importantes des troubles qui avaient eu lieu là-bas et qui s’étaient ensuite propagés sur le mont du Temple – amenant le Hamas à prendre ces éléments pour prétexte pour tirer des roquettes vers Israël et donnant ainsi le coup d’envoi du conflit contre les groupes terroristes de la bande et des violences interethniques qui avaient déchiré les villes israéliennes.

Il semble de plus en plus probable que la coalition forte de huit partis qui a été mise en place pour écarter du pouvoir Netanyahu pourra obtenir la majorité nécessaire à la Knesset. Les médias israéliens ont fait savoir que selon tous les membres du dit « bloc du changement » – qui est dirigé par Bennett, qui sera chef de gouvernement en premier dans le cadre d’un accord de rotation conclu avec le dirigeant de Yesh Atid, Yair Lapid, qui lui succèdera ensuite – la coalition pourra bien effectuer sa prestation de serment.

De haut en bas, de gauche à droite : le chef de Yesh Atid Yair Lapid, le chef de Yamina Naftali Bennett, le chef de Tikva Hadasha Gideon Saar, le chef d’Yisrael Beytenu Avigdor Lieberman, le chef du Meretz Nitzan Horowitz, le chef de Kakhol lavan Benny Gantz, le chef de Raam Mansour Abbas et la cheffe du parti travailliste Merav Michaeli. (Crédit : AFP)

Cette coalition regroupe huit partis de tout le spectre politique : Yamina, Tikva Hadasha et Yisrael Beytenu, à droite ; Yesh Atid et Kakhol lavan, au centre ; le parti Travailliste et le Meretz, à gauche ainsi que le parti arabe islamiste conservateur, Raam. Bennett sera Premier ministre jusqu’à la mi-2023 et Lapid le remplacera pour les deux années suivantes.

Mais ce défilé reprogrammé pourrait redonner lieu à des violences dans la capitale et au-delà – et mettre à l’épreuve cette alliance improbable qui tente aujourd’hui d’écarter Netanyahu.

Le groupe terroriste du Hamas a mis en garde, samedi, contre d’éventuelles « conséquences » si le défilé devait traverser le secteur de la porte de Damas, dans la Vieille Ville. Muhammad Hamadeh, porte-parole du groupe terroriste à Jérusalem, a appelé les Palestiniens à venir jeudi – le jour de la marche – à la mosquée Al-Aqsa pour « la protéger de la malveillance du sionisme et des plans des sionistes ».

Le groupe du Jihad islamique, qui est lourdement impliqué dans les combats à Gaza, a fait savoir que le défilé serait considéré comme « une action hostile à l’égard du peuple et des terres palestiniennes ». Il a aussi appelé les Palestiniens à se rassembler à Al-Aqsa et à empêcher toute tentative d’entrer par violation dans le complexe.

Des agents de police israéliens pendant des affrontements avec des partisans palestiniens à la porte de Damas, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 18 mai 2021. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

Plusieurs médias israéliens ont fait savoir que les organisateurs avaient eu l’autorisation de la police d’organiser l’événement en date du 10 juin et qu’il leur avait été permis de défiler vers le mur Occidental en empruntant la porte de Damas et le quartier musulman. Un itinéraire qui est considéré depuis longtemps comme une provocation par les critiques israéliens et palestiniens, les commerçants palestiniens locaux étant dans l’obligation, ce jour-là, de fermer leurs magasins de manière à ce que les forces de l’ordre puissent sécuriser le quartier, à majorité palestinienne, pour les participants nationalistes juifs.

Mais la police israélienne n’a pas encore confirmé l’itinéraire et le site d’information Ynet a ultérieurement fait savoir que l’autorisation définitive du défilé n’avait pas encore été signée.

Une affiche de la « marche des drapeaux » prévue le 10 juin 2021 dans la Vieille Ville de Jérusalem qui affirme que l’autorisation de la police a été donnée au défilé. (Autorisation)

« Nous traverserons une fois encore les rues de Jérusalem, la tête haute, en brandissant nos drapeaux israéliens. Nous demanderons l’unification éternelle de Jérusalem. Venez très nombreux ! », ont dit les organisateurs dans une annonce qui a été publiée jeudi sur les réseaux sociaux.

Une annonce qui a été aussi signée par plusieurs groupes de droite et sionistes religieux, et notamment par le mouvement de jeunes Bnei Akiva, par Im Tirzu, par les blocs d’implantation d’Ariel et du Gush Etzion et par le Parti sioniste religieux.

Cette marche annuelle a habituellement lieu au cours de la Journée de Jérusalem, quand l’État juif célèbre la réunification de la ville après la capture, par les soldats de Tsahal, de Jérusalem-Est – y compris de la Vieille Ville et des lieux saints – pendant la guerre des Six jours en 1967.

La Vieille Ville de Jérusalem, avec le mont du Temple – où se dressaient les temples juifs bibliques et qui accueille aujourd’hui le Dôme du rocher et la mosquée Al-Aqsa – est un site particulièrement sensible dans le cadre du conflit israélo-palestinien.

Le gouvernement de Netanyahu avait accepté de réviser l’itinéraire de la marche, en lui faisant éviter la porte de Damas et le quartier musulman, avant le début de l’événement initialement organisé le 10 mai, cédant aux pressions des États-Unis qui s’étaient inquiétés de ce que le trajet n’entraîne un surcroît de tensions dans la ville, qui connaissait déjà des troubles.

Des Israéliens se protègent pendant une alerte avertissant de l’arrivée d’une roquette de Gaza sur Jérusalem, le 10 mai 2021. (Crédit : Flash90)

La situation dans la ville était déjà tendue en raison de manifestations et d’affrontements entraînés par l’information de l’expulsion en suspens de familles palestiniennes dans le quartier de Sheikh Jarrah, à Jérusalem-Est, et suite à la répression de mouvements de protestation violents sur le mont du Temple, en plein mois du ramadan.

Le Hamas avait utilisé ces violences survenues dans la ville pour justifier ses tirs de roquettes sur Jérusalem, amorçant un conflit intense de onze jours marqué par l’envoi de 4 000 roquettes sur l’État juif et par 1 500 frappes aériennes israéliennes en riposte sur la bande de Gaza. La marche avait été officiellement annulée quand les roquettes avaient été tirées – ce qui n’avait pas empêché certains participants de défiler, comme ils l’avaient prévu.

Depuis la déclaration d’un cessez-le-feu, le 11 mai, l’armée égyptienne œuvre à négocier une trêve à long-terme entre Israël et le Hamas qui comprend un échange de prisonniers. Le Hamas, de son côté, a averti que de nouveaux incidents à Jérusalem pourraient entraîner une reprise des hostilités.

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