La France condamne les propos de Smotrich niant l’existence du peuple palestinien
L'Autorité palestinienne et plusieurs pays arabes ont eux aussi fermement dénoncé lundi les propos du ministre israélien des Finances à Paris
![Le chef du parti HaTzionout HaDatit Bezalel Smotrich s'exprimant lors d'un service commémoratif pour Jacques Kupfer, militant de droite du Likud et membre du conseil d'administration de l'Agence juive, qui est décédé après une longue bataille contre le cancer en 2021, à Paris, le 19 mars 2023. (Crédit : Capture d'écran via Ynet, utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur) Le chef du parti HaTzionout HaDatit Bezalel Smotrich s'exprimant lors d'un service commémoratif pour Jacques Kupfer, militant de droite du Likud et membre du conseil d'administration de l'Agence juive, qui est décédé après une longue bataille contre le cancer en 2021, à Paris, le 19 mars 2023. (Crédit : Capture d'écran via Ynet, utilisée conformément à l'article 27a de la loi sur les droits d'auteur)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2023/03/Smotich-in-Paris-640x400.jpg)
La France a dénoncé mardi les propos « irresponsables » du ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich qui a nié dimanche l’existence des Palestiniens en tant qu’individus comme en tant que peuple lors d’une soirée organisée par une organisation sioniste à Paris.
« Nous appelons les personnes qui ont été appelées à de hautes fonctions au sein du gouvernement israélien à faire preuve de la dignité requise, à respecter celle des autres et à s’abstenir de toute action ou déclaration contribuant à l’escalade des tensions », a commenté le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
L’Autorité palestinienne et plusieurs pays arabes ont eux aussi fermement dénoncé lundi ces propos.
« Il n’y a pas de Palestiniens car il n’y a pas de peuple palestinien », a déclaré dimanche soir Smotrich lors d’une visite privée à Paris, selon une vidéo largement partagée sur les réseaux sociaux.
« Ce genre de commentaire n’aide pas du tout », a déclaré Farhan Haq, porte-parole du secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. L’ONU « continuera à soutenir les droits du peuple palestinien et à pousser pour une solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant côte-à-côte dans la paix et la sécurité », a-t-il ajouté.
En visite privée à Paris, M. Smotrich a fait ces déclarations le jour même de pourparlers en Egypte pour tenter d’atténuer les tensions à l’approche du ramadan et alors que le conflit israélo-palestinien est aspiré dans une nouvelle spirale de violence.
Une série d’attaques palestiniennes en Israël et en Cisjordanie au cours des derniers mois a fait 15 morts – presque tous des Israéliens – et plusieurs blessés graves. La plupart des attentats ont eu lieu dans la capitale et ont été perpétrés par des Palestiniens résidant à Jérusalem-Est.
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Au moins 85 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’année, la plupart lors d’attentats ou d’affrontements avec les forces de sécurité dans le cadre d’une offensive anti-terroriste mais certains étaient des civils non impliqués et d’autres ont été tués dans des circonstances qui font l’objet d’une enquête.
« Après 2 000 ans d’exil, les prophéties (de la Bible) commencent à se réaliser et (…) le peuple d’Israël retourne chez lui », a déclaré M. Smotrich.
« Il y a des Arabes autour qui n’aiment pas cela, alors que font-ils? Ils inventent un peuple fictif et prétendent à des droits fictifs sur la terre d’Israël », a-t-il ajouté.
Ces « propos incendiaires » selon lesquels « il n’y a pas de peuple palestinien et que celui-ci est une invention (…) est une preuve irréfutable du racisme de l’idéologie sioniste extrémiste » du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu, a déclaré le Premier ministre de l’Autorité palestinienne Mohammad Shtayyeh.
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« Vérité biblique »
Mais pour M. Smotrich, « c’est la vérité historique, c’est la vérité biblique (…) et cette vérité, les Arabes en Israël doivent l’entendre (et elle) doit être entendue ici au palais de l’Elysée, et à la Maison Blanche à Washington »
Ces paroles témoignent de la « politique raciste et fasciste » d’Israël, a déclaré le groupe terroriste islamiste du Hamas, appelant la communauté internationale, dont la France, à prendre « fermement position contre l’occupation » israélienne des Territoires palestiniens.
M. Smotrich a tenu ses propos derrière un pupitre avec une carte figurant un Israël incluant les territoires annexés depuis 1967 et la Jordanie voisine.
Condamnant des propos relevant d’un « racisme extrême », le ministère des Affaires étrangères jordanien a prévenu que « l’utilisation d’une (telle) carte » pourrait être une violation du traité de paix israélo-jordanien de 1994.
L’ambassadeur israélien en Jordanie a ensuite été convoqué par les autorités qui lui ont remis une « lettre de protestation aux termes forts » qu’il doit transmettre à son gouvernement, a indiqué le ministère jordanien en soirée.
Le ministère des Affaires étrangères israélien a affirmé l' »attachement d’Israël à l’accord de paix » avec Amman, assurant que « la position de l’Etat d’Israël, qui reconnaît l’intégrité territoriale du Royaume hachémite, n'(avait) pas changé. »
Le Caire a qualifié les propos de M. Smotrich de « racistes », « incendiaires et inacceptables ».
« Désescalade »
Les discussions de dimanche en Egypte ont accouché d’un communiqué semblable à celui d’une rencontre similaire tenue en Jordanie le 26 février et faisant part d’un engagement d’Israël et de l’Autorité palestinienne en faveur d’une « désescalade », qui n’avait alors guère été suivi d’effets.
Alors même que se tenait la réunion en Jordanie, deux jeunes Israéliens avaient été tués par balles dans leur voiture à Huwara, localité palestinienne du nord de la Cisjordanie. En représailles, des extrémistes Israéliens avaient attaqué Huwara, incendiant des dizaines de bâtiments et de voitures.
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« Je pense que Huwara devrait être anéantie », avait déclaré de son côté M. Smotrich, avant de se rétracter face au tollé international provoqué par cette déclaration.
Autre figure d’extrême droite au sein du gouvernement Netanyahu, Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, a annoncé la fermeture, à Jérusalem-Est annexée, d’un bureau de production travaillant pour le compte de la Radio-Télévision publique palestinienne, affirmant que cette société n’était pas régulièrement enregistrée auprès des autorités israéliennes et l’accusant d' »incitation à la haine ».
Interrogé par l’AFP, Ahmad Assaf, chef de l’audiovisuel public palestinien a rappelé que le bureau de Palestine TV à Jérusalem-Est avait été fermé par Israël en 2018 et a condamné la décision de M. Ben Gvir comme « crime contre le journalisme ».
Israël a annoncé parallèlement des mesures visant à alléger les restrictions imposées aux Palestiniens et censées leur permettre de se rendre en plus grand nombre pour venir prier sur le mont du Temple à Jérusalem – troisième Lieu saint de l’islam – pendant le ramadan, qui doit commencer mercredi ou jeudi.