Hezbollah : « 10 000 soldats en Syrie sont prêts à affronter Israël »
Le groupe terroriste libanais soutenu par l'Iran est une armée dotée "d'une infanterie, de roquettes, de tanks, de forces d'élite", qui construit des tunnels et des bases militaires pour une future guerre, selon une source
Le Hezbollah a plus de 10 000 soldats dans le sud de la Syrie qui sont prêts à affronter Israël, a déclaré un commandant du groupe terroriste libanais soutenu par l’Iran.
« Le Hezbollah a plus de 10 000 soldats déployés dans le sud de la Syrie. Le Hezbollah est une armée dotée d’une infanterie, de roquettes, de tanks, de forces d’élite », a commenté le responsable officiel, des propos repris par le Middle East Eye, dans un contexte de tensions entraînées par l’interception cette semaine par les forces aériennes israélienne d’un drone construit par l’Iran et lancé par le groupe alors qu’il tentait d’entrer dans l’espace aérien israélien.
Le commandant a expliqué que les combattants se tenaient dans des zones entourant le plateau du Golan et que des tunnels et des bases militaires étaient en cours de construction en vue d’une confrontation possible avec Israël.
« Nous opérons comme nous le faisons dans le sud du Liban mais, bien sûr, d’une manière voilée », a-t-il ajouté.
Evoquant la trêve dans le sud de la Syrie sous les auspices de la Russie et des Nations unies, le commandant a indiqué que le « plan de désescalade est mieux pour nous. Nous travaillons avec plus de liberté, il n’y a plus de bombardements ».
Le haut-responsable a estimé que la prochaine guerre contre Israël pourrait partir de la Syrie mais que « ce qui importe vraiment, c’est où elle se terminera : Est-ce que ce sera à Netanya, à Haïfa ou à Kiryat Shmona ? »
Mardi, Israël a utilisé un missile patriote pour abattre un drone lancé par le Hezbollah et a déployé des avions-chasseurs sur la zone où l’engin devait entrer dans l’espace aérien israélien mais n’a finalement pas été dans l’obligation de les utiliser, le missile d’interception étant parvenu à détruire sa cible.
Le missile intercepteur Patriote avait été lancé depuis une installation militaire située dans le nord d’Israël, à proximité de la ville de Safed.
Après que le drone a enfreint la « ligne bravo » qui marque la frontière syrienne et qu’il est entré dans la zone démilitarisée – qui n’est pas dans l’espace aérien israélien – l’armée israélienne a « décidé de l’intercepter », a expliqué mardi le lieutenant colonel Yonatan Conricus, un porte-parole de l’armée.
Dans un communiqué, l’armée israélienne a indiqué qu’elle « ne permettra aucune infiltration ni aucune approche dans la région du plateau du Golan par des terroristes issus des forces iraniennes, du Hezbollah, des milices chiites ou du djihad islamique ».
Selon Conricus, les forces aériennes ont surveillé le drone depuis le lieu de son décollage, à l’aéroport de Damas, jusqu’à la zone démilitarisée qui sépare les plateaux du Golan israélien et syrien.
« Nous surveillons tout ce qui vole en direction de l’état d’Israël et nous suivons de près tous ces vols en raison de la menace potentielle qu’ils peuvent représenter », a-t-il dit.
Conricus a ajouté que les services de renseignement militaire avaient pu identifier le drone et que ce dernier avait été construit en Iran et lancé par le Hezbollah selon les informations données par les capteurs installés par l’armée dans le secteur et grâce aux années d’expérience acquises à surveiller le groupe.
Le porte-parole a expliqué que le drone semblait être en mission de reconnaissance. Il n’a pas été précisé s’il transportait une arme.
Peu après l’incident, le ministre de la Défense Avigdor Liberman a averti que les pays ou les groupes terroristes qui menacent Israël paieront « un prix élevé, très élevé ».
Les débris du drone sont tombés à proximité de la ville syrienne de Qouneitra. L’armée israélienne n’a pas donc été en mesure de les récupérer, a-t-il précisé.
Le système de missile Patriote a été créé par les Etats-Unis pour intercepter les missiles et les avions. Il a été déployé en Israël depuis les années 1990 mais a servi pour la première fois lors d’un combat mené durant la guerre de Gaza de 2014, lorsqu’une batterie a abattu un engin aérien sans pilote au-dessus du port d’Ashdod.
Israël s’inquiète depuis longtemps des efforts livrés par l’Iran, son ennemi juré, visant à pouvoir s’établir dans le sud de la Syrie, à proximité du plateau du Golan.
Jérusalem craint que la présence iranienne dans la zone ne serve de tremplin aux groupes terroristes qui veulent attaquer Israël à l’avenir.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu aurait négocié avec ses homologues aux Etats-Unis et en Russie l’établissement d’une zone où la république islamique ne pourrait pas s’implanter aux alentours de la frontière, jusqu’à présent en vain.
Au début du mois, des dizaines de milliers de soldats israéliens ont participé à l’exercice militaire le plus important depuis 1998, simulant la guerre contre le Hezbollah pendant 10 jours.
L’exercice a été intitulé « Or HaDagan » en hommage à Meir Dagan, ancien chef du Mossad et général de l’armée israélienne décédé l’année dernière.
La dernière guerre menée par Israël contre le Hezbollah remonte à 2006 à l’occasion de la deuxième guerre du Liban et les tensions restent élevées même si la frontière, au nord, est restée relativement calme depuis.
Cet exercice était considéré comme l’opportunité de régler les échecs ou les failles militaires qui s’étaient révélés pendant la guerre.
Sous la direction de Hassan Nasrallah, le Hezbollah détiendrait un arsenal de 100 000 à 150 000 missiles à courte, moyenne et longue portée et une force d’environ 50 000 soldats, y compris des réservistes.
Même si les officiers débattent souvent d’un conflit futur contre le groupe terroriste comme d’une question de temps – et non de possibilité – l’armée israélienne pense que, pour le moment, le Hezbollah ne s’intéresse pas à une guerre contre Israël en raison de son implication dans la guerre civile syrienne, qui lui a causé des problèmes stratégiques importants.