La délégation arabe attendue en Cisjordanie dénonce « l’interdiction » israélienne
Selon les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte et de Jordanie, entre autres, le refus d'autoriser cette visite à Ramallah reflète le "mépris du droit international" de Jérusalem

Une délégation ministérielle arabe devait se rendre dimanche en Cisjordanie. Elle a dénoncé avant son départ – prévu samedi – « l’interdiction » de cette visite par Israël, après que l’État juif a indiqué que le pays « ne coopérerait pas » à cette initiative.
Israël contrôle les frontières et l’espace aérien de ce territoire depuis 1967, ce qui signifie que son approbation est nécessaire pour que les diplomates étrangers puissent y entrer.
Dans une déclaration commune, la délégation a condamné « la décision prise par Israël d’interdire la visite du comité à Ramallah et la rencontre avec le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP), Mahmoud Abbas », a indiqué le ministère jordanien des Affaires étrangères.
Ce comité est dirigé par Fayçal ben Farhane, le ministre saoudien des Affaires étrangères. Il comprend notamment les ministres des Affaires étrangères de Jordanie, du Qatar, de Bahreïn, d’Égypte, et des Émirats arabes unis, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, et des représentants turcs.
Cette visite du prince Faisal ben Farhan devait être la première d’un ministre saoudien des Affaires étrangères depuis la reprise de la Cisjordanie par Israël lors de la Guerre des Six Jours. Les ministres devaient arriver à Ramallah en hélicoptère depuis la Jordanie, selon une source proche du dossier.
La délégation a décidé de reporter la visite à Ramallah car Israël « a refusé l’entrée en Cisjordanie par voie aérienne, un espace contrôlé par Israël ».

La délégation a affirmé que cette décision reflétait le « mépris du droit international » de la part d’Israël.
Lors d’une conférence de presse aux côtés de ses homologues de Jordanie, d’Égypte et de Bahreïn à Amman, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan Al-Saud, a pour sa part déclaré que le refus du gouvernement d’autoriser l’entrée de la délégation en Cisjordanie témoignait de son « extrémisme et de son rejet de la paix ».
À Ramallah, le ministère des Affaires étrangères de l’AP a exprimé sa « profonde inquiétude » . Il a estimé que la décision prise par Israël était une « violation flagrante de ses obligations en vertu du droit international en tant que puissance occupante ».
« Réunion provocatrice »
Un responsable israélien avait annoncé auparavant que son pays « ne coopérerait pas » à cette visite.
« L’Autorité palestinienne, qui refuse à ce jour de condamner le massacre du 7 octobre [2023], comptait accueillir à Ramallah une réunion provocatrice […] pour discuter de la promotion de l’établissement d’un État palestinien », a déclaré le responsable au Times of Israel.
« Israël ne coopérera pas avec des initiatives qui visent à lui porter atteinte et à compromettre sa sécurité », a-t-il déclaré, affirmant qu’un État palestinien deviendrait « un État terroriste au cœur de la Terre d’Israël ».
Avant la guerre à Gaza – une guerre qui avait été déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud de l’État juif – l’Arabie saoudite avait entamé des discussions avec Washington incluant une normalisation avec Israël, en échange d’un accord de sécurité et d’un soutien à son programme nucléaire civil.
Mais le royaume du Golfe a conditionné l’aboutissement d’une telle initiative à l’établissement d’un État palestinien, éloignant la perspective d’un accord dans le contexte actuel.
« Confrontation »
Selon Firas Maksad, du centre de réflexion Eurasia Group, l’interdiction de la visite par Israël montre « à quel point l’Arabie saoudite et Israël sont passés de la normalisation à la confrontation diplomatique ».
« L’Arabie saoudite a fait évoluer sa position : de la création d’une voie crédible vers un État palestinien par une normalisation conditionnelle avec Israël, elle cherche désormais à ouvrir cette voie par le biais d’une coalition internationale soutenant les aspirations palestiniennes », ajoute-t-il.
En juin, l’Arabie saoudite et la France doivent coprésider une conférence internationale à New York, au siège des Nations unies, visant à relancer la solution à deux États, israélien et palestinien.

L’interdiction d’entrée en Israël risque d’aggraver encore les relations entre Israël et ses voisins arabes, des relations qui se sont déjà considérablement détériorées depuis le début de la guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza.
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a personnellement soutenu ce voyage, qui visait également à manifester son soutien à l’AP en difficulté, selon le site d’information Axios.
Cette décision israélienne risque d’éloigner encore davantage les efforts visant à conclure un accord de normalisation entre Jérusalem et Ryad. Les responsables israéliens ont affirmé qu’un accord était possible, minimisant les déclarations répétées de l’Arabie saoudite qui a clairement établi qu’une telle normalisation ne se produirait pas sans accord israélien sur la création d’un État palestinien.
Cette semaine, Israël a annoncé la construction de « l’État juif israélien » en Cisjordanie et la création de 22 nouvelles localités – implantations et avant-postes – en dans la région, qui comprendront une série de nouvelles implantations et la légalisation de plusieurs avant-postes illégaux.

L’armée israélienne a par ailleurs récemment intensifié ses opérations militaires contre le groupe terroriste palestinien du Hamas dans la bande de Gaza, dans le but affiché d’anéantir le Hamas et de libérer les 58 derniers otages qui y sont toujours retenus.
La guerre à Gaza avait éclaté lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas avaient pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils et qu’ils avaient enlevé 251 otages de tous âges, commettant de nombreuses atrocités et utilisant les violences sexuelles comme arme à grande échelle.
Les groupes terroristes dans la bande de Gaza détiennent 58 otages, dont 57 des 251 personnes qui avaient été kidnappées par les hommes armés du Hamas, le 7 octobre 2023. Parmi eux se trouvent les corps sans vie d’au moins 35 personnes – dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne – et 20 seraient encore en vie. Les autorités israéliennes ont fait part de leurs vives inquiétudes concernant le sort qui a été réservé à trois autres personnes.
Plus de 53 300 personnes seraient mortes à Gaza depuis le début de la guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils ne font pas de distinction entre civils et terroristes. Israël affirme avoir tué 20 000 terroristes au combat, et 1 600 autres hommes armés à l’intérieur du pays le 7 octobre 2023.
Israël a sommé le Hamas vendredi d’accepter la dernière proposition américaine de trêve et de libération des otages, sous peine « d’anéantissement ».
Le président américain Donald Trump a pour sa part assuré qu’un cessez-le-feu était « tout proche ».