Kobi Shabtaï terminera son mandat en janvier prochain
Le chef de la police ne demandera pas à rester une année de plus en raison de graves désaccords avec le ministre de la Sécurité nationale
Le chef de la police Kobi Shabtaï, qui dirige les forces de l’ordre en Israël, terminera son mandat au mois de janvier et il ne demandera pas de rester une année supplémentaire à son poste, selon un communiqué conjoint qui a été émis mercredi par la police et par le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir.
Les tensions entre Shabtaï et Ben Gvir ont été permanentes depuis que le député d’extrême-droite est entré en fonction en décembre dernier, cherchant à gagner en influence sur les forces de l’ordre. C’est le ministre de la Sécurité nationale qui supervise la police et la police des frontières.
Le mandat d’un chef de police s’étend sur trois ans mais il court souvent sur une quatrième année supplémentaire.
Pendant une rencontre qui a eu lieu mercredi, Shabtaï et Ben Gvir ont aussi convenu d’une série de nominations de hauts-responsables dans les forces de police, a continué le communiqué.
Parmi ces nominations, celle du commissaire-adjoint Peretz Amar qui remplacera le chef du district de Tel Aviv, Amichai Eshed. Ben Gvir avait déjà tenté de faire renvoyer Eshed en raison de sa prise en charge « laxiste », selon le ministre, des manifestations anti-gouvernementales. Eshed a été nommé à la tête de la division de formation de la police, même s’il est difficile de dire s’il acceptera ce rôle.
Au mois de mars, Shabtai avait annoncé qu’Eshed serait affecté à d’autres fonctions, un ordre qui avait été considéré comme provenant directement du bureau de Ben Gvir dans le sillage du blocage répété de routes par les protestataires dénonçant le plan de refonte du système judiciaire israélien à Tel Aviv. Eshed avait déclaré, semble-t-il, que les manifestants « ne sont pas contre la police » et ses critiques avaient déploré une trop grande indulgence à l’égard des participants aux rassemblements.
Mais Shabtaï était revenu sur cette réaffectation à la fin du même mois, suite à une lettre écrite par la procureure Gali Baharav-Miara, qui estimait que le changement devait être suspendu en raison « d’inquiétudes juridiques portant sur la procédure ».
Ben Gvir et Shabtaï ont aussi convenu, mercredi, de nommer le vice-commissaire Amir Cohen à la tête du district du sud, tandis que le vice-commissaire Yoram Sofer se consacrera à la lutte contre le crime au sein de la communauté arabe. Il a été, jusqu’à présent, en charge de la police des frontières.
Shabtaï a indiqué, dimanche, que « ce n’est pas un secret » qu’il ne demanderait pas à rester une quatrième année à sa fonction « dans ces conditions » – une déclaration qui a été considérée comme faisant référence à ses querelles avec Ben Gvir.
Shabtaï a fait cette annonce lors d’un discours prononcé à l’Académie nationale de police de Beit Shemesh, à proximité de Jérusalem, devant des maires arabes qui visitaient le complexe.
« Sur une note plus personnelle, pendant mon mandat de commissaire, j’ai servi sous trois cabinets et sous trois ministres au cours des deux ans et demi qui viennent de s’écouler », a dit Shabtaï. « J’ai utilisé de mon mieux les outils mis à ma disposition pour préserver les normes professionnelles conformément au protocole. Ce n’est pas un secret que je n’ai pas l’intention de rester une quatrième année dans ces conditions ».
Dans son discours, Shabtaï a aussi déploré le fait que « la police est trop insuffisante pour mener les missions qui sont les siennes ». Et la situation ne fait qu’empirer, a-t-il noté. « Il n’y a pas suffisamment de voitures de patrouille et d’agents », a-t-il regretté.
Les Arabes israéliens souffrent « d’une vague d’homicides », a-t-il poursuivi en faisant référence à la mort de plus de cent Arabes israéliens en 2023, la majorité d’entre eux dans le cadre de guerres entre gangs et de règlements de compte entre groupes criminels. « C’est une réalité que nous ne pouvons pas accepter », s’est-il insurgé.
Dans une vidéo filmée peu après le discours prononcé par Shabtaï, Ben Gvir a remercié le chef de la police pour « des décennies passées au service des citoyens d’Israël ».
Ben Gvir – député d’extrême-droite, qui a lui-même été arrêté et condamné dans le passé à maintes reprises, notamment pour avoir soutenu une organisation terroriste – a reconnu que lui-même et Shabtaï avaient « de profonds désaccords » mais que le responsable des forces de l’ordre « a été, pendant de nombreuses années, un soldat fort, un bon soldat qui s’est battu pour l’État d’Israël ».