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La police impuissante face à la hausse de la criminalité dans la communauté arabe

Les dirigeants arabes dénoncent des tactiques inefficaces et critiquent le raid policier à Umm al-Fahm, mené sans coordination locale qui a "transformé la ville en caserne"

Des Arabes israéliens protestent contre la violence, le crime organisé et les récents meurtres au sein de leurs communautés, dans la ville arabe de Majd al-Krum, dans le nord d'Israël, le 3 octobre 2019. (Crédit : David Cohen/Flash90)
Des Arabes israéliens protestent contre la violence, le crime organisé et les récents meurtres au sein de leurs communautés, dans la ville arabe de Majd al-Krum, dans le nord d'Israël, le 3 octobre 2019. (Crédit : David Cohen/Flash90)

Les crimes violents dans la société arabe ont coûté la vie à 21 personnes en janvier, soit plus du double du même mois l’année dernière, un chiffre qui a alarmé les forces de l’ordre et les dirigeants communautaires.

Au cours des deux dernières années, le taux d’homicide dans la société arabe a atteint des niveaux sans précédent, doublant par rapport au pic atteint en 2021. Si la tendance observée en janvier se poursuit, 2025 pourrait être encore plus meurtrière.

Au 3 février, le nombre de victimes dans la société arabe s’élevait déjà à 26, dont trois personnes abattues à Abu Snan, dans le nord du pays, juste après minuit lundi. Ce chiffre représente exactement le double des homicides enregistrés à la même date en 2024 et dépasse même le bilan de janvier 2023, année où la violence avait culminé avec 244 meurtres.

Face à cette recrudescence, la police a lancé, le 28 janvier, une vaste opération dans la ville arabe israélienne d’Umm al-Fahm, affirmant vouloir renforcer la sécurité et lutter contre le crime organisé.

Cette intervention de la police a suscité l’indignation des dirigeants de la communauté arabe, qui dénoncent une action inefficace et intrusive.

« Ce qui s’est passé mardi n’aurait pas dû avoir lieu », a déclaré le maire d’Umm al-Fahm, Samir Mahamed, qui a accusé les policiers d’avoir mené des perquisitions arbitraires et injustifiées dans les domiciles et commerces de citoyens respectueux de la loi.

Mahamed a également confié au Times of Israel que les autorités locales n’avaient pas été informées de l’opération.

Dr Samir Sobhi Mahamed, maire de la ville arabe israélienne d’Umm al-Fahm, dans son bureau, le 4 février 2020. (Crédit : AP Photo/Oded Balilty)

« Je ne savais absolument pas ce qui se passait, il n’y avait aucune coordination », a-t-il déclaré. « Soudain, j’ai commencé à recevoir des appels d’habitants, alors j’ai appelé le commandant du poste qui m’a dit que oui, une opération était bien en cours dans la ville. »

Face à l’opération policière, la municipalité d’Umm al-Fahm a publié un communiqué dénonçant une intervention « insultante et humiliante », reprochant aux forces de l’ordre d’avoir « transformé la ville en une caserne militaire ».

La police a, quant à elle, salué le succès de l’opération une fois celle-ci terminée. Plus d’un millier d’agents ont participé à la manœuvre, qui a abouti à 31 arrestations pour des délits économiques et des infractions sur le lieu de travail, à la mise hors circulation de 33 véhicules non autorisés, ainsi qu’à la saisie de cinq kilos de drogue.

Mais l’effet dissuasif espéré par la police s’est rapidement estompé. Dès vendredi, trois habitants d’Umm al-Fahm ont été assassinés lors d’une fusillade et d’un attentat à la voiture piégée, le dernier jour du mois de janvier.

Des officiers de police se regroupent lors d’une opération de 24 heures à Umm al-Fahm pour réprimer les crimes violents, le 28 janvier 2025. (Crédit : Police israélienne)

L’incident a débuté avec Ahmad Jabarin, 25 ans, qui a été pris pour cible alors qu’il circulait à moto. Grièvement blessé par balles, il s’est effondré sur la chaussée. Tandis que des passants tentaient de lui porter secours, une voiture a foncé dans la foule, tuant Jabarin et Ribhi Ramadan Mahamed, 54 ans, et blessant quatre autres personnes.

L’un des blessés, Ezzeldin Musa Mahamed, a succombé à ses blessures à l’hôpital dimanche matin.

Plus tard dans la journée, la police a annoncé l’arrestation de trois suspects en lien avec l’attentat. Mais pour de nombreux habitants, ces interpellations restent insuffisantes face à l’ampleur de la criminalité qui gangrène les villes arabes. Les experts estiment que cette violence s’auto-alimente, créant un cercle vicieux dont les habitants sont les premières victimes.

« Pourquoi cette tragédie doit-elle frapper chaque foyer d’Umm al-Fahm ? », s’est interrogé Abdel-Moneim Mahamed, qui pleure son frère Ezzeldin, dans des commentaires repris par le site d’information Ynet. « Nous devons mettre fin à cette violence. La responsabilité incombe à la police et à l’État. Les civils sont impuissants. »

Illustration – La scène de l’explosion d’une voiture dans la ville centrale de Lod, le 26 juillet 2023. (Crédit : Police israélienne)

Ahmad Tibi, député radical de longue date de la Knesset et chef du parti Taal, a dénoncé l’incapacité des forces de l’ordre à endiguer l’influence grandissante des organisations criminelles, qui ont, selon lui, prospéré à la faveur de longues années de négligence policière.

« La police est largement absente de la société arabe. Ce que les habitants perçoivent, en revanche, c’est la domination des organisations criminelles », a déclaré Tibi au Times of Israel. « Ces groupes fonctionnent comme un État dans l’État : ils imposent leurs lois, assassinent sans relâche, et la police ne parvient pas à les arrêter. »

Il a attribué l’escalade de la violence à l’échec de la police dans la résolution des affaires de meurtre au sein de la communauté arabe. Selon un rapport annuel du groupe de coexistence Abraham Initiatives, moins de 15 % des homicides commis l’année dernière dans le secteur arabe ont été élucidés.

La scène d’un triple meurtre à Umm al-Fahm le 31 janvier 2025. (Crédit : Magen David Adom)

« Il n’y a ni justice, ni dissuasion. Celui qui tue aujourd’hui recommencera demain », a averti Tibi.

Yoni Arie, qui dirige le projet Safe Communities d’Abraham Initiatives, a qualifié l’opération de mardi de « détournement cynique » de la lutte contre la criminalité. « Ils utilisent cette cause essentielle pour faire tout ce qu’ils veulent, sans que cela n’ait un véritable impact sur les organisations criminelles », critique-t-il.

Arie souligne notamment que parmi les cibles de l’opération policière menée à Umm al-Fahm, figuraient les bureaux d’un programme de médiation communautaire destiné à désamorcer les conflits intracommunautaires, mais dont l’un des fondateurs n’est autre que le cheikh Raed Salah, figure religieuse extrémiste, plusieurs fois emprisonnée pour incitation au terrorisme.

L’organisme de médiation, censé « répandre la paix », a mis en place un cadre unifié pour les comités de réconciliation locaux, dont la mission est de prévenir les vendettas et résoudre les conflits pouvant dégénérer en violences meurtrières.

Cheikh Raed Salah (au centre gauche), le leader de la branche du nord du Mouvement islamique en Israël célébrant sa sortie de prison avec ses partisans, dans la ville d’Umm al-Fahm, dans le nord d’Israël, le 13 décembre 2021. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Malgré son rôle dans la médiation communautaire, l’organisme a été interdit par le ministre de la Défense, Israel Katz, en raison de ses liens avec Salah, chef de la branche nord du Mouvement islamique.

La police a justifié cette interdiction en affirmant que le programme servait de couverture à Salah pour poursuivre ses activités politiques islamistes. Mais la décision a suscité un tollé parmi les dirigeants arabes israéliens, qui la jugent contre-productive et dangereuse.

Mahamed a défendu l’initiative, affirmant qu’elle avait permis de résoudre 1 600 conflits intracommunautaires au cours de l’année écoulée.

Le député Mansour Abbas, président du parti Raam, issu de la branche sud plus modérée du Mouvement islamique, a également critiqué la décision des autorités. Il a mis en garde contre ses conséquences potentielles sur la lutte contre la criminalité violente.

Lors d’une réunion qui s’est tenue jeudi à Nazareth, les membres du Haut comité de suivi des citoyens arabes d’Israël, l’un des principaux organes de coordination de la minorité arabe, ont exprimé leur ferme opposition à cette interdiction.

Déterminés à contester la décision, les membres du comité ont annoncé leur intention de faire appel auprès du ministère de la Défense. En cas de rejet, ils prévoient de saisir la Haute Cour de justice, espérant obtenir l’annulation de l’interdiction par voie légale.

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