Iran en Syrie: Un général israélien s’adresse à des ministres étrangers
Le chef du renseignement militaire a déclaré aux ministres de la sécurité en visite que Téhéran ne cherchait pas à soutenir Assad, mais à attaquer Israël
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
Le chef du renseignement militaire a révélé une carte des bases iraniennes présumées en Syrie à un groupe de responsables étrangers de la sécurité mercredi, notant qu’elles n’étaient pas situées à proximité des lieux de combats entre le régime syrien et les groupes rebelles, selon une vidéo du discours divulgué aux actualités de la télévision israélienne.
Le major-général Tamir Hyman a dit aux ministres de la Sécurité intérieure en visite que le but de ces bases iraniennes était d’établir une présence en Syrie afin de menacer l’État d’Israël, et non d’aider le dictateur syrien Bashar el-Assad.
« Vous pensez probablement que c’est parce qu’ils essaient d’aider le régime d’Assad à combattre les extrémistes, à combattre le terrorisme. Eh bien, préparez-vous à une surprise : dans tous ces endroits sur la carte, il n’y a pas eu de combats depuis quinze jours », a déclaré M. Hyman, selon l’enregistrement diffusé mercredi soir par le journal télévisé israélien Kan.
Le général a tenu ses propos lors d’une conférence sur la sécurité intérieure qui s’est tenue à Jérusalem cette semaine, à l’invitation du ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan.
Les images, apparemment filmées en cachette par un participant, n’étaient pas d’une qualité suffisante pour déterminer l’emplacement exact des bases iraniennes, mais elles ont été diffusées dans tout le pays.
M. Hyman, qui est devenu chef du renseignement militaire en mars, a noté qu’à ce stade, la victoire d’Assad dans la guerre civile syrienne dévastatrice est pratiquement garantie, mais ses alliés, les Iraniens, ne semblent pas se préparer à quitter la région.
« Il n’y a pas de menace réelle pour Assad, alors pourquoi restent-ils là-bas ? a dit le général, s’exprimant en anglais.
« S’ils avaient voulu aider le régime », a ajouté Hyman, Assad pouvait maintenant leur dire « au revoir et merci ».
Au lieu de cela, le dictateur syrien a déclaré que la présence de l’Iran dans le pays n’est pas négociable, la Russie et les États-Unis tentant de négocier un règlement ou un cessez-le-feu pour la guerre civile syrienne, au cours de laquelle environ un demi-million de personnes ont été tuées et près d’un million ont été déplacées.
La relation entre la Syrie et l’Iran « ne fera partie d’aucun règlement » et n’est « pas dans le bazar international », a déclaré M. Assad à la télévision iranienne Al Alam TV mercredi soir.
Le dictateur a répété une affirmation souvent entendue par des responsables syriens et iraniens que Téhéran n’a pas de bases militaires en Syrie. Les responsables de la défense israéliens, arabes et occidentaux le réfutent régulièrement comme étant un non-sens.
Selon Hyman, l’Iran se concentre sur l’établissement d’un réseau militaire avec lequel il peut menacer d’attaquer Israël.
« [Les Iraniens] tentent d’accroître leurs efforts pour créer la capacité de lancer des roquettes et d’établir des cellules terroristes qui peuvent entrer en Israël et nuire aux villages du plateau du Golan », a dit le général.
« Personne n’a remarqué l’expansion régionale de l’Iran [au Moyen-Orient]. L’Iran exploite cette situation alors que tous les autres pays du monde se concentrent sur autre chose et étend son réseau terroriste », a-t-il dit.
Hyman a également fait référence à l’affrontement entre Israël et l’Iran en Syrie le 10 mai, au cours duquel Israël affirme que les forces iraniennes ont lancé 32 roquettes sur la ligne défensive avancée d’Israël le long de la frontière avec la Syrie sur le plateau du Golan.
Selon Israël, quatre des roquettes entrantes ont été abattues ; les autres n’ont pas atteint le territoire israélien. En réponse, dans les deux heures qui ont suivi, des avions de chasse israéliens ont tiré des douzaines de missiles sur des cibles iraniennes en Syrie et détruit un certain nombre de systèmes de défense aérienne syriens.
Il s’agissait de l’affrontement militaire le plus grave entre les deux ennemis jurés à ce jour.
Hyman a qualifié l’attaque de l’Iran « d’échec total, sur le plan opérationnel », mais a déclaré que Téhéran y voyait néanmoins un « grand succès » puisqu’il a été capable de lancer ses roquettes et de forcer Israël à ouvrir des abris anti-aériens dans le nord.
Le mois dernier, M. Hyman a accompagné le ministre de la Défense Avigdor Liberman lors d’une visite de travail en Russie afin de rencontrer leurs homologues russes dans le cadre des efforts diplomatiques en cours d’Israël pour obtenir un retrait iranien de la Syrie.