« Kahaniste », « fantasme du Hamas » : échange d’insultes entre Gantz et Bennett
Le dirigeant du parti Kakhol lavan réprouve son homologue de HaYamin HaHadash, qu'il accuse d'avoir comparé la Cour suprême au groupe terroriste du Hamas
Le dirigeant de HaYamin HaHadash, Naftali Bennett, a répliqué à Benny Gantz mercredi après que celui-ci l’a qualifié de « kahaniste, » en affirmant que les membres du Hamas voteraient pour le chef de Kakhol lavan.
« Gantz est le fantasme des membres du Hamas, et si le Hamas avait le droit de voter, ils choisiraient Benny Gantz, le général de l’hésitation, » a attaqué le ministre de l’Éducation.
Naftali Bennett a régulièrement accusé Gantz, un ancien chef d’état-major de l’armée, et son allié Moshe Yaalon, ministre de la Défense de l’époque, d’avoir mis en danger Israël avec leur stratégie pendant la guerre de Gaza en 2014.
Le ministre a également réitéré son affirmation selon laquelle Gantz a consciemment mis en péril la vie de ses soldats, accusant Gantz d’avoir fait preuve de « fausse morale, » a rapporté la Douzième chaîne.
Ce commentaire faisait référence à un discours de Gantz prononcé en 2015, dans lequel il disait avoir pris des risques pendant le conflit de 2014 afin d’empêcher le massacre de civils palestiniens lors d’une opération.
La guerre des mots a commencé après un discours de Bennett mardi. Il y accusait les décisions de la Cour suprême d’avoir mis en danger la sécurité du pays et appelait à la retenue de la Cour afin de pouvoir défaire le Hamas.
« Le système judiciaire a entravé la liberté des soldats israéliens, » a ainsi dénoncé Bennett lors de la conférence organisée par The Marker. « Ils ont tout foutu en l’air et transformé les terroristes en héros. »
« Nous devons défaire le Hamas et restreindre l’action de la Haute cour de justice, » a-t-il clamé.
« La Cour suprême, sous l’autorité de [son ancien président] Aharon Barak, pense qu’elle peut légiférer sur tous les aspects de notre vie et que tout peut être débattu. Ils interviennent jour et nuit dans les décisions du gouvernement pour lesquelles ils n’ont aucune responsabilité. Les juges de la Haute cour doivent juger, le gouvernement doit gouverner et l’armée israélienne doit gagner. »
Par le passé, le candidat aux prochaines élections a déploré que les soldats de Tsahal étaient trop préoccupés par la légalité de leurs actions pour être en mesure de combattre efficacement les ennemis du pays.
Son rival centriste a réagi sur Twitter : « Un ministre de l’Éducation qui compare le Hamas à la Haute cour ne peut pas rester une minute de plus en poste. Ils n’ont pas besoin de faire entrer les Kahanistes à la Knesset, ils sont eux-mêmes [kahanistes]. »
Le mois dernier, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait persuadé l’ancien parti de Bennett, HaBayit HaYehudi, de fusionner avec Otzma Yehudit (« Puissance juive ») — lequel est dirigé par le député de l’ancienne Union Nationale Michael Ben Ari et les militants d’extrême-droite Itamar Ben Gvir, Baruch Marzel et Bentzi Gopstein.
Le parti extrémiste Otzma Yehudit est le filleul spirituel du parti Kach, qui avait été fondé par le rabbin Meir Kahane. En vertu d’une loi fondamentale rendant illégales les incitations à la violence, il avait été interdit de siéger à la Knesset et ultérieurement proscrit sur tout le territoire israélien.
Assassiné en 1990, Kahane était le fondateur immigré américain de la Ligue de défense juive. Il avait promu l’annexion immédiate des territoires contestés, l’expulsion par la force des Arabes de Cisjordanie, notamment.
Même si les récents sondages indiquent que la liste Kakhol lavan remportera plus de sièges que le Likud, il devrait toujours avoir du mal à bricoler une coalition de majorité de 61 sièges sur les 120 au total de la Knesset. Le dirigeant du Likud pourrait être mieux placé pour former un gouvernement mais devrait alors compter sur plusieurs petits partis de droite, ce qui leur donnerait une plus forte influence lors des négociations de coalition.