Gel du projet de loi controversé permettant la nomination de rabbins municipaux
Plusieurs législateurs, dont des élus du Likud, ont demandé le retrait du texte de loi, sur fond de tensions au sein de la coalition
La relance d’un projet de loi controversé, susceptible de permettre la création de centaines de nouveaux postes rabbiniques financés par des fonds publics, a été gelée mardi en raison des tensions au sein de la coalition.
« L’heure est à l’unité, pas à la législation controversée », a déclaré Ofir Katz, président de la coalition, dans un communiqué, selon les médias israéliens.
Cette décision intervient alors que l’on s’attendait à ce que le chef du parti Hamahane HaMamlahti Benny Gantz, et le chef de Tikva Hadasha Gideon Saar, boycottent le projet de loi. L’adoption du texte de loi aurait alors constitué une violation d’une clause de l’accord de coalition d’urgence en temps de guerre, qui stipule que toute législation doit être approuvée au préalable par l’ensemble des partis de la coalition.
Un certain nombre de législateurs du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu, ont également demandé que le projet de loi soit retiré de l’ordre du jour.
Gantz s’est félicité de la décision de geler le projet de loi.
« Alors que nos fils et nos filles se battent vaillamment à Gaza, que 134 otages [sont retenus captifs par le] Hamas, nous devons être unis autour des objectifs de la guerre et ne pas nous engager dans une législation controversée qui sème la discorde parmi le peuple et les dirigeants », a déclaré Gantz dans un communiqué.
Le projet de loi avait été présenté en juin par Simcha Rothman, député du parti HaTzionout HaDatit, et Erez Malul, député du Shas.
La loi donnerait au ministre des Affaires religieuses le pouvoir de nommer un rabbin salarié dans tout quartier d’au moins 50 000 habitants, ce qui pourrait créer des centaines de nouveaux postes, alors qu’il n’en existe que 70 à l’heure actuelle.
En outre, le projet de loi propose de donner au Grand Rabbinat un rôle considérable dans la nomination de ces rabbins en lui donnant plus de sièges dans les commissions de nomination, à la place des sièges actuellement occupés par les représentants des municipalités.
Le nouveau projet de loi vise également à supprimer les restrictions concernant la nomination des rabbins municipaux dans la période précédant immédiatement les élections municipales ou parlementaires – une disposition destinée à garantir que les nominations de rabbins ne deviennent pas une monnaie d’échange dans les transactions politiques.
Il abaisse également le nombre minimum de femmes dans les commissions de nomination des rabbins de 40 % à un tiers.
En outre, la législation supprime l’obligation pour les villes de prolonger le mandat des rabbins municipaux tous les dix ans ou de leur donner la possibilité de convoquer des assemblées électorales pour désigner un nouveau rabbin. Au lieu de cela, les rabbins municipaux conserveraient leur poste jusqu’à l’âge de 75 ans, après quoi ils devraient demander à la ville qui les emploie de prolonger leur mandat.
Le projet de loi, dont le coût pour les contribuables est estimé à des dizaines de millions de shekels par an, a été mis en suspens après le déclenchement de la guerre avec le Hamas le 7 octobre, mais il a récemment été remis sur le tapis.
Le financement public est controversé parce qu’il pourrait obliger les municipalités qui n’ont pas de rabbin – il y en a plus de 30 dans le pays – à en nommer et à en embaucher au moins un, malgré l’opposition idéologique généralisée de nombreux résidents à l’implication du Rabbinat dans le gouvernement.