Jérusalem: L’UE fustige le « tourisme de colonisation » près de la Vieille Ville
Selon The Guardian, l’UE juge que des fouilles de la Cité de David et le tramway risquaient de transformer le patrimoine mondial de Jérusalem en un parc à thème commercial
Un rapport de l’Union européenne a fustigé Israël pour le développement du tourisme dans et autour de la Vieille Ville de Jérusalem.
Le rapport des chefs de mission de l’UE à Jérusalem, divulgué par le quotidien britannique The Guardian, décrit les sites archéologiques dans et autour de la Vieille Ville, y compris celui de la Cité de David à Silwan, et le projet de tramway qui relierait la Première Gare au mont Sion et à la porte des Maghrébins, « comme un outil politique afin de modifier le récit historique et de soutenir, légitimer et étendre les colonies ».
Ce « récit historique » auquel le rapport fait référence et qu’Israël tente de développer se baserait sur une revendication de la « continuité historique de la présence juive dans la région, au détriment des autres religions et cultures ».
« Jérusalem-Est est le seul endroit où des parcs nationaux israéliens sont déclarés dans des quartiers habités », rapporte le Guardian, citant le rapport, faisant référence à la croissance et au développement du site de la Cité de David sur les premières zones de peuplement connues de l’ancienne Jérusalem.
Les critiques affirment que le développement de ce lieu, une destination touristique populaire située dans le quartier arabe de Silwan, fait partie d’un processus de relogement des résidents palestiniens dans la région.
Le rapport accuse l’organisation Elad, qui gère le site de la Cité de David, de promouvoir « un récit exclusivement juif, tout en détachant l’endroit de son environnement palestinien ».
Le projet de tramway, qui devrait être opérationnel en 2020, reliera le complexe de la Première Gare à la porte des Maghrébins, dans la Vieille Ville – l’entrée principale pour le mur Occidental – et permettrait de faciliter la circulation dans le dédale des rues étroites de la Vieille Ville. Ainsi, les visiteurs parcouraient la route de 1,5 kilomètre à vol d’oiseau en seulement 3 minutes et demie.
En mars, le ministère du Tourisme a indiqué que le tramway compterait trois arrêts – la Première Gare, le mont Sion et la porte des Maghrébins.
Le tramway n’entrerait ni dans la Vieille Ville et ne se déplacerait pas le long des murs de la Vieille Ville, mais s’arrêterait juste en face, a déclaré l’année dernière Yariv Levin, ministre du Tourisme, affirmant que le projet devait faciliter l’accès à la Vieille Ville et à ses lieux saints.
« L’infrastructure touristique est tellement en retard », a-t-il déclaré. « La Vieille Ville et le bassin de la Vieille Ville [la ceinture de terre autour de la Vieille Ville] ne sont pas accessibles. Il n’y a pas de parking pour les bus et pas de bon réseau de transport public. »
Les autorités s’attendent à ce que jusqu’à 25 000 visiteurs utilisent le système les jours de pointe.
Les diplomates de l’UE ont averti dans leur rapport que le tramway, « hautement controversé », contribuerait, selon les termes du Guardian, à la consolidation des « colonies touristiques ». Le projet viserait également, « dans une seconde phase qui n’a pas encore été approuvée, à étendre Jérusalem-Est ».
Le rapport ajoute : « Les critiques ont décrit le projet comme transformant le patrimoine mondial de Jérusalem en un parc à thème commercial tandis que les résidents palestiniens locaux sont absents du récit offert aux visiteurs. »
Le rapport, publié chaque année par les diplomates de l’UE basés à Jérusalem, a également soutenu, selon les termes du Guardian, que « la situation générale dans la ville et les perspectives de paix s’étaient détériorées ».
Selon le journal – qui n’a pas publié le texte exact du rapport –, « un nombre record de propositions de colonies israéliennes et l’isolement physique des Palestiniens soumis à un strict régime de permis israélien signifiaient que la ville avait cessé d’être le centre économique, urbain et commercial qu’elle était. »