Hillary Clinton fustige la réaction « injuste » du monde, citant l’antisémitisme comme facteur
La candidate à la présidence américaine soutient les exigences sécuritaires de Netanyahu en Cisjordanie, et appelle à une stratégie américaine « mondiale » pour lutter contre l'extrémisme islamique

L’ancienne secrétaire d’Etat américaine et potentielle candidate à la présidentielle Hillary Rodham Clinton fait montre d’une défense acharnée d’Israël sur sa conduite dans la guerre contre le Hamas, impute la responsabilité ultime et totale des pertes d’enfants et d’autres innocents sur le Hamas, et défend l’insistance du Premier ministre Benjamin Netanyahu pour maintenir le contrôle de la sécurité en Cisjordanie au cours des prochaines années.
Dans une interview publiée dimanche par Jeffrey Goldberg pour The Atlantic, elle exhorte les États-Unis à mener une stratégie « mondiale » pour lutter contre le terrorisme islamique, assimilant cette lutte à celle des États-Unis contre le communisme.
Elle parle de « l’échec » découlant de la décision de l’administration Obama de ne pas soutenir le soulèvement initial contre le président Bachar al-Assad syrien, qui a créé un vide à présent rempli par les djihadistes.
Elle juge l’approche du président Barack Obama en politique étrangère trop prudente.
Sur le conflit actuel contre le Hamas dans la bande de Gaza, Clinton affirme ne pas être « surprise que le Hamas déclenche une nouvelle attaque. »
A la question de savoir si la réaction israélienne est disproportionnée, elle répond : « Israël est attaqué par des roquettes depuis Gaza. Israël a le droit de se défendre.
Les mesures prises par le Hamas pour installer les roquettes, les dispositifs de commandement et de contrôle et des entrées de tunnels dans des zones civiles, complique la réponse d’Israël. Bien sûr, Israël, tout comme les Etats-Unis, ou n’importe quel autre pays démocratique, doit faire tout son possible pour limiter les pertes civiles. Nous observons cette réaction internationale massive contre Israël. Cette réaction est injustifiée et injuste ».
Israël a-t-il fait assez pour limiter les pertes civiles ? Elle répond : « On ne sait pas. Je pense qu’Israël a fait ce qu’il avait à faire pour répliquer aux tirs de roquettes. Et il y a le nombre surprenant de tunnels complexes, et le Hamas a constamment, et pas seulement dans ce conflit, mais par le passé, été moins protecteur de ses civils ».
Pour elle, l’antisémitisme est un facteur de la réaction internationale déloyale contre Israël : « Il y a un certain nombre de facteurs qui entrent en compte. On ne peut jamais écarter l’antisémitisme, en particulier devant ce qui se passe aujourd’hui en Europe. Il y a davantage de manifestations contre Israël en quantité exponentielle que contre la Russie qui s’est emparée d’une partie de l’Ukraine et a abattu un avion civil. Donc, quelque chose d’autre que ce que vous voyez à la télévision entre en jeu. »
Pour elle, le conflit est « parfaitement mis en scène par le Hamas, et l’a toujours été. Ce que vous voyez est en grande partie ce que les journalistes occidentaux sont autorisés à rapporter par le Hamas.
C’est le vieux problème de relations publiques d’Israël. Oui, il y a des niveaux profonds d’antagonisme ou d’antisémitisme envers Israël, parce que c’est un Etat puissant, une armée très efficace.
Et le Hamas se présente comme le défenseur des droits des Palestiniens à avoir leur propre Etat. Ainsi, la bataille des relations publiques penche historiquement à la défaveur d’Israël ».
Clinton déclare la mort de tant d’enfants « effroyable ». au sujet du partage de la responsabilité, elle dit : « Je ne suis pas sûre qu’il soit possible de diviser le blâme, car il est impossible de savoir ce qui se passe dans le brouillard de la guerre. »
« Il ne fait aucun doute dans mon esprit que le Hamas a déclenché ce conflit et qu’il a désiré le faire afin de tirer parti de sa position, après avoir été stoppé par les Egyptiens post-Morsi, après avoir été boudé par le Golfe, après avoir été entraîné dans un gouvernement technocratique avec le Fatah et l’Autorité palestinienne (…). Donc, la responsabilité ultime repose sur le Hamas et les décisions qu’il a prises ».
Elle ajoute : « Cela ne veut pas dire que, tout comme nous essayons de le faire aux États-Unis – être aussi prudents que possible en visant des objectifs tout en évitant les civils – qu’il n’y a pas d’erreurs. Nous en avons fait. Je ne connais pas de nation, peu importe ses valeurs – et je pense que les nations démocratiques ont de meilleures valeurs dans une position de conflit – qui n’a pas fait d’erreurs, mais la responsabilité ultime incombe au Hamas. »
Passant à Binyamin Netanyahu, Clinton affirme qu’elle a vu le Premier ministre « passer d’une opposition à la solution de deux Etats à son soutien ».
« Ce que je dis aux gens est, oui, si j’étais le Premier ministre d’Israël, vous êtes sacrément raison, je m’attendrais à avoir le contrôle sécuritaire [en Cisjordanie], parce que même si j’ai affaire au [président de l’AP] Abbas, âgé de 79 ans, et aux autres membres du Fatah, qui jouissent d’une meilleure qualité de vie, cela ne protège pas Israël d’un afflux du Hamas ou d’attentats transfrontaliers n’importe où ailleurs… »
Elle souligne également qu’elle « ne placerait pas le Hamas dans la catégorie des personnes avec lesquelles nous pourrions travailler. Je ne pense pas que ce soit réaliste, car toute sa raison d’être est la résistance contre Israël, la destruction d’Israël, et il utilise des tactiques et des idéologies très sales, y compris un antisémitisme virulent. Je ne pense pas qu’il devrait en aucune façon être considéré comme un interlocuteur légitime, notamment parce que si vous le faites, cela tourne au désavantage de l’Autorité palestinienne, qui a beaucoup de problèmes, mais qui, historiquement, a modifié sa charte, et s’est éloignée du genre de mouvement de résistance de type guérilla adopté dans les décennies précédentes ».