Isaac Herzog aux manifestants : « Le kahanisme doit être éliminé du gouvernement »
Quelques militants réunis ont exhorté le président, devant sa résidence située à Tel Aviv, à s'opposer aux "dangers pour la démocratie", notamment aux élus d'extrême droite
Le président Isaac Herzog s’est entretenu samedi avec un groupe restreint mais bruyant de militants qui manifestaient à proximité de sa résidence située au nord de Tel Aviv, convenant avec eux que les éléments extrémistes devaient être écartés du gouvernement actuel, alors qu’ils lui reprochaient de ne pas en faire assez, selon eux, pour sauvegarder la démocratie israélienne.
Alors que le président se tenait entouré d’agents de sécurité et portait un tallit et des livres de prières, manifestement en route pour se rendre à la synagogue, l’un des militants a crié : « Vous êtes le président d’un gouvernement kahaniste, vous devriez vous en indigner ! »
Les manifestants faisaient référence au ministre ultra-nationaliste de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui est un disciple de feu le rabbin raciste Meïr Kahane, fondateur du parti Kach, aujourd’hui interdit, qui prônait l’expulsion des Arabes d’Israël.
« Évidemment que le kahanisme doit être éliminé du gouvernement », a répondu Herzog.
Une vidéo de l’incident diffusée sur les réseaux sociaux montre un petit groupe de militants interrompant constamment le président et parlant plus fort que lui alors qu’il essayait de faire part de ses efforts pour encourager l’unité au sein de la société israélienne, au milieu de la guerre en cours menée contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Lorsque les manifestants lui ont demandé de qualifier les membres d’extrême droite du gouvernement, et particulièrement Ben Gvir, de « danger pour la démocratie », Herzog a rétorqué qu’il ne s’exprimait que lorsqu’il le jugeait nécessaire, comme il l’avait fait l’année dernière dans le cadre de la refonte controversée du système judiciaire impulsée par le gouvernement Netanyahu – gelée suite au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël.
הבוקר בצהלה: נשיא המדינה יצחק הרצוג מתבכיין שבכלל עושים לו עוול! (רחמים). לדבריו הוא הנשיא של כולם, והוא לא אמור לנקוט עמדה.
לא אמור לנקוט עמדה מוסרית, בזמן שממשלת חניבעל מקריבה למוות 115 חטופים ישראלים, מחסלת את הדמוקרטיה, את הכלכלה ואת הביטחון, מאפשרת למחבלים יהודים לבצע… pic.twitter.com/VTyRVLNaZN
— Nava Rozolyo נאווה רוזוליו (@rozolyo) August 17, 2024
« Excusez-moi, [mais] vous n’avez pas vu ce qui s’est passé à Jit ? », a demandé l’un des manifestants, en référence au village de Cisjordanie où un Palestinien a été tué jeudi soir au milieu d’un violent déchaînement de résidents d’implantations extrémistes, le dernier en date d’une série d’attaques en Cisjordanie contre des Palestiniens.
« On s’occupe de Jit », a répondu Herzog, en condamnant cet incident jugé d’une « extrême gravité ». Toutefois, a déclaré le président, il ne faut pas oublier que sur le « demi-million de citoyens israéliens » qui vivent dans les implantations de Cisjordanie, « 99 % sont respectueux de la loi ».
Il a indiqué aux manifestants qu’il croyait en « l’État d’Israël, en la société israélienne et en la démocratie israélienne ».
« Et la démocratie israélienne gagnera », a ajouté le président.
Les manifestants ont fait fi de l’insistance d’Herzog sur le fait qu’il représente l’ensemble du peuple israélien et qu’il a appelé à maintes reprises à l’unité, aux cris de « Et alors ! ».
Lors d’une accalmie de quelques secondes où certains militants ont fait taire le reste de la foule, Herzog a répété qu’il rencontrait chaque jour les familles des otages détenus par le Hamas à Gaza, ainsi que des Israéliens endeuillés.
« Vous ne cherchez qu’à me faire de la peine », a-t-il lancé à la foule.
La guerre a éclaté lorsque quelque 3 000 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre, tué près de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle.
Les parents des otages encore détenus à Gaza, ainsi que des militants anti-gouvernement, manifestent régulièrement devant les domiciles de hauts fonctionnaires depuis lors, afin de pousser à la conclusion d’un accord de « trêve contre libération d’otages » et d’appeler à des élections législatives anticipées et à l’éviction du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son gouvernement.