Israël en guerre - Jour 649

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Interview

La Fondation humanitaire de Gaza, la réponse à un « système d’aide défaillant », dit son directeur

Le révérend Johnnie Moore, président exécutif de la fondation controversée, déclare que la sécurité et l'ordre vont s'améliorer sur ses sites et accuse le Hamas de violence

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le révérend Johnnie Moore s'exprime sur scène lors du dîner d'hommage national 2017 du Centre Simon Wiesenthal à l'hôtel Beverly Hilton de Beverly Hills, en Californie, le 5 avril 2017. (Crédit : Frederick M. Brown/Getty Images/AFP)
Le révérend Johnnie Moore s'exprime sur scène lors du dîner d'hommage national 2017 du Centre Simon Wiesenthal à l'hôtel Beverly Hilton de Beverly Hills, en Californie, le 5 avril 2017. (Crédit : Frederick M. Brown/Getty Images/AFP)

Le révérend Johnnie Moore est un croyant – et il l’est à plus d’un titre.

Ce pasteur de 41 ans a été l’un des premiers soutiens évangéliques du président américain Donald Trump. Sa foi profonde l’a amené dans des camps de réfugiés en Afrique comme dans les couloirs des palais des dirigeants du Moyen-Orient.

Il estime également que l’initiative dont il a pris la tête à Gaza – il est président exécutif de la Fondation humanitaire de Gaza – est l’antidote nécessaire à un système humanitaire fondamentalement défectueux, un système qui, dit-il, a entraîné des souffrances humaines qui vont bien au-delà du seul territoire de l’enclave côtière actuellement déchirée par la guerre.

« Je suis chrétien », déclare Moore au Times of Israel lors d’un entretien. « Je ne peux rien imaginer de plus chrétien que de donner de quoi se nourrir à des êtres humains. Je pense également qu’un système d’aide défaillant n’a fait que prolonger les souffrances non seulement à Gaza, mais aussi partout dans le monde ».

La Fondation humanitaire de Gaza a commencé à distribuer de l’assistance en date du 26 mai, après presque de trois mois de blocus israélien sur l’entrée des aides dans l’enclave palestinienne. Elle intervient dorénavant dans le contexte d’une guerre marquée par des pénuries antérieures qui ont fait sombrer la bande dans une crise humanitaire aigue.

Ce groupe qui cultive la discrétion s’est néanmoins vanté d’avoir distribué 52 millions de repas depuis l’ouverture de ses centres. Une initiative qui a été entachée par des informations qui ont fait état de tirs quasiment quotidiens à l’encontre des Palestiniens souvent venus de loin pour franchir les lignes de l’armée israélienne, dans le but de pouvoir accéder à l’un des rares sites de distribution de la GHF.

Je ne peux rien imaginer de plus chrétien que de donner à manger à des êtres humains

Un travail qui va toutefois à l’encontre du positionnement dominant au sein de la communauté humanitaire, qui estime que l’organisation n’est pas en mesure de répondre aux besoins de la population civile à Gaza et qu’elle permet à Israël d’instrumentaliser l’assistance en déterminant qui sera en droit d’en bénéficier. Les détracteurs de la Fondation – avec notamment une grande partie de la communauté internationale – accusent également la GHF de mettre en danger les personnes qui sollicitent de l’aide en installant les centres de distribution dans des zones contrôlées par Tsahal et en obligeant les Gazaouis à parcourir de longues distances pour y accéder.

Mardi dernier, plus de 165 grandes organisations caritatives et non gouvernementales internationales – Oxfam, Save the Children et Amnesty figuraient parmi ces dernières – ont appelé à la fermeture immédiate de la Fondation humanitaire de Gaza.

Des volontaires de clans palestiniens organisés en comités pour empêcher les vols, gardent des camions transportant de l’aide qui sont entrés dans la bande de Gaza par le passage de Zikim, à l’ouest de Beit Lahia dans le nord de la bande, le 25 juin 2025. (Crédit : Bashar Taleb/AFP)

Répondant aux doléances des organisations humanitaires, la GHF les a invitées à se joindre à ses opérations.

« Au lieu de nous quereller et au lieu de nous insulter en coulisse, nous invitons les autres organisations humanitaires à se joindre à nous pour nourrir la population de Gaza », a indiqué le communiqué. « Nous sommes prêts à collaborer et à les aider à acheminer l’assistance qu’elles ont en leur possession pour la remettre aux personnes qui sont dans le besoin. Le peuple palestinien a besoin d’être nourri ».

Moore explique qu’à ses yeux, les principales organisations humanitaires font preuve « d’un attachement à l’égard du système existant avec un fanatisme qui est quasiment religieux… prolongeant finalement ce conflit et causant davantage de souffrances à la population de Gaza ».

Des camions et de l’aide humanitaire à destination de la bande de Gaza sont vus au poste frontière de Kerem Shalom, du côté israélien de la frontière avec la bande de Gaza, le 29 mai 2025. (Flash90)

Un responsable, au sein d’une organisation internationale elle-même chargée d’offrir de l’assistance humanitaire à Gaza, a confié au Times of Israel que « ceux qui œuvrent à fournir de l’aide sont presque toujours guidés par de bonnes intentions morales. Mais les bonnes intentions ne garantissent pas de bons résultats ».

Les efforts humanitaires à Gaza reflètent une culture fermée et façonnée par un tribalisme moral, où la participation et la loyauté à l’égard des valeurs du groupe sont privilégiées par rapport à l’évaluation critique, même lorsque les conséquences sont néfastes

« Les humanitaires ne peuvent pas partir du principe que fournir de l’aide en temps de guerre est toujours une bonne chose », a expliqué cet officiel, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat afin de pouvoir parler en toute liberté. « L’assistance peut être manipulée par des acteurs malveillants et il n’est pas toujours possible, ni même éthique, de respecter les principes humanitaires fondamentaux tels que la neutralité. Il ne devrait pas être tabou de s’exprimer et de réfléchir à l’aide humanitaire dans n’importe quel contexte en faisant preuve d’esprit critique – et c’est également le cas dans le contexte de la guerre à Gaza. C’est une question de responsabilité ».

Le responsable de l’organisation humanitaire a semblé partager le même point de vue que Moore, disant que « les efforts humanitaires qui sont déployés dans la bande de Gaza reflètent une culture fermée et façonnée par un tribalisme moral, où la participation et la loyauté à l’égard des valeurs du groupe sont privilégiées par rapport à l’évaluation critique, même lorsque les conséquences d’un tel comportement sont néfastes », a-t-il estimé.

Détournement ou auto-distribution ?

S’il est officiellement indépendant, ce mécanisme a été mis en place avec le soutien des États-Unis et d’Israël avec pour objectif d’acheminer les aides jusqu’à la population civile sans que les marchandises ne soient exposées au risque d’être volées par le Hamas, qui cherche ensuite à les revendre au marché noir pour financer la poursuite de ses opérations.

Un ouvrier triant des sacs de farine lors de la distribution de l’aide humanitaire, dans Gaza City, le 17 mars 2024. (Crédit : AFP)

Une situation qui perdure en ce qui concerne les initiatives d’aides humanitaires qui sont actuellement menées hors du cadre de la GHF à Gaza, fait remarquer Moore, qui affirme que la grande majorité de l’assistance acheminée par les Nations unies est pillée par le Hamas ou par d’autres gangs armés. Un responsable de l’ONU a reconnu la semaine dernière, lors d’un entretien accordé au Times of Israel, qu’une partie des aides était pillée, rejetant toutefois tout détournement de ces dernières par de potentiels acteurs malveillants.

Moore raconte que la semaine dernière, le Programme alimentaire mondial, une agence des Nations unies, a amené un camion chargé de farine et qu’il a laissé les gens se saisir de tout ce qu’ils pouvaient prendre, en évoquant un principe « d’auto-distribution ».

Un porte-parole du PAM a fait savoir au Times of Israel que les denrées alimentaires ne pourront être correctement distribuées que lorsque l’ordre public sera rétabli.

« Compte-tenu du caractère urgent des besoins des familles en matière alimentaire, le PAM va tolérer que les populations civiles affamées prennent de la nourriture directement dans ses camions, à condition qu’il n’y ait pas de violence et que les denrées soient partagées entre les civils de façon appropriée », a-t-il expliqué.

Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM), s’exprime lors d’une interview avec l’Associated Press à Beyrouth, au Liban, le 1er août 2023. (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar)

Le porte-parole a ajouté que le Programme alimentaire mondial condamnait « toute ingérence non-sollicitée dans les convois humanitaires » et qu’il « continue à travailler avec toutes les parties et avec toutes les communautés dans le but d’être en mesure de garantir que les convois d’aide pourront atteindre leur destination en toute sécurité et sans entrave. Nous avons ouvertement fait savoir, et ce à plusieurs reprises, que nos équipes n’ont aucune preuve soutenant l’idée d’un détournement à grande échelle des aides qui sont acheminées à Gaza ».

La GHF a également été âprement critiquée pour des informations qui, quasi quotidiennement, ont fait état de violences meurtrières à l’encontre de civils se rendaient dans ces centres ou qui attendaient leur ouverture.

La semaine dernière, le ministère de la Santé de Gaza, qui est placé sous la direction du Hamas, a annoncé qu’au moins 549 personnes avaient été tuées en essayant d’aller chercher de l’assistance humanitaires sur les sites gérés par la Fondation, ou en attendant les camions alimentaires de l’ONU – et ce depuis que la GHF a été lancée. Il a ajouté que 4 000 personnes avaient été blessées.

Des Palestiniens transportent un homme qui aurait été blessé par des tirs israéliens alors qu’il attendait près d’un centre d’aide alimentaire à l’hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 juin 2025. (Crédit : AFP)

Des chiffres qui n’ont pas été vérifiés de manière indépendante – mais entre le 27 mai et le 24 juin, au moins 19 incidents faisant état de soldats israéliens qui ont ouvert le feu sur des Palestiniens venus chercher des aides humanitaires ont été enregistrés, selon un examen des informations en provenance de Gaza qui a été effectué par le Times of Israel.

« Les Palestiniens de Gaza sont confrontés à un choix impossible : mourir de faim ou risquer d’être abattus alors qu’ils tentent désespérément d’obtenir de quoi manger pour nourrir leurs familles », ont commenté les groupes d’aide internationale dans leur communiqué de presse commun qui a été diffusé mardi.

Lundi, l’armée israélienne a admis, dans un communiqué, que les militaires avaient tué plusieurs civils à proximité des centres de distribution, au cours des dernières semaines. Elle a noté avoir tiré des leçons qui empêcheront à de tels incidents de se répéter à l’avenir.

Des troupes de la 7ème Brigade Blindée opèrent dans la bande de Gaza dans une photo publiée le 1er juin 2025. (Crédit : Armée israélienne)

De son côté, Moore explique que s’il se passe quelque chose, il sait qu’il peut décrocher son téléphone pour appeler les responsables de Tsahal qui ouvriront une enquête dans la foulée. « La différence entre l’armée israélienne et le Hamas, c’est que le Hamas ment en permanence et à propos de tout », dit-il.

Il reproche au groupe terroriste de « tuer intentionnellement des gens afin de les dissuader d’aller chercher des aides, poursuivant sa campagne de désinformation qui laisse entendre nos sites de distribution gratuite de nourriture sont des pièges ».

La différence entre Tsahal et le Hamas, c’est que le Hamas ment en permanence sur tout

« Nous ne nions pas le fait qu’il y a pas eu des incidents tragiques dans la bande de Gaza, avec des civils qui étaient en quête d’une aide et qui ont été malencontreusement blessés », poursuit Moore. « Nous ne savons tout simplement pas ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Ce que nous savons, c’est ce qui s’est passé et ce qui ne s’est pas passé dans nos centres et à leurs abords. Il n’y a pas eu de violences sur nos sites. Il n’y a pas eu de violences à proximité de nos sites, d’après ce que nous avons entendu ou d’après ce dont nous avons été nous-mêmes témoins. Ce que nous constatons chaque jour, en revanche, c’est un chiffre arbitraire – arbitraire, je le crois vraiment – qui est transmis par le Hamas et qui est repris par la presse parce que le Hamas en a décidé ainsi, d’une manière ou d’une autre ».

Un petit Palestinien récupère de l’aide dans un centre de distribution de la Fondation humanitaire de Gaza, le 8 juin 2025. (Crédit : GHF)

Dans son communiqué émis lundi, l’armée a reconnu que des civils palestiniens avaient été tués ou blessés par les soldats stationnés à proximité des centres de distribution, notamment par des tirs d’artillerie, mais elle a affirmé que les chiffres communiqués par les autorités du Hamas étaient exagérés. Tsahal a également annoncé « la réorganisation des voies d’accès » aux sites humanitaires, ajoutant notamment de nouvelles clôtures et une nouvelle signalisation, et créant des chemins supplémentaires qui mènent aux différents centres.

Un communiqué qui est intervenu quelques jours après que le quotidien Haaretz a signalé que l’armée avait lancé, la semaine dernière, une enquête sur d’éventuels crimes de guerre commis par ses soldats. Le quotidien a cité les propos tenus par des militaires sur le terrain qui, sous couvert d’anonymat, ont déclaré que les sites consacrés à l’assistance étaient « un champ de bataille ». Ils ont ajouté qu’ils avaient reçu l’ordre de leur hiérarchie de considérer les Palestiniens qui viennent chercher des aides comme des hommes armés a priori, et qu’il leur a été demandé de procéder à des tirs nourris pour contrôler les foules.

Selon Tsahal, les forces israéliennes qui sont sur le terrain n’ont tiré à balles réelles qu’en cas de menace, notamment lorsque des dizaines de suspects se sont approchés des soldats alors qu’ils se trouvaient en-dehors des itinéraires désignés pour accéder aux sites d’aide gérés par la GHF – ou en dehors des heures d’ouverture.

Dans ces cas-là, a précisé l’armée israélienne, les tirs n’ont touché qu’un petit nombre de personnes, et non des dizaines comme l’a prétendu le Hamas.

Désordre

Même si les violences ont eu lieu en dehors des sites de la Fondation, des images des quatre centres de distribution ont montré des mêlées généralisées, la foule déchirant des cartons et mettant dans des sacs tout ce qui pouvait être à sa portée.

« Les images qui proviennent de nos sites de distribution sont révélatrices du niveau réel d’insécurité alimentaire qui a aujourd’hui été atteint dans la bande de Gaza », dit Moore.

« Tous ces gens ne savaient pas si nous serions encore là le lendemain. Ils ont donc envoyé un proche, le plus fort, ou ils ont envoyé leur voisin. Ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient prendre en partant du principe que les Nations unies nous rejetaient, que Le Hamas nous menaçait et que nous finirions bien par nous en aller à un moment ou à un autre. Qu’il était donc possible que nous ne soyons plus là demain ».

Des enfants palestiniens mangent dans des casseroles après avoir reçu un repas chaud dans un centre de distribution alimentaire à Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 30 juin 2025. (Crédit : Eyad BABA / AFP)

Moore précise que l’organisation a pris la décision d’ouvrir des centres même les jours où elle n’est en mesure de fournir qu’une petite quantité d’assistance afin d’apaiser les craintes nourries par les habitants de Gaza sur la réelle continuité des opérations de la GHF.

Il souligne que les acheminements se sont poursuivis pendant la guerre qui a opposé Israël à l’Iran, le mois dernier, un conflit qui a duré douze jours.

« Nos hommes ne sont pas restés terrés dans leurs abris », déclare Moore. « Ils ont immédiatement acheminé de l’assistance dans la bande de Gaza parce que nous ignorions combien de temps nous allions rester fermés. Heureusement, cela n’a pas duré longtemps. Nous avons continué à distribuer de l’aide tous les jours alors que des missiles iraniens étaient tirés et que certains d’entre eux tombaient au sol. Cela a été le cas pendant toute la durée de la guerre ».

La majorité des organisations humanitaires internationales n’ont, de leur côté, pas eu de denrées alimentaires à mettre à la disposition des civils au cours de ce conflit.

Un système antimissile Arrow tire un missile d’interception pendant le conflit de 12 jours entre Israël et l’Iran, sur une image autorisée à la publication le 1er juillet 2025. (Crédit : Ministère de la Défense)

Il n’y a actuellement aucune procédure de contrôle pour les Palestiniens qui cherchent à collecter des aides, ce qui signifie que des membres du Hamas sont susceptibles de se présenter pour réclamer un colis de denrées alimentaires. L’armée israélienne espère qu’un processus de filtrage pourra être mis en place dans les semaines à venir, et que des sites d’accueil supplémentaires pourront ouvrir leurs portes.

Moore promet qu’au fur et à mesure que les activités de la GHF se développeront, y-compris dans le nord de la bande, « il y aura des opérations plus organisées et plus ordonnées avec une plus grande quantité de nourriture qui pourra être mise à disposition de la population ».

L’organisation gère actuellement deux sites à Rafah, le long de la frontière égyptienne, un centre à Khan Younès, dans le sud, et un centre à proximité de Wadi Gaza, dans le centre de l’enclave.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (deuxième à partir de la gauche) présidant une réunion spéciale du cabinet à l’occasion de la Journée de Jérusalem, dans la Cité de David, à l’extérieur de la Vieille Ville de Jérusalem, le 26 mai 2025. (Crédit : Flash90)

« Nous ne pouvons pas aller plus loin dans le nord sans nous engager auprès d’Israël dans ce processus », déclare-t-il. « Dans le même temps, nous devons nous assurer que, lorsque nous nous implanterons dans le nord, l’environnement sécuritaire nous permettra de mener à bien notre mission ».

La GHF avait annoncé, il y a plus d’un mois, qu’Israël avait accepté de l’autoriser à établir des sites de distribution dans le nord de la bande – un projet qui ne s’est pas encore concrétisé.

Israël pourrait élargir l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza « dans un avenir proche et dans le cadre d’un plan plus vaste et plus important », a fait savoir un responsable israélien au Times of Israel dans la journée de lundi.

« Nous pourrions ainsi réduire les tensions entre la population et les soldats et bénéficier d’autres avantages que je n’évoquerai pas pour l’instant », a-t-il ajouté.

« Il s’agit là d’un plan plus vaste, mais il fait encore l’objet d’un débat et rien n’a encore été décidé », a-t-il affirmé.

Questions de financement

Les observateurs n’ont pas été en mesure d’établir clairement qui finançait actuellement les opérations de la GHF. La Fondation fait appel à des sociétés privées américaines spécialisées dans la sécurité et dans la logistique pour transporter l’aide dans la bande de Gaza et pour la distribuer sur des sites « sécurisés ».

Dans les documents qui ont accompagné une récente demande qui a été déposée par la Fondation auprès de l’Agence américaine pour le développement international, le groupe a fait savoir qu’il avait reçu près de 119 millions de dollars pour ses opérations, pour le mois de mai, de la part « d’autres donateurs gouvernementaux », sans donner plus de détail. Elle a précisé qu’elle attendait 38 millions de dollars de la poche de ces donateurs gouvernementaux non spécifiés pour le mois de juin.

La responsable de l’USAID, Samantha Power, s’adresse aux journalistes lors de sa visite d’un système de panneaux solaires dans la ville frontalière libano-syrienne de Majdal Anjar, dans l’est de la vallée de la Bekaa, au Liban, mercredi 9 novembre 2022 (Crédit : AP Photo/Bilal Hussein).

Le département d’État américain a approuvé une enveloppe de 30 millions de dollars en direction de la Fondation humanitaire de Gaza. Il a aussi appelé les autres pays à apporter leur soutien au groupe.

Israël insiste sur le fait que l’État juif n’a joué aucun rôle dans le financement de cette initiative – même si la chaîne publique Kan a rapporté, au début du mois, que le gouvernement avait approuvé le transfert de 700 millions de shekels à la GHF.

De son côté, Moore déclare que le financement initial de l’opération « est provenu de quelques pays européens qui souhaitent par ailleurs conserver l’anonymat ».

« Je peux comprendre qu’ils veuillent rester anonymes au vu de la nature politique de ce type d’activités », ajoute-t-il.

« Il s’agit là d’une opération qui est dirigée par les États-Unis, qui a été planifiée par les États-Unis et qui est dorénavant menée par des Américains courageux et expérimentés – y compris par des gens comme John Acree, qui a passé des décennies à évoluer au sein de la communauté humanitaire », explique Moore, faisant référence au directeur exécutif par intérim du GHF. « Les personnes qui sont aujourd’hui sur le terrain ont travaillé dans les environnements les plus complexes au monde de mémoire d’homme, et les CV de l’équipe chargée des opérations de la GHF sont remplis d’expériences qui ont été acquises auprès des mêmes organisations qui ont aujourd’hui fait le choix de nous boycotter ».

Des membres du gang Abu Shabab, à Gaza, dans une vidéo récente publiée par la milice gazaoui anti-Hamas. (Crédit : Capture d’écran/Facebook)

« Les seuls habitants de Gaza avec lesquels nous travaillons sont les bénévoles locaux qui nous aident à distribuer la nourriture », note-t-il. « Et jusqu’à présent, ce sont ces bénévoles gazaouis qui ont payé le prix le plus élevé ».

Le 12 juin, la GHF avait annoncé que huit de ses « membres de l’équipe locale et bénévoles » avaient été tués quand des hommes armés du Hamas avaient attaqué un bus qui transportait ses employés gazaouis. Il y avait eu des blessés. La GHF avait également fait savoir qu’elle craignait que certains membres de l’équipe aient été enlevés et pris en otage.

« Non seulement ils les ont tués », révèle Moore, « mais ils les ont déposés devant l’hôpital Nasser ; ils ont gardé les blessés et les morts et ils ne leur ont même pas permis de recevoir de soins médicaux, ils ont entassé les corps des uns et des autres aux abords de l’hôpital. »

« Je ne suis pas surpris par la violence du Hamas », poursuit-il. « Je suis surpris par le silence absolu de la communauté internationale à ce sujet jusqu’à présent ».

Nouveaux partenariats

Le responsable de l’organisation humanitaire avec lequel le Times of Israel s’est entretenu souligne, de son côté, que la GHF reste isolée face aux groupes qui pourraient par ailleurs potentiellement devenir ses partenaires.

« Je ne doute pas des bonnes intentions de la GHF en ce qui concerne son désir de soulager la faim et les souffrances à Gaza », commente-t-il.

« Toutefois, depuis qu’elle a été connue du public, elle a fait preuve d’un manque de prise de conscience, à la fois en tant qu’organisation humanitaire et au niveau de l’environnement dans lequel elle mène ses opérations. Dans un contexte de souffrances civiles intenses, des souffrances qui ont été provoquées par une campagne militaire brutale financée en partie par les États-Unis, la GHF a d’abord annoncé que ses activités seraient placées sous la direction d’un ancien marine américain très en vue ».

Des hommes armés ouvrant le feu sur des habitants de Gaza cherchant à récupérer de l’aide humanitaire pillée à Khan Younès, le 1er juin 2025 (Capture d’écran/Tsahal)

« Dans un système établi – mais défectueux – qui repose sur une confiance fragile, sur le mutualisme avec les habitants, la GHF a choisi d’être seule dans ses efforts visant à refaçonner la manière dont l’assistance est acheminée à Gaza, avec des résultats mitigés qui étaient néanmoins prévisibles », ajoute l’officiel lors de son entretien avec le Times of Israel. « Sa réussite opérationnelle s’améliorerait grandement si la Fondation pouvait prendre en compte les préoccupations des autres organisations, en matière de distribution de l’aide, tout en les poussant à s’attaquer au problème du détournement de l’assistance et à en atténuer les effets ».

Selon Moore, l’attitude de certaines organisations est en train de changer : « Nous commençons à constater des tentatives d’approche de la part des autres organisations et certaines sont venues discrètement nous parler. Maintenant, je pense que nous allons commencer à voir un semblant de partenariat se mettre en place. »

Le révérend Johnnie Moore s’exprime sur scène lors du dîner d’hommage national 2017 du Centre Simon Wiesenthal à l’hôtel Beverly Hilton de Beverly Hills, en Californie, le 5 avril 2017. (Crédit : Frederick M. Brown/Getty Images/AFP)

Le Programme alimentaire mondial a assuré au Times of Israel que « nous allons parler à tout le monde s’agissant d’aider à nourrir les populations les plus vulnérables – en toute sécurité, équitablement et efficacement ».

Dans le même temps, l’agence a souligné qu’elle n’abandonnerait pas ses principes d’humanité, d’impartialité, de neutralité et d’indépendance opérationnelle.

« Le PAM ne mène pas d’opérations directes avec la GHF », a affirmé son porte-parole.

Moore estime que la façon dont la communauté internationale parlait du GHF est « terriblement fallacieuse ».

« Nous respectons les normes de l’ONU en matière d’apport calorique. Nous donnons des boîtes qui sont soigneusement conçues pour s’assurer que leur quantité sera suffisante, non seulement en termes de nombre de calories, mais aussi en termes de régime alimentaire équilibré pour les individus et pour leurs familles. Nous ne renonçons pas à ces normes et et à ces valeurs fondamentales ».

Il attribue une grande partie de l’hostilité qui s’exprime à l’égard de la GHF à un travail de « désinformation ».

« Je pense qu’une partie de la campagne qui vise à nous réduire au silence a pour objectif de nous épuiser », affirme-t-il. « Mais cela n’arrivera pas. Nous restons très concentrés sur ce que nous avons à faire. Nous n’avons qu’une seule mission : nourrir les habitants de Gaza et le faire de la manière la plus sûre possible – et nous allons continuer à le faire ».

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