Jérusalem, menacée par le tourisme de masse ?
Jérusalem pourrait être menacée par le tourisme de masse, alors que le projet controversé de téléphérique vers le mur Occidental de la Vieille Ville a été validé le mois dernier
Jérusalem pourrait être menacé par le tourisme de masse, a rappelé dans un court reportage la chaîne Arte, alors que le projet controversé de téléphérique vers le mur Occidental de la Vieille Ville a été validé le mois dernier.
« Soutenu par le gouvernement israélien, un projet de téléphérique scandalise les gardiens du patrimoine et les Palestiniens de Jérusalem-est. Car une quinzaine de pylônes doit être érigée en plein cœur d’une zone archéologique et le terminus est situé dans un quartier de colonisation. Une procédure est en cours devant la Cour suprême israélienne pour l’annulation du projet », a écrit la chaine.
Le téléphérique est présenté comme une attraction touristique, mais également comme une solution aux embouteillages et à la pollution dans les murs de la Vieille Ville.
Jusqu’à 3 000 personnes par heure pourront ainsi être transportées pendant les heures de pointe dans les 72 cabines de 10 personnes qui relieront l’Ancienne gare à la porte des Maghrébins, près du mur Occidental.
Les téléphériques passeront par le quartier d’Abu Tor avant de survoler la Vallée Hinnom pour effectuer un arrêt au mont Sion. Ils continueront ensuite au-dessus du village palestinien de Silwan jusqu’à leur destination finale – le Centre Kedem qui doit encore être construit – un énorme complexe de plusieurs étages que la Fondation de la Ville de David prévoit de construire au sommet du parking Givati, à proximité de la porte des Maghrébins, juste devant les murs de la Vieille Ville.
Architectes, universitaires, experts de l’environnement et guides touristiques ont toutefois décrié ce projet. Ils estiment qu’il a été mal pensé, digne d’un parc d’attractions, et que les 15 pylônes détruiront le panorama historique des murailles de la Vieille Ville de Jérusalem – inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO – et ne résoudra pas réellement les problèmes de circulation.
À cet effet, un groupe d’archéologues, d’architectes et de chercheurs a déposé un recours devant la Cour suprême aux côtés de l’association Emek Shaveh afin de bloquer le projet.
Ils avancent l’argument qu’un gouvernement de transition n’était pas autorisé à valider un tel projet et que les projections sur l’impact visuel du téléphérique n’étaient pas réalistes, a rapporté le quotidien Haaretz. Ils affirment qu’il va contribuer à la « Disneyfication » de la zone entourant le quartier.
En outre, selon le recours déposé, alors que le projet a été présenté comme visant à aider à résoudre les problèmes de transports dans la capitale, le ministère des Transports n’a pas été consulté.
« C’est comme si le ministère du Tourisme décidait de mettre en place un hôpital de tourisme médical sans consulter le ministère de la Santé dans le processus de construction », pouvait-on lire dans le recours.
Les signataires du recours incluent les lauréats du Prix Israël, le professeur Amihai Mazar et le professeur Arnon Ben-Tor, ainsi que le professeur Benjamin Z. Kedar, ancien président de l’Autorité des Antiquités d’Israël.
Le recours a été déposé après qu’une commission gouvernementale a donné son autorisation finale au lancement du projet. Le ministre des Finances Moshe Kahlon a déclaré que le projet avait reçu le feu vert de la commission ministérielle de l’urbanisme, de la construction, de la terre et du logement, connu sous le nom de Cabinet d’urbanisme, qu’il préside.
Le projet est fortement soutenu par le ministre du Tourisme Yariv Levin et le maire de Jérusalem Moshe Lion.