Hanegbi a été « mal compris », l’AP ne gouvernera pas Gaza après-guerre – responsable israélien
L'extrême droite a critiqué l'éditorial en arabe du conseiller à la sécurité nationale ; Selon cette source, il n'y a pas de négociation sur les otages, au grand dam d'Israël
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Jeudi, un haut responsable israélien a tenté de revenir sur les propos du conseiller à la sécurité nationale Tzahi Hanegbi, qui ont été interprétés comme signifiant que le gouvernement pourrait permettre à une Autorité palestinienne réformée de jouer un rôle dans la gouvernance de Gaza à l’issue de la guerre contre le Hamas, et qui lui ont valu de vives critiques de la part des membres de la coalition d’extrême droite.
S’exprimant lors d’un briefing officieux à la presse, le responsable a déclaré que les propos de Hanegbi dans un éditorial publié par le site d’information saoudien Elaph avaient été « mal compris », affirmant que l’Autorité palestinienne ne jouerait aucun rôle à Gaza après-guerre pour la simple raison qu’il était inconcevable de lui faire confiance pour répondre aux exigences d’Israël, à commencer par la démilitarisation du territoire.
Ce responsable a ajouté qu’Israël était intéressé par la conclusion d’un nouvel accord de libération d’otages avec le Hamas pour permettre aux 17 femmes et enfants encore en captivité de retrouver la liberté, mais qu’il n’y avait, pour l’heure, pas de négociations actives. Les terroristes du Hamas ont kidnappé plus de 240 otages lors des massacres du 7 octobre dernier, dans le sud d’Israël, au cours duquel ils ont brutalement assassiné près de 1 200 personnes.
Le responsable a qualifié toute résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exigeant le cessez-le-feu d’« hypocrite » et laissé entendre qu’Israël l’ignorerait, ajoutant que si la diplomatie ne suffisait pas à faire reculer le Hezbollah de la frontière israélo-libanaise, « d’autres moyens » seraient mis en œuvre pour assurer la sécurité des citoyens israéliens du nord du pays.
Sur la question – hautement politique – de la future gouvernance de Gaza, il a déclaré qu’Israël avait trois objectifs pour l’enclave côtière dans l’après-guerre : sa démilitarisation, sa déradicalisation et l’établissement d’une administration civile fonctionnelle.
Il a affirmé que l’Autorité palestinienne n’était en mesure d’atteindre aucun de ces objectifs.
« Sur la première question [la démilitarisation], nous savons que l’Autorité palestinienne ne peut pas le faire parce qu’elle n’est pas prête à affronter les terroristes… ils ne l’ont jamais fait depuis l’entrée en vigueur des accords d’Oslo, pas plus qu’aujourd’hui… Nous ne pouvons pas attendre de ces gens qui n’agissent pas à Jénine qu’ils le fassent à Gaza. C’est impossible », a déclaré le responsable.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a, à de nombreuses reprises, affirmé qu’il ne permettrait pas à l’Autorité palestinienne de prendre le pouvoir à Gaza dans l’après-guerre, ligne que ses alliés de la coalition d’extrême droite le poussent à maintenir malgré les pressions américaines favorables à cet arrangement.
Le responsable a précisé qu’Israël préfèrerait que les nations arabes modérées telles que l’Arabie saoudite ou les Émirats arabes unis s’impliquent dans la déradicalisation de Gaza, avec le soutien occidental, et que la vie civile à Gaza soit gérée par une « administration locale de Palestiniens » « capable de travailler pour l’avenir du peuple palestinien avec l’aide des pays arabes modérés ».
S’agissant de l’éventualité d’un nouvel accord concernant les otages, il a déclaré qu’il n’y avait pour l’heure pas de négociations actives, mais que les responsables israéliens s’étaient entretenus par deux fois cette semaine avec des officiels qataris pour évoquer le cadre d’un tel arrangement.
« Nous avons clairement fait comprendre à tout le monde, en Israël et ailleurs, qu’il est temps de reprendre le sujet de la libération des otages sur une nouvelle base », a-t-il déclaré, ajoutant qu’Israël souhaitait en priorité obtenir la libération des femmes et des enfants toujours en captivité.
« Nous avons clairement indiqué que nous étions prêts à reprendre là où nous en étions, c’est-à-dire la question de la libération des femmes et des enfants… Ils sont déjà quatre-vingts à avoir été libérés, ce qui en laisse malheureusement encore 17 loin de chez eux. »
On estime à 129 le nombre d’otages kidnappés le 7 octobre toujours à Gaza – pas tous vivants – suite à la libération de 105 civils – parmi lesquels 80 Israéliens – à la faveur d’une trêve d’une semaine fin novembre.
Interrogé sur la perspective de combats de moindre intensité à Gaza, le responsable a déclaré qu’il n’y avait pas de calendrier en la matière et que les opérations de basse et haute intensité se poursuivraient conformément aux besoins opérationnels et aux objectifs militaires.
« Il nous faut éliminer le Hamas. Le Hamas ne doit pas rester en place, quelle qu’en soit la forme. Nous ne sommes pas encore allés partout : quand ce sera le cas, il y aura des opérations de très haute intensité dans ces endroits auxquels nous n’avions pas encore eu accès. Là où les opérations sont terminées et que la victoire est incontestable, il n’y aura plus besoin d’opérations de haute intensité. »
Le responsable a par ailleurs abordé la question du Conseil de sécurité de l’ONU et de la perspective de l’adoption d’une résolution exigeant l’arrêt des combats, qu’il a qualifiée d’« hypocrite » et au sujet de laquelle il a laissé entendre qu’Israël ignorerait toute décision de ce type.
« Nous sommes bien décidés à mettre fin à l’existence du Hamas, en raison des atrocités qu’il a commises, de sa détermination à recommencer, à nous tuer, à nous violer, à nous décapiter. Nous ne reviendrons pas sur cet objectif. »
S’agissant du front nord et des attaques répétées de l’organisation terroriste libanaise du Hezbollah à la frontière nord d’Israël, le responsable a déclaré que les initiatives de l’administration américaine du président Biden pour repousser le Hezbollah de la frontière étaient « bien réelles » et que « personne ne serait plus heureux que nous » si le problème pouvait se régler par la voie diplomatique.
« Si la diplomatie n’apporte pas de solution, alors nous n’aurons pas d’autre choix que d’utiliser d’autres moyens pour rendre le nord du pays sûr, nous assurer que le Hezbollah s’est retiré de la frontière et que les 100 000 Israéliens qui ont dû quitter leur maison peuvent rentrer chez eux en toute sécurité », a-t-il conclu.