Hanegbi: Israël accepterait une AP réformée à Gaza et participerait à sa reconstruction
Zvi Sukkot dit que la reconstruction de Gaza n’est pas "notre responsabilité ; Bezalel Smotrich dit que le conseiller à la sécurité nationale "vit encore à la date du 6 octobre"
Dans un article publié jeudi, le conseiller à la Sécurité nationale, Tzachi Hanegbi, a déclaré que le gouvernement israélien serait prêt à voir l’Autorité palestinienne (AP) prendre le contrôle de la bande de Gaza à la suite de la guerre en cours dans cette région.
Hanegbi, dont les propos ont été publiés sur le site d’information saoudien Elaph, a également déclaré qu’Israël s’engageait à reconstruire Gaza, en collaboration avec les Palestiniens, la communauté internationale et les entreprises privées, et a décrit la campagne militaire visant à renverser le Hamas comme une libération par Israël de la bande de Gaza du règne du groupe terroriste.
« Mis à part la sécurité de nos citoyens, sur laquelle nous ne ferons aucun compromis, Israël ne souhaite absolument pas contrôler les affaires civiles à Gaza, et il est nécessaire de mettre en place un gouvernement palestinien modéré bénéficiant d’un large soutien et d’une grande légitimité », a écrit Hanegbi. « Ce n’est pas à nous de décider quelle sera cette instance ».
Hanegbi a évoqué les pressions exercées par la communauté internationale en faveur d’une administration de la bande de Gaza par l’AP, mais il explique qu’une telle solution ne serait envisageable qu’à condition de procéder à des réformes, et notamment de mettre un terme à l’incitation à la violence contre Israël.
« Dans sa forme actuelle, l’AP a du mal à le faire et cela nécessitera beaucoup de travail et l’aide de la communauté internationale et de nos voisins régionaux. Nous sommes prêts à faire cet effort », a-t-il ajouté.
Cet article marque une nette rupture avec le refus catégorique du Premier ministre Benjamin Netanyahu de considérer l’AP comme une option pour gouverner la bande de Gaza après la guerre, au motif que l’AP et le Hamas sont essentiellement identiques.
Paradoxalement, l’ouverture d’Israël à l’égard de l’AP intervient à un moment où Ramallah semble plutôt disposé à s’allier au Hamas. Mercredi, un haut responsable de l’AP est revenu sur des propos qu’il avait tenus et dans lesquels il critiquait le groupe terroriste.
Ces propos font largement écho à la position de Washington, bien que le secrétaire d’État américain Antony Blinken ait mis l’accent sur les réformes anti-corruption que l’AP devrait entreprendre plutôt que sur les réformes éducatives.
L’influence de Netanyahu sur l’article n’est pas claire, mais Hanegbi est considéré comme un proche allié du Premier ministre et il est peu probable qu’il ait agit dans le dos de son patron.
Le député Zvi Sukkot, du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a écrit sur X que Hanegbi n’avait pas le droit de publier des opinions au nom du gouvernement israélien.
« L’espoir des habitants de Gaza en l’avenir n’est pas de notre ressort ; ils devraient plutôt envisager l’avenir avec la peur de nous embêter à nouveau », a publié Sukkot sur X. « Nous ne sommes pas responsables de la ‘reconstruction de la bande de Gaza’. Sommes-nous devenus fous ? De même, une AP prônant la tolérance et l’acceptation n’existe que dans l’esprit des plus dérangés. »
Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a fustigé le conseiller à la Sécurité nationale pour sa publication sur le site saoudien.
« Il y a ici des gens qui vivent encore à la date du 6 octobre », a déclaré Smotrich sur X. « Cette position ne représente pas celle du gouvernement israélien, et le Premier ministre doit le rappeler à l’ordre. L’AP n’est pas la solution, c’est une partie importante du problème ».
La question de savoir qui gouvernera la bande de Gaza après la fin de la guerre avec le Hamas est devenue un important sujet de controverse politique.
Netanyahu a publiquement rejeté toute possibilité de voir l’AP gouverner le territoire, mais certains articles dans la presse israélienne ont indiqué qu’il semblait envisager des alternatives à cette position.
Smotrich a rejeté toute proposition de ce type, avertissant Netanyahu en début de semaine de « ne pas nous mettre à l’épreuve » et de « ne pas nous mettre devant un fait accompli auquel nous ne pourrions être associés », tout en réaffirmant que la politique antérieure du Premier ministre visant à contenir le Hamas était en partie à l’origine des atrocités du 7 octobre.