La Cour suprême reproche au gouvernement de ne pas avoir respecté l’accord du mur Occidental
Pendant une audience, la Cour Suprême demande au gouvernement pourquoi le projet égalitaire, qui fait suite à la demande des libéraux en 2013, n’a toujours pas vu le jour
Amanda Borschel-Dan édite la rubrique « Le Monde Juif »

Lundi, une audience au sujet d’une requête de 2013 contre la Fondation pour le patrimoine du mur Occidental et le cabinet du Premier ministre a servi de tribune à la Cour suprême pour reprocher au gouvernement de ne pas avoir tenu ses engagements, selon l’avocat Yitzhak Hess, responsable du mouvement Masorti (conservateur) en Israël.
Manifestement, cette requête de 2013 a été déposée par plusieurs organisations juives libérales, qui s’opposaient au peu de représentation féminine au conseil d’administration de la Fondation pour le patrimoine du mur Occidental. Cette fondation, qui œuvre sous les auspices du cabinet du Premier ministre et l’autorité des sociétés gouvernementales, gère le mur Occidental, l’esplanade et les tunnels sous le mur. Cette fondation est présidée par des ultra-orthodoxes.
En pratique, dit Hess, les trois juges à la Cour Suprême, la présidente Miriam Naor, le juge Elyakim Rubinstein, et le juge Hanan Melcer, ont, lors de l’audience de lundi « bombardé le procureur de questions concernant l’affaire du Kotel [mur Occidental]. »
Le 31 janvier 2016, l’État a signé un compromis inédit, dans lequel il autorise une section de prière pluraliste au mur Occidental dans une zone appelée l’Arc de Robinson, et prévoit la formation d’un nouveau comité de gestion, qui représenterait tous les courants du judaïsme.

Cet accord avait été atteint après trois ans de négociations, dirigées par Natan Sharansky, président de l’Agence Juive, puis reprises par Avichai Mandelbilt, ancien secrétaire du cabinet et actuellement procureur général. Les négociations abordaient l’inclusion de représentants des mouvements réformé et conservateur, la fondation et le groupe militant des Femmes du mur.
L’hiver dernier, le compromis a été largement acclamé par la presse internationale comme un signe de pluralisme religieux sans précédent dans un pays qui ne reconnait officiellement que l’orthodoxie pour les questions ayant trait à la vie quotidienne. Cependant, ce plan est en sommeil dans la coalition actuelle, et est perçu comme voué à l’échec pour l’administration de Netanyahu.
Selon Hess, le juge a demandé au procureur pourquoi le gouvernement n’avait pas encore appliqué la décision de janvier. Hess, qui a dit ne pas se souvenir « d’une décision ferme de la part de la Cour suprême », a souligné que la juge Naor en est même venue à demander si le gouvernement attendait que la Cour intervienne.

Les signataires de la pétition réunissaient plusieurs organisations, notamment le mouvement réformé israélien, Kolech, un groupe de femmes orthodoxes, le Centre pour la justice des femmes, le centre Yaakov Herzog, un groupe sioniste religieux modéré, Hiddush et Israël Hofshit, deux groupes pro-religieux, ainsi que le mouvement Masorti.
Selon Hess, le juge leur a demandé d’amender et de soumettre à nouveau leur requête de 2013 « et de la réécrire de sorte que l’affaire du Kotel devienne leur priorité ».
Pour que les juges aient une vision plus globale des problèmes qui accompagnent la demande d’ouvrir la fondation du mur Occidental aux réformés et aux femmes, les signataires ont dû mettre à jour leur requête en y incluant des faits liés aux compromis du mur Occidental.
Le rabbin Gilad Kariv, qui dirige le mouvement réformé en Israël, a dit à la radio israélienne [lien en hébreu] que la cour donnait au gouvernement un « carton jaune », un avertissement employé au football pour indiquer la mise en garde d’un joueur.
« Nous avons négocié très sérieusement avec le gouvernement et nous avons signé. Nous avons atteint un accord. Et maintenant, après avoir signé un accord, il faut passer au tribunal pour l’appliquer ? » s’étonne Hess.
Hess espère avec un optimisme modéré que la cour fera le nécessaire pour que l’accord soit appliqué, suite à l’audience de lundi.
« Je dirais avec retenue que je suis content pour l’affaire du Kotel, mais c’est une shonda [une honte], une erreur que le gouvernement ne soit pas capable d’appliquer ces décisions. Ça en dit long sur le gouvernement israélien », a déclaré Hess.