Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet s’expriment sur le 7 octobre et l’antisémitisme
Les deux responsables ont aussi vivement dénoncé les positions, les propos et les actes de la France insoumise depuis un an

Gérard Larcher, président du Sénat français, et Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, ont donné le 3 octobre une interview en duo au Parisien consacrée aux attaques du 7 octobre 2023 en Israël et à l’antisémitisme en France, notamment celui causé par le parti d’extrême gauche La France insoumise.
Au sujet de la « marche pour la République et contre l’antisémitisme » qu’ils ont organisée le 12 novembre 2023, ils expliquent que, face au 7 octobre, « révélateur d’une forme latente d’antisémitisme qui renaissait sous le masque de l’antisionisme », « les mots ne suffisaient plus [et] il fallait des actes ».
Malgré le succès de la marche, ils déplorent qu’un an plus tard, « nous voyons que malheureusement les actes et les faits antisémites n’ont pas diminué et pis, continuent de croître. Ils ont même atteint un paroxysme avec le viol de cette enfant de 12 ans, à Courbevoie, en juin dernier, parce qu’elle était Juive. On voit donc que la tâche pour préserver ce qui est pourtant essentiel est immense ».
Ils regrettent aussi « que certains n’aient pas trouvé les mots ou qu’ils soient restés silencieux alors que, depuis la Seconde Guerre mondiale, c’est le plus grand nombre de Juifs assassinés, blessés et enlevés ».
Lors de l’entretien, Gérard Larcher a vivement appelé à l’action : « Il faut lutter contre ce mal absolu qu’est l’antisémitisme. Je ne peux pas me résoudre à ce qu’un certain nombre de nos compatriotes juifs renoncent à leur pratique religieuse, dissimulent leur identité et pensent à quitter la France. »
« Il faut déjà rappeler que la France et les Français ne sont pas antisémites. La France est profondément républicaine et attachée aux valeurs de respect de la laïcité », a quant à elle expliqué Yaël Braun-Pivet. « Et je reçois heureusement plus de marques de solidarité que de menaces ! Cela étant dit, je crois que nous avons un énorme travail à faire sur l’enseignement, sur le travail de mémoire. »
Alors qu’il avait lâché il y a quelques mois un « Ferme ta gueule ! » à Jean-Luc Mélenchon, le président de Sénat a dénoncé ceux qui, comme le leader de La France insoumise, n’ont pas su trouver les mots après le 7 octobre. « Nous, on les a trouvés ! Georges Bensoussan parle ‘d’antisémitisme d’atmosphère’. Je crains qu’il ait raison. On a assisté à une convergence des mouvements islamistes radicaux, dont les Frères musulmans, et d’une extrême gauche qui a retrouvé par là un combat idéologique et qui a fait un calcul électoraliste. » Il a ainsi dénoncé le « clientélisme électoral » de La France insoumise, qui a fait campagne aux élections européennes sur Gaza, et a rejeté le communautarisme qu’a mis en avant le parti.
Rappelant avoir été visée par divers actes antisémites, Yaël Braun-Pivet a expliqué qu’elle bénéficiait, depuis le 7 octobre 2023, d’une protection policière, impactant sa vie et celle de sa famille. « Et même si je ne compte plus, je crois que j’en suis à une trentaine de plaintes pour des faits antisémites en tant que présidente de l’Assemblée nationale, depuis le début de mon mandat », dit-elle.
Elle a dénoncé l’importation de ce conflit au sein même de l’hémicycle par, sans les citer, les députés La France insoumise, ainsi que l’instrumentalisation qu’ils font du conflit à des fins électorales.
Les deux responsables ont aussi estimé que La France insoumise aggravait l’antisémitisme en France, alors que Jean-Luc Mélenchon avait qualifié, en juin, le phénomène de « résiduel » en France.
« Je ne m’explique pas de tels propos. Et je ne m’explique pas que les partenaires politiques des Insoumis puissent cautionner ces prises de position. Pour moi, on ne transige pas sur nos valeurs, sur nos principes, sur la République. C’est incompréhensible, car on ne peut pas laisser passer l’antisémitisme. On ne peut pas accepter cette haine de l’autre », a réagi Yaël Braun-Pivet.
« Ces propos ne résistent pas à l’épreuve des faits. Une provocation de plus ! La République ce n’est pas une addition de communautés, c’est une seule communauté. Nous pouvons avoir des histoires différentes, des origines différentes, des religions différentes mais ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous différencie », a réagi Gérard Larcher.
Ils ont enfin dit espérer que le temps de commémoration de cette semaine mènera vers un « chemin de la paix et de la sécurité pour tous » et vers « la solution à deux États : on y était presque en 1995 au moment de l’assassinat de Yitzhak Rabin ! On doit œuvrer pour créer les conditions de cette solution ».
« L’embrasement dans la région est extrêmement préoccupant. Une action diplomatique résolue est nécessaire », a également estimé Yaël Braun-Pivet, qui se dit « convaincue que nous verrons un État palestinien : ce sont des peuples qui n’ont pas d’autre choix que de vivre côte à côte. La sécurité de l’un va avec la sécurité de l’autre ».