La méthode israélienne de « molécule unique » qui accélère les tests de dépistage
Une équipe du Technion dit pouvoir contrôler les molécules une par une, ce qui signifie que les laboratoires ne passeront plus des heures à "amplifier" les échantillons

Des nanotechnologues israéliens ont fait savoir qu’ils avaient découvert une méthode qui permet d’examiner les molécules les unes après les autres pour dépister le coronavirus, éliminant ainsi le processus le plus lent intervenant dans l’analyse du test de dépistage.
Dans la procédure d’analyse habituelle, les équipes, dans les laboratoires, doivent augmenter de manière importante le nombre de molécules dont ils disposent dans les échantillons des patients à travers un processus connu sous le nom d’amplification. Ce qui dure habituellement entre une et deux heures et nécessite, de surcroît, des produits chimiques spécifiques. Il faut des millions de molécule pour permettre l’analyse d’un échantillon.
Mais la méthode qui vient d’être développée à Haïfa, testée et soulignée dans le journal ACS Nano – relu par des pairs – exige seulement cent molécules et élimine toute nécessité d’amplification, a déclaré lundi au Times of Israël Amit Meller, expert en nanotechnologie et bioingénieur.
« Nous avons développé un moyen permettant de faire passer les molécules, les unes après les autres, à travers un nano-trou minuscule », a expliqué Meller, de l’Institut de technologie du Technion. « Ce trou est appelé un nanopore, ce n’est pas une nouveauté mais c’est la toute première fois qu’il est employé dans l’analyse ARN pour le dépistage du coronavirus ».

Il a précisé qu’en plus d’être utilisée pour le coronavirus, sa méthode d’analyse pouvait être déployée pour dépister les cancers secondaires et il a ajouté qu’il espérait qu’elle serait rapidement commercialisée pour ces deux usages. Il a indiqué que le « plus » déterminant de la méthode était qu’elle conservait un fort niveau de précision dans l’analyse de l’acide ribonucléique, l’ARN, « ce qui est essentiel dans les deux contextes étudiés – les biomarqueurs ARN des cancers métastastiques et le virus SARS-CoV-2. »
Sa méthode commence exactement de la même manière que les tests existants : un échantillon est prélevé sur un patient avant d’être dissous dans du liquide, et l’acide ribonucléique – l’ARN – est transformé en ADN adapté au dépistage. Mais au lieu d’amplifier l’échantillon, ce dernier est immédiatement examiné avec le nanopore – une molécule après l’autre – et les laborantins peuvent alors évaluer la présence ou l’absence d’un biomarqueur cancéreux ou du SARS-CoV-2 et, en cas de présence, quelle est la quantité de ces biomarqueurs.
En utilisant cette nano-méthode, la quantité de produits chimiques nécessaires est réduite cent fois en comparaison aux analyses de laboratoire habituelles, selon Meller. « Nos avancées entraîneront potentiellement une réduction significative du coût du dépistage », a-t-il dit.

Evoquant les avantages de l’élimination de l’amplification dans le dépistage du coronavirus et du cancer, il a estimé que « les méthodes actuellement utilisées en laboratoire ne peuvent pas scruter individuellement les molécules et l’amplification est donc nécessaire, ce qui non seulement prend du temps mais réduit aussi l’exactitude ».
« Pensez au moment où vous tentez d’amplifier un son en utilisant un amplificateur audio, vous allez finir par avoir des interférences et du bruit. c’est très exactement ce qui arrive quand on fait un travail d’amplification pour un test au coronavirus. C’est la raison pour laquelle les résultats ne sont pas toujours exacts. C’est précisément parce ce que nous éliminons l’amplification que nous pensons que notre méthode pourra améliorer la précision », a-t-il ajouté.