La Fondation du mur Occidental s’excuse suite à un nouvel incident avec un abbé
Un abbé catholique avait été sommé de cacher sa croix alors qu'il accompagnait sur le lieu saint la ministre allemande de l'Éducation, Bettina Stark-Watzinger
Un abbé chrétien a été sommé mercredi par une responsable du mur Occidental, à Jérusalem, de cacher sa croix alors qu’il accompagnait la ministre allemande de l’Éducation – dans le dernier incident en date de tensions entre Juifs et chrétiens dans la Vieille Ville de Jérusalem. La Fondation du mur occidental, réprimandée, a présenté ses excuses.
Une vidéo des faits, survenus aux abords de la zone réservée à la prière sur le lieu saint juif, a été postée sur internet par un journaliste de Der Spiegel, le journal allemand. Nikodemus Schnabel, l’abbé de l’abbaye de la Dormition, dans la Vieille Ville, a ainsi été arrêté par une femme qui, semble-t-il, était une employée de la Fondation du patrimoine du mur Occidental, l’instance chargée d’administrer le site et qui est placée sous la houlette des ultra-orthodoxes.
Alors que la ministre allemande de l’Éducation et de la recherche, Bettina Stark-Watzinger, se tient à ses côtés, la femme déclare à Schnabel que la croix qu’il porte autour du cou « est vraiment grosse et inappropriée pour ce site », lui demandant de l’enlever.
« C’est très dur, vous ne respectez pas ma religion. Vous entravez ce qui est un droit de l’Homme pour moi », répond Schnabel. « Ce n’est pas une provocation, je suis un abbé… C’est mon vêtement, la croix fait partie de mon habit. Je suis un abbé chrétien catholique. Vous ne voulez pas que je porte l’habit qui est celui de ma foi, c’est la réalité ».
Forschungsministerin @starkwatzinger erlebt am Mittwochmorgen in Jerusalem mit, wie Abt @PaterNikodemus auf dem Platz vor der Klagemauer (außerhalb der Gebetszone) aufgefordert wird, sein Kreuz abzunehmen. Die Offizielle sagt, es handele sich um eine neue Regelung. @derspiegel pic.twitter.com/Zy1GxBVCRP
— Christoph Schult (@schultchristoph) July 19, 2023
La Fondation du patrimoine du mur Occidental a émis un communiqué où elle a présenté ses excuses « pour la détresse causée », ajoutant que « le mur Occidental est ouvert à tous. Il faut noter qu’il n’y a aucune règle ou réglementation sur ce sujet sur la place du mur Occidental. »
Cet incident survient après une série d’actes de vandalisme et de harcèlement contre le clergé chrétien dans la Vieille Ville de Jérusalem. Il y a eu en effet, ces derniers mois, une augmentation notable des attaques.
Des bâtiments de la communauté arménienne de Jérusalem ont également été la cible de vandales à Jérusalem, avec de multiples phrases discriminatoires taguées sur les murs extérieurs, dans le quartier arménien. Selon le Patriarcat arménien, la population avait découvert avec stupéfaction les invectives « Vengeance », « Mort aux chrétiens », « Mort aux Arabes et aux Goyim [non-Juifs] » et « Mort aux Arméniens » taguées dans le quartier.
Certains lient l’augmentation récente des comportements agressifs à la composition du gouvernement israélien actuel.
La coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu est largement soutenue par des factions ultra-orthodoxes et d’extrême-droite farouchement protectrices du caractère juif orthodoxe d’Israël et fermement opposées aux manifestations publiques de culte chrétien.
Son cabinet comprend le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, un associé de longue date du chef de Lehava, Bentzi Gopstein. Avant de devenir député, Ben Gvir a défendu Gopstein devant les tribunaux pour des accusations d’incitation à la violence, au racisme et au terrorisme.
Uri Steinberg, un ancien diplomate israélien qui dirige maintenant un cabinet de conseil qui relie les groupes chrétiens et Israël, a déclaré que les tactiques des extrémistes s’étaient radicalisées.
Adir Schwarz, membre du Conseil municipal et leader du parti d’opposition Hitorerut, a exhorté les autorités à intervenir avant qu’il ne soit trop tard.
Il y a eu quelques réactions contre le sentiment anti-chrétien de la part de hauts responsables israéliens. En juin, le grand rabbin séfarade de Jérusalem a joint sa voix au chœur de condamnations contre le harcèlement des chrétiens à Jérusalem, à la suite de l’incident du 28 mai.
L’adjointe au maire de Jérusalem, Fleur Hassan-Nahoum, a déclaré au Times of Israel qu’elle travaillait pour mettre fin aux attaques depuis le mois de décembre.
« Notre dernier effort consiste à mener une campagne visant à encourager des rabbins hautement respectés à adopter une position ferme contre ces attaques et à faire savoir qu’un tel comportement n’était pas conforme aux valeurs juives et est, en réalité, une profanation du nom de Dieu », a-t-elle dit. « Je suis fière de dire que notre mouvement gagne du terrain, et de plus en plus de chefs spirituels se joignent à nous pour condamner ces actions haineuses. »
« Grâce à nos efforts, nous espérons dissiper le mythe selon lequel tous les chrétiens sont des missionnaires et montrer qu’ils sont de fervents partisans d’Israël. »
Canaan Lidor et Lazar Berman ont contribué à cet article.