Halevi somme Tsahal d’achever les enquêtes sur le pogrom du 7 octobre d’ici fin janvier
Katz a annoncé le gel des promotions d'officiers supérieurs jusqu'à la fin des enquêtes, fixant la date butoir au 31 janvier ; Tsahal promet des enquêtes exhaustives malgré les délais réduits
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le chef d’état-major de l’armée israélienne, le lieutenant-général Herzi Halevi, a demandé à l’armée mercredi « d’accélérer le processus » pour conclure ses investigations sur le pogrom du 7 octobre 2023, perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, qui a déclenché la guerre en cours sur plusieurs fronts, il y a plus d’un an.
Cette décision intervient après la déclaration la semaine dernière du ministre de la Défense, Israel Katz, qui a informé Halevi, qu’il gèlerait les promotions des officiers supérieurs de Tsahal jusqu’à ce qu’il reçoive les conclusions des enquêtes, en fixant la date butoir au 31 janvier.
Les promotions au sein de l’armée israélienne ont été critiquées par plusieurs membres de la coalition, affirmant que Halevi, ayant failli dans sa tâche ce jour-là, ne devrait pas être chargé de nommer les commandants. Halevi a fait savoir qu’il démissionnerait à l’issue de l’enquête.
Malgré le refus du gouvernement de nommer une commission d’enquête d’État et son opposition à toute investigation susceptible d’examiner les échecs politiques ayant conduit à l’assaut meurtrier de l’année dernière, incluant le niveau de préparation et ses conséquences, l’armée a mené des enquêtes internes pour comprendre ses défaillances.
Tsahal a indiqué mercredi que, malgré la brièveté du délai et la guerre en cours, elle entendait maintenir « la qualité, la profondeur et le professionnalisme de la procédure d’enquête, par devoir envers les familles endeuillées, les familles des otages et la population ».
Enquêter sur les échecs de l’armée « est notre devoir envers les personnes décédées et leurs familles, envers les familles des otages, envers l’échelon politique et envers l’ensemble de la population. C’est aussi un devoir envers nous-mêmes, car c’est le seul moyen possible de nous améliorer et de tirer des enseignements », a déclaré Halevi mercredi, lors d’une cérémonie de remise de diplômes aux pilotes.
Les enquêtes de Tsahal au niveau de l’état-major général portent sur quatre sujets principaux :
- le développement de la perception de Tsahal concernant Gaza, avec un accent sur la frontière, à partir de 2018 ;
- les évaluations des renseignements de Tsahal sur le Hamas, de 2018 jusqu’au déclenchement de la guerre ;
- le processus de renseignement et de prise de décision à la veille du 7 octobre, ainsi que dans les jours précédant cet événement ;
- le commandement et le contrôle, les formations et les ordres donnés pendant les batailles entre le 7 et le 10 octobre, lorsque les troupes ont rétabli le contrôle sur toutes les communautés et bases de l’armée envahies par le Hamas dans le sud d’Israël.
Selon Tsahal, ces quatre sujets principaux sont subdivisés en 18 sous-thèmes.
Les enquêtes ont été menées par des unités considérées comme ayant joué un rôle dans l’échec à détecter les préparatifs du Hamas et dans les lacunes concernant la préparation pour contrer l’assaut du 7 octobre.
Tsahal enquête en outre sur 41 batailles distinctes et incidents majeurs survenus lors de l’attaque du 7 octobre.
L’armée a précisé que les enquêtes seront présentées au public une fois qu’elles auront été conclues et regroupées.
Lors de la cérémonie de remise des diplômes mercredi, Halevi a souligné que « depuis le jour de sa création, Tsahal mène ses propres enquêtes, mais celles-ci ne remplacent ni ne contredisent les instances d’instances d’inspection externes. » Il a ajouté que « Tsahal coopérera avec tout mécanisme d’inspection externe qui sera établi », une référence vraisemblable à une commission d’enquête de l’État.
Vendredi, Halevi a reçu certaines des premières conclusions d’une enquête sur le fonctionnement des hauts responsables de Tsahal dans la nuit du 6 au 7 octobre.
Selon un reportage de la chaîne N12, l’enquête a révélé qu’Halevi aurait dû procéder à une évaluation plus large de la situation cette nuit-là, au lieu de consultations restreintes. Une évaluation élargie aurait permis une meilleure identification des événements et aurait pu conduire à des décisions différentes, et potentiellement meilleures, dans les heures précédant l’invasion et le pogrom perpétré par le Hamas.
Toutefois, le reportage souligne également qu’il n’y avait pas de renseignements concrets indiquant que le Hamas était sur le point de perpétrer une attaque.
Le chef de l’armée de l’air israélienne, le général de division Tomer Bar, a déclaré mercredi que l’armée de l’air avait achevé son enquête sur sa réponse à l’attaque.
« L’armée de l’air n’est pas à l’abri des erreurs. La capacité à enquêter et à tirer des enseignements est fondamentale pour remporter la lutte acharnée au Moyen-Orient et au-delà », a-t-il déclaré lors de la cérémonie. « Nous avons terminé l’enquête du 7 octobre avec une équipe indépendante de réservistes. Il s’agit d’une enquête approfondie, minutieuse et pointue. »
L’enquête sera présentée au public une fois que toutes les investigations de Tsahal auront été conclues et validées par Halevi.
Des divergences entre les résultats des différentes enquêtes sont à prévoir, ce qui pourrait prolonger les délais de plusieurs semaines, le temps de concilier les conclusions.
Le 7 octobre 2023, environ 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont déferlé sur Israël depuis la bande de Gaza, assassinant plus de 1 200 personnes et prenant 251 otages, en commettant des actes de brutalité et des agressions sexuelles.
Cette attaque a déclenché la guerre en cours dans l’enclave, une guerre qui s’est étendue sur plusieurs fronts, notamment contre l’Iran, principal soutien du Hamas, et ses mandataires dans la région.
L’équipe du Times of Israël a contribué à cet article.