Israël en guerre - Jour 338

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Opinion

Jour 5 de la guerre : l’État d’Israël intériorise l’horreur, conscient de jouer sa survie

Comme l'a souligné le discours de Biden, ce qui a commencé samedi n'était pas, dans "son mal absolu", une attaque tactique du Hamas - mais le début d'un effort stratégique visant à détruire l'État juif

David est le fondateur et le rédacteur en chef du Times of Israel. Il était auparavant rédacteur en chef du Jerusalem Post et du Jerusalem Report. Il est l’auteur de « Un peu trop près de Dieu : les frissons et la panique d’une vie en Israël » (2000) et « Nature morte avec les poseurs de bombes : Israël à l’ère du terrorisme » (2004).

Un soldat de Tsahal dans un tank Merkava dans une zone de rassemblement en Haute-Galilée, près de la frontière nord d'Israël avec le Liban, le 11 octobre 2023. (Crédit : Jalaa MAREY / AFP)
Un soldat de Tsahal dans un tank Merkava dans une zone de rassemblement en Haute-Galilée, près de la frontière nord d'Israël avec le Liban, le 11 octobre 2023. (Crédit : Jalaa MAREY / AFP)

1. Une bataille pour la survie : La pleine envergure des horreurs vécues par un nombre considérable d’Israéliens vivant près – ou pas si près – de la frontière avec Gaza, un jour de Shabbat, ne commence à pleinement s’éclaircir que maintenant.

Ou peut-être ne nous autorisons-nous que maintenant à reconnaître sans réserve ce qui est arrivé.

Et peut-être a-t-il fallu le président américain Joe Biden, observateur lointain, pour le mettre en mots – pour les Américains, pour le monde mais, bien sûr et c’est plus important, pour nous – pour mettre en mots toute l’ampleur de la catastrophe, toute l’inhumanité de notre ennemi.

Horrifié mais résolu à cataloguer ce qui s’est abattu sur notre nation et sur notre peuple, il a rendu l’atroce vérité inéluctable :

« Plus de 1 000 civils massacrés… Des parents assassinés, qui se servaient de leur corps pour tenter de protéger leurs enfants. Des informations terribles font état de bébés tués. Des familles entières décimées. Des jeunes abattus alors qu’ils assistaient à un festival musical célébrant la paix … Des femmes violées, frappées, exhibées comme des trophées… Des nourrissons dans les bras de leur mère, des grands-parents en fauteuil roulant, des survivants de la Shoah enlevés et retenus en otages… »

Il a rendu impossible pour ceux qui s’identifient au Hamas, à ses partenaires et à ses soutiens, la revendication d’une quelconque moralité. « Le Hamas ne défend pas le droit du peuple palestinien à la dignité et à l’autodétermination. Son objectif déclaré est l’anéantissement de l’État d’Israël et le meurtre du peuple juif. Ils utilisent les civils palestiniens comme boucliers humains. Le Hamas ne propose que terreur et effusion de sang, sans se soucier de savoir qui en paie le prix », a-t-il ajouté.

Mais il a aussi fait comprendre, à un grand nombre d’entre nous qui avons encore du mal à appréhender la dimension du défi que nous affrontons, que ce qui a commencé samedi matin n’était pas, dans son « Mal absolu », une attaque tactique du Hamas qui aura réussi à duper un leadership complaisant ou à franchir une frontière qui s’est révélée être d’une inadéquation confinant au grotesque. C’était le lancement, en définitive, d’un effort stratégique minutieusement planifié dont l’objectif est la destruction du pays.

Le président Joe Biden s’exprimant sur la guerre entre Israël et le Hamas dans la salle à manger d’État de la Maison Blanche, à Washington, le 10 octobre 2023. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Presque tous les mots de son allocution – une combinaison de franc-parler, de sagesse, de solidarité (à notre égard) et de réquisitoire (à l’encontre de nos meurtriers et de tous ceux qui les soutiennent) – étaient bien choisis. Mais son discours a souligné de manière cruciale que l’enjeu était une bataille pour la survie qui vient tout juste de débuter.

2. La « pieuvre » : Au niveau tactique, le Hamas et ses alliés terroristes à Gaza continuent à désorienter Israël par des tirs continus de roquette, et des hommes armés continuent à surgir ça et là dans le sud du territoire israélien.

Mais au niveau stratégique, l’Iran « la pieuvre », pour reprendre les mots de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, orchestre ce qui, espère Téhéran, se transformera en une victoire multidimensionnelle sur de multiples fronts.

Les attaques intermittentes, à la frontière nord, exigent de l’armée qu’elle alloue des ressources sur ce front où le Hezbollah déploie des moyens militaires – notamment des roquettes et des missiles de précision qui peuvent atteindre tout le territoire israélien. Le groupe terroriste est prêt et il attend le signal de Téhéran.

En Cisjordanie, où le Hamas bénéficie depuis longtemps d’une plus grande popularité que l’Autorité palestinienne, les mises en garde concernant d’éventuels attentats terroristes atteignaient déjà un niveau record dans les jours et dans les semaines qui ont précédé le carnage de samedi. Et le terrorisme en Cisjordanie, pour les ennemis d’Israël, apporte la « valeur ajoutée » d’être susceptible d’attiser les violences des extrémistes du mouvement pro-implantation à l’encontre des Palestiniens, sapant la cause d’Israël, plaçant davantage de pressions sur l’armée et approfondissant l’amertume intra-juive.

Le guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei, à droite, rencontre le bras droit du chef du Hamas, Saleh al-Arouri, deuxième à gauche et une délégation du Hamas à Téhéran, le 22 juillet 2019. (Crédit : Office of the Iranian Supreme Leader via AP)

En avançant l’argument ostensible de la défense de la mosquée al-Aqsa, à Jérusalem, face à nous, les infidèles juifs, l’Iran, le Hamas et les autres tentent en permanence de faire naître les violences à Jérusalem-Est et sur le territoire israélien – il faut s’attendre à ce qu’ils renforcent encore ces efforts, notamment en disséminant des contenus incendiaires (les plus mensongers seront les meilleurs de tous) par le biais des réseaux sociaux.

L’Iran se donne également beaucoup de mal à combattre Israël dans le cyberespace, mobilisant des technologies pour compromettre les communications à tous les niveaux, à une période où les défenseurs se doivent de manœuvrer sans relâche pour conserver les agresseurs en respect.

3. Clarté de jugement : Il y a eu un grand nombre de débats d’experts, au cours des deux ou trois derniers jours, consacrés à ces dangers, notamment des querelles portant sur le caractère judicieux – ou inconsidéré selon les points de vue – d’initier, pour Israël, des hostilités de l’autre côté de la frontière nord plutôt que de se presser à la défendre une fois encore.

L’évaluation la plus crédible à ce jour est que le régime de l’Iran, qui veut l’élimination d’Israël et qui ne s’en cache pas, n’a pas, pendant des années, armé formé et inspiré le Hezbollah sans avoir l’intention, le jour venu, de l’activer.

Ce que tout le monde reconnaît aussi, c’est que ce qui se joue dans le nord pourrait dépendre de l’efficacité de la réaffirmation des capacités de dissuasion d’Israël à Gaza, et de l’étendue du soutien américain. En ce qui concerne ce dernier, d’autres passages du discours prononcé par le président des États-Unis sont lourds de conséquences, et notamment ce qui suit : « Permettez-moi de le répéter : à tout pays, à toute organisation, quiconque envisage de profiter de cette situation, je n’ai qu’un mot à dire : ne le faites pas. Ne le faites pas. »

Des soldats israéliens sur un char dans une zone de transit de Tsahal près de la frontière israélienne avec Gaza, le 31 juillet 2014 (Crédit : Miriam Alster / Flash90)

Alors que l’armée de l’air a commencé à chercher à annihiler les capacités terroristes à Gaza depuis les cieux, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a juré qu’Israël – comme le pays doit le faire – rendra le Hamas dans l’impossibilité de représenter à nouveau une menace militaire.

Difficile d’imaginer qu’un tel objectif pourra être atteint sans opération terrestre. Mais si tel est le cas, Israël doit savoir que le Hamas a la certitude de pouvoir survivre à toute attaque aérienne et qu’il peut être déjà prêt à affronter les forces terrestres, attendant leur arrivée. Le groupe terroriste veut croire qu’il est en train d’attirer Israël dans un piège.

C’est un impératif de grande urgence d’affaiblir en profondeur le Hamas, d’afficher des prouesses militaires de manière à dissuader l’Iran et ses groupes mandataires sur les autres fronts, et de commencer à réparer la confiance ébranlée que portent les Israéliens à l’aptitude des militaires et de nos dirigeants politiques à nous protéger fondamentalement. Mais une offensive terrestre qui ne serait pas bien préparée, qui serait mal définie ne déboucherait, bien entendu, que sur le risque d’obtenir très précisément le contraire.

4. La guerre psychologique : Dupée par le Hamas dans la période qui a précédé la guerre, depuis des années, et incroyablement tardive (cela a été en particulier le cas de l’armée de l’air) dans sa réponse quand elle a commencé, l’armée israélienne a le sentiment qu’elle commence dorénavant à retrouver son efficacité et les hauts-responsables militaires répètent qu’elle peut gagner cette guerre, qu’elle la gagnera et qu’elle regagnera également la confiance de la population. Les Israéliens lambdas qui composent l’armée de notre peuple – qui se sont rendus en hâte dans leurs unités à un chiffre bien plus élevé que ceux, nombreux, qui avaient été rappelés par Tsahal – sont déterminés à triompher. Avec, par exemple, les manifestants dénonçant le plan de refonte du système judiciaire, Brothers in Arms, et leurs détracteurs les plus féroces, dorénavant côte à côte.

Et là aussi, le Hamas et son chef d’orchestre, l’Iran, œuvreront insidieusement à porter atteinte à la psyché nationale et au moral de la nation.

Des Palestiniens emmènent un civil israélien kidnappé, au centre, du kibboutz de Kfar Aza vers la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Hatem Ali/AP)

En plus du bilan insupportable des morts, de ces vies qui se sont achevées de manière si méprisable, il y aurait environ 150 otages israéliens détenus à Gaza – 150 dont les vies sont encore en péril. Nos ennemis utiliseront chaque once d’influence et de souffrance de ces « atouts », torturant leurs proches et la nation, faisant tout ce qui sera possible pour saper notre unité et pour mettre à mal notre résilience.

Des terroristes palestiniens enlèvent une civile israélienne, au centre, identifiée plus tard comme étant Yaffa Adar, âgée de 85 ans, du kibboutz Kfar Azza pour la conduire dans la bande de Gaza, le 7 octobre 2023 (Crédit : AP Photo/Hatem Ali)

5. Nazis. Dans l’entretien téléphonique qui a eu lieu mardi entre le chef de gouvernement israélien et Biden, avant que ce dernier ne prononce son discours, le Premier ministre a déclaré au président américain, selon le bureau de Netanyahu, que « jamais nous n’avions assisté à une telle sauvagerie dans toute l’Histoire de l’État », ajoutant « jamais nous n’avions assisté à une telle sauvagerie depuis la Shoah ».

« Ils ont rassemblé des dizaines d’enfants, ils les ont attachés, ils les ont brûlés et ils les ont exécutés. Ils ont décapité des soldats ; ils ont décimés ces jeunes venus à un festival de musique électronique, vous savez, ils ont placé cinq jeeps autour de ce creux dans le sol et comme à Babi Yar, ils les ont décimés en s’assurant que tout le monde avait été tué « .

C’est ce que nous devons affronter.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu parle au téléphone avec le président américain Joe Biden, le 10 octobre 2023. (Capture d’écran/GPO)

Comme l’a dit Biden, « Depuis 75 ans, Israël est le garant ultime de la sécurité du peuple juif dans le monde entier, afin que les atrocités du passé ne puissent plus jamais se reproduire. »

Eh bien, ces atrocités ont commencé une nouvelle fois à se produire.

Le leader du monde libre promet d’aider à garantir qu’Israël « aura ce dont il a besoin pour s’occuper de ses citoyens, pour se défendre et pour répondre à cette attaque ».

Il a aussi défini le défi dans ses termes américains et mondiaux – sachant que pour l’Iran des ayatollahs, Israël n’est que le petit Satan et que l’Amérique est le grand Satan, la cible ultime de son idéologie vorace. « Il ne s’agit pas de parti ou de politique », a dit Biden. « Il s’agit de la sécurité de notre monde, de la sécurité des États-Unis d’Amérique. »

Nos dirigeants sont conscients de l’envergure du défi – même si Netanyahu s’est  montré déraisonnablement lent à former un gouvernement d’unité d’urgence, un gouvernement qui a finalement été annoncé mercredi en fin d’après-midi. L’unité, au sommet, apportera plus de sagesse, plus d’expérience à la prise de décision et, plus important encore, donnera le signal que les leaders se sont unis de la même manière que la population l’a fait avec détermination dans tous les domaines imaginables de l’assistance mutuelle.

Des civils israéliens emballent des dons de nourriture et d’autres produits de première nécessité pour les soldats israéliens et les citoyens dans le sud, à Tel Aviv, le 9 octobre 2023. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Les horreurs de samedi n’ont été que le début. Nous pouvons traverser cela et nous le traverserons – dans la mesure où nous ne sous-estimerons pas le danger et dans la mesure où nous saurons mettre de côté nos différences internes.

Le pays a offert le spectacle étonnant d’un tour de force en matière de volonté, d’aptitude, d’initiative et de résilience. Nous avons surmonté l’adversité et nous avons continué à prospérer, pendant toute notre vie moderne, dans un environnement d’hostilité inépuisable. Nous avons des ressources humaines hors-pair. Et nous avons des capacités militaires invulnérables lorsqu’elles sont mobilisées avec efficacité.

Comme Biden l’a rappelé – pour la énième fois, mais jamais cela n’avait eu autant de résonance – Golda Meir lui avait dit, à la veille de Yom Kippour : « Nous n’avons nulle part ailleurs où aller ».

Des soldats préparant des kits médicaux pour les distribuer aux soldats de réserve, 10 octobre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

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