Israël avance des plans pour 5 700 nouveaux logements dans les implantations
Les 13 082 logements avancés en 2023 sont plus nombreux que le précédent record de 12 159 logements, qui avaient été autorisés sous Trump
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Les autorités israéliennes ont avancé des plans pour quelque 5 700 nouveaux logements dans les implantations lundi, pulvérisant en seulement six mois le record du plus grand nombre de logements pour les Juifs en Cisjordanie autorisés en une seule année.
Les 13 082 logements qui ont été avancés à travers deux étapes majeures de planification jusqu’à présent en 2023 sont plus nombreux que le précédent record de 12 159 logements, qui ont été autorisés en 2020 lorsque Donald Trump était président des États-Unis. Son administration avait proposé un plan de paix qui envisageait l’annexion par Israël de toutes ses implantations en Cisjordanie.
Parmi les projets avancés lundi par l’organe du ministère de la Défense qui autorise la construction en Cisjordanie figuraient ceux légalisant rétroactivement trois avant-postes illégaux proches de l’implantation Eli.
Nof Harim, Hayovel et Palgei Mayim sont des avant-postes construits illégalement en 1998 et 1999, sans autorisation gouvernementale et en violation de l’usage prévu pour les terres sur lesquelles ils ont été construits. Néanmoins, la sous-commission de planification de l’administration civile a donné son feu vert à la construction de 754 nouveaux logements dans ces trois avant-postes.
La semaine dernière, Eli a été le théâtre d’une fusillade terroriste qui a coûté la vie à quatre Israéliens, déclenchant plusieurs jours d’attaques de représailles en Cisjordanie et des opérations visant à établir de nouveaux avant-postes. Après l’attentat, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a promis qu’Israël renforcerait son ancrage en Cisjordanie en réponse à la fusillade.
La plupart des projets présentés lundi ont franchi l’étape de la planification appelée « dépôt », mais 818 maisons ont reçu l’approbation finale de la planification, qui est requise avant que la construction puisse commencer. Il s’agit notamment d’un projet de 359 nouveaux logements dans l’implantation d’Elkana, au nord de la Cisjordanie, et d’un projet de 381 nouveaux logements dans l’implantation voisine de Revava.
809 autres logements pour l’implantation d’Eli ont franchi l’étape du dépôt, ainsi que 714 logements pour Givat Zeev, 340 pour Maale Adumim, 312 pour Beitar Illit, 310 pour Adora, 264 pour Etz Efraim et 152 pour Maale Amos. La plupart de ces logements seront situés plus près de la Ligne verte.
Le nombre de logements approuvés lundi est inférieur aux 4 427 logements approuvés en 2022, lorsqu’un gouvernement d’union plus modéré était au pouvoir et disposé à tenir compte de la position de l’administration Biden qui s’opposait à un renforcement de la présence d’Israël en Cisjordanie.
Interrogé sur ces autorisations lors d’un point de presse plus tard lundi, le porte-parole du département d’État américain, Matt Miller, a déclaré que « les implantations sont un obstacle à une solution négociée à deux États selon les lignes de 1967, ce qui, en fin de compte, nous semble être le meilleur moyen de résoudre le conflit israélo-palestinien. »
Les États-Unis ont mis en garde Israël contre l’avancement du dernier lot de maisons d’implantation, après que Jérusalem a annoncé son intention de le faire la semaine dernière. L’annonce du 18 juin a conduit le Maroc à annuler son projet d’accueillir le deuxième sommet ministériel du Forum du Néguev le mois prochain. Deux pays avec qui Israël n’a pas de liens diplomatiques auraient dû participer au Forum.
Mais le gouvernement israélien, le plus à droite de l’Histoire d’Israël, compte un nombre important de partisans idéologiques du mouvement d’implantation – même si le Premier ministre Benjamin Netanyahu affirme que son objectif principal est de conclure un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite.
Le gouvernement Netanyahu a également adopté une résolution qui confère au ministre des Finances Bezalel Smotrich, lui-même résident d’implantation et ardent défenseur du mouvement nationaliste, la quasi-totalité du contrôle de l’approbation des plans de construction dans les implantations de Cisjordanie. Cette décision accélère et facilite considérablement le processus d’extension des implantations existantes en Cisjordanie et la légalisation rétroactive de certains avant-postes illégaux.
La semaine dernière, un fonctionnaire américain a déclaré au Times of Israel que l’avancée des implantations « entachait » les efforts visant à obtenir un tel accord de normalisation, Ryad étant toujours déterminé à utiliser l’accord pour faire progresser la souveraineté palestinienne.
C’est la deuxième fois que la commission du ministère de la Défense se réunit pour autoriser de nouvelles constructions depuis l’entrée en fonction du gouvernement Netanyahu le 29 décembre dernier. Il se réunit généralement entre deux et quatre fois par an.
L’avancement de 7 349 logements en février a suscité un tollé international et une déclaration commune de condamnation du Conseil de sécurité des Nations unies.
L’organisme de surveillance des implantations La Paix Maintenant a déclaré lundi que les dernières approbations « montrent clairement que le gouvernement se précipite tête baissée vers un coup d’État d’annexion, transformant Israël en un État d’apartheid ».
L’organisme Yesha, qui coordonne les maires des implantations, a remercié le gouvernement pour ces approbations et les a qualifiées de « réponse sioniste appropriée » aux récentes attaques terroristes palestiniennes.
La communauté internationale, tout comme les Palestiniens, considère que la construction d’implantations est illégale ou illégitime, et qu’elle constitue un obstacle à la paix. Plus de 700 000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, territoires conquis par Israël en 1967 et que les Palestiniens souhaitent voir s’installer dans leur futur État.
« Le gouvernement Netanyahu poursuit son agression et sa guerre ouverte contre le peuple palestinien », a déclaré Wassel Abu Yousef, un responsable palestinien en Cisjordanie. « Nous affirmons que tout colonialisme dans tous les territoires palestiniens occupés est illégitime et illégal. »
L’administration Biden critique de plus en plus ouvertement les politiques liées aux implantations d’Israël. Au début du mois, le secrétaire d’État Antony Blinken a qualifié les implantations d' »obstacle à l’horizon d’espoir que nous recherchons », dans un discours prononcé devant le groupe de lobbying pro-israélien AIPAC.
Malgré ces critiques, les États-Unis n’ont guère pris de mesures à l’encontre d’Israël. Signe de son mécontentement, la Maison Blanche n’a pas encore invité Netanyahu à une visite, comme il est d’usage à la suite des élections israéliennes.
Cette semaine, les États-Unis ont déclaré qu’ils ne transféreraient pas de fonds à des institutions israéliennes pour des projets de recherche scientifique et technologique en Cisjordanie. La décision a rétabli une politique de longue date qui avait été annulée par l’administration Trump pro-implantation.
Avant le vote de lundi, le ministre Yitzhak Wasserlauf, membre du parti d’extrême droite Otzma Yehudit, a minimisé les désaccords avec les États-Unis.
« Je pense que l’alliance avec les États-Unis sera maintenue », a-t-il déclaré à la radio de l’armée. « Il y a des désaccords ; nous savions comment les gérer dans le passé. »
Simcha Rothman, un autre membre d’extrême droite de la coalition gouvernementale, a accusé l’administration Biden d’avoir une « obsession pathologique » pour le gouvernement israélien.
Jeremy Sharon a contribué à cet article.