Harris aux électeurs juifs : « Tout est envisageable » pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire
Selon la vice-présidente américaine, qui reproche à Trump de ne pas soutenir Israël, la solution diplomatique reste préférable pour empêcher la République islamique de se doter de la bombe

WASHINGTON (JTA) – A l’occasion d’un entretien avec des électeurs juifs à l’occasion des Grandes Fêtes, la vice-présidente américaine Kamala Harris s’est engagée à ne jamais laisser l’Iran se doter de l’arme nucléaire, et a pour y parvenir une préférence pour la diplomatie tout en soulignant que « tout [était] envisageable ».
Cet entretien organisé vendredi après-midi, à quelques heures du début de Yom Kippour, était une tentative de se placer à la droite de Donald Trump, son rival aux élections présidentielles, qu’elle a décrit comme incompétent au sujet de l’Iran du temps de sa présidence.
« Ne vous y trompez pas, en tant que présidente, je n’hésiterai pas à faire le nécessaire pour défendre les forces et intérêts américains contre l’Iran ou les terroristes soutenus par l’Iran, et je ne laisserai jamais l’Iran se doter de l’arme nucléaire », a-t-elle déclaré. « La diplomatie est ma voie préférée pour y parvenir, mais tout est envisageable. »
L’expression « tout est envisageable » nous est familière : l’ex-président américain Barack Obama l’employait souvent, en 2015, au moment de l’allègement des sanctions contre l’Iran contre un démantèlement de ses capacités nucléaires.
Le fait pour elle de l’employer à ce moment précis, une semaine après l’envoi de missiles iraniens sur Israël et la probabilité d’une riposte israélienne, est le signe que Harris apportera à Israël ce qu’il a attendu des dernières administrations américaines, à savoir la garantie de soutenir Israël pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, au besoin par une action militaire.
Israël aurait besoin que les Etats-Unis lui fournissent un très grand nombre d’armes puissantes pour s’en prendre aux sites nucléaires qui, de l’avis des experts, sont enfouis profondément sous des montagnes.

Le président américain Joe Biden a fait savoir qu’il soutiendrait une frappe israélienne en représailles à l’attaque massive de missiles iraniens contre Israël en début de mois sans qu’il soit encore question d’attaquer les sites nucléaires iraniens, de risque que cela ne propage la guerre au reste de la région.
Trump, qui fait du refus de toute intervention militaire américaine un élément central de sa campagne, n’a pas indiqué s’il aiderait Israël dans une telle éventualité et son équipe de campagne n’a pas répondu à la demande de commentaire.
En revanche, Trump s’est moqué de Biden et de la mise en garde faite à Israël de ne pas attaquer les sites nucléaires.
« Je veux dire, une pareille déclaration : ‘S’il vous plaît, laissez leur nucléaire tranquilles’, n’est clairement pas la bonne réponse », a déclaré Trump la semaine dernière lors d’un meeting électoral. « C’est même la réponse la plus insensée parce que, vous savez quoi ? Ils les auront bientôt, les armes nucléaires. Et là on aura des problèmes. »
Harris a laissé entendre que Trump n’aiderait pas Israël et rappelé qu’en 2020, il avait choisi de ne pas riposter lorsque l’Iran avait tiré des missiles sur des bases américaines après qu’il a lui-même ordonné une frappe ayant tué un haut commandant militaire iranien. « Lorsque Donald Trump était président, il a laissé l’Iran s’en tirer alors que l’Iran et ses mandataires avaient attaqué des bases américaines et des soldats américains », a-t-elle déclaré.
Elle a également reproché à Trump de s’être retiré de l’accord nucléaire avec l’Iran en 2018, ce qui, selon elle, a plus que jamais facilité la tâche des Iraniens pour se doter de la bombe.
Israël avait soutenu le retrait unilatéral des États-Unis de cet accord en suggérant de le remplacer par d’intenses pressions pour que l’Iran se défasse de ses capacités nucléaires. Trump a exercé une intense pression en rétablissant et intensifiant les sanctions, ce qui a considérablement appauvri et isolé le régime, mais à son départ du pouvoir en 2021, l’Iran avait repris et même accru son programme nucléaire.

« Trump n’a rien fait : il s’est retiré de l’accord nucléaire sans aucun projet, ce qui a laissé le programme nucléaire iranien libre de se développer », a déclaré Harris.
Harris a également réaffirmé son soutien à la guerre menée par Israël contre le Hamas, déclenchée le 7 octobre 2023 lorsque des terroristes ont massacré 1 200 personnes en Israël et fait 251 otages, principalement des civils, avec une extrême brutalité et de nombreuses agressions sexuelles. Elle a par ailleurs appelé à un cessez-le-feu et à une aide pour les millions de Palestiniens de la bande de Gaza affectés par la guerre.
« Nous n’abandonnons pas l’idée d’un cessez-le-feu et d’un accord de libération des otages », a déclaré Harris, ce qui témoigne d’un engagement certain dans la mesure où l’administration Biden a sensiblement revu à la baisse ses démarches pour mettre fin à la guerre. « Il est inenvisageable de cesser de se battre pour la libération de tous les otages, y compris, bien sûr, les sept ressortissants américains vivants, décédés ou toujours otages et je n’abandonne pas le combat. »
On estime à 97 sur 251 le nombre des otages enlevés par le Hamas le 7 octobre toujours à Gaza, y compris les corps de 34 d’entre eux dont la mort a été confirmée par l’armée israélienne.

Harris a également accusé Trump d’attiser l’antisémitisme. « Trump a fait sien des tropes antisémites dangereux et haineux, qui engendrent la peur et les divisions », a-t-elle déclaré, rappelant notamment un défilé néonazi particulièrement meurtrier en 2017, à Charlottesville, en Virginie.
L’antisémitisme, et le fait de savoir lequel des deux candidats est le plus à même de le contrer, s’est imposé comme un thème de campagne. Harris a noté que Biden et elle avaient été les tout premiers à promouvoir une stratégie de lutte contre l’antisémitisme, conçue par un groupe de travail dirigé par son mari, Doug Emhoff, qui est juif et a également pris la parole lors de cet entretien.
Trump et les Républicains ont déclaré que l’administration Biden-Harris n’avait pas fait grand-chose pour empêcher la prolifération des manifestations anti-israéliennes sur les campus, lesquelles ont parfois viré à l’antisémitisme. La plupart des pressions fédérales en faveur d’une réforme des campus viennent d’enquêtes lancées par la Chambre des Représentants des États-Unis, dirigée par les Républicains, même s’il est vrai que l’administration Biden a elle aussi initié plusieurs enquêtes sur des sujet de droits civils.
Harris a évoqué les craintes des Juifs face au climat [d’antisémitisme]. « Je sais que partout dans ce pays, de nombreux parents et grands-parents juifs s’inquiètent pour leurs enfants qui étudient à l’université, et je sais aussi que de nombreux étudiants juifs ont eu peur d’aller en cours depuis quelques mois », a-t-elle déclaré.
Elle a défendu la liberté d’expression sur les campus tout en précisant que les universités devaient aussi assurer la sécurité des étudiants juifs.
« Quand Israël est pointé du doigt pour des raisons tenant à la haine des Juifs, c’est de l’antisémitisme, chose que je condamne », a-t-elle expliqué.
« Les universités doivent faire en sorte que tous les étudiants et professeurs soient en sécurité sur les campus des États-Unis d’Amérique. »
L’équipe du Times of Israel a contribué à la rédaction de cet article.