La sonde israélienne Bereshit se prépare à alunir
La sonde israélienne se sert de ses moteurs pour réduire la distance de la lune et amorcer son alunissage
Après être entrée dans l’orbite lunaire la semaine dernière, la sonde spatiale Bereshit a effectué avec succès une autre manœuvre pour entrer dans des orbites plus petites autour de la lune, avant de tenter un alunissage le 11 avril dans la Mer de Sérénité.
Dimanche, tous les moteurs de Bereshit ont été allumés pendant 271 secondes, consommant 55 kg du combustible qui lui reste.
La manœuvre a permis de réduire la distance de la sonde par rapport à la lune de 10 400 kilomètres à seulement 750 kilomètres. Le point le plus proche dans son orbite est resté à 460 kilomètres de la la surface de l’orbite.
Dans les quatre jours qui restent jusqu’à la tentative d’alunissage, les ingénieurs vont réaliser une série de manœuvres pour transformer l’orbite elliptique actuelle de Bereshit en orbite circulaire à 200 kilomètres de la surface de la lune.
Jeudi, les ingénieurs de Bereshit ont exécuté la manœuvre la plus compliquée, un saut de l’espace parfaitement exécuté qui a permis à la sonde de la taille d’une voiture de passer d’une orbite autour de la Terre à une orbite autour de la lune – faisant d’Israël le septième pays dans le monde à réussir cet exploit.
Afin que la sonde réussisse à entrer dans l’orbite autour de la lune, Bereshit a dû ralentir de 8 500 kilomètres par heure à 7 500 kilomètres par heure. Même si cela peut encore sembler très rapide pour de simples humains, pour des ingénieurs, c’est l’équivalent orbital de piler sur les freins. Les ingénieurs ont accompli cela en retournant la sonde, de sorte que ses moteurs poussent dans la direction opposée, réduisant ainsi la vitesse.
Il a fallu environ neuf minutes aux huit différents moteurs pour lentement ralentir la sonde dans la bonne direction, et un peu moins de six minutes pour que les moteurs réduisent la sonde à la vitesse correcte.
Les Etats-Unis, la Russie (en tant qu’URSS), le Japon, la Chine, l’Agence spatiale européenne et l’Inde ont tous réalisé des orbites autour de la lune avec des sondes, mais seulement les Etats-Unis, la Russie et la Chine ont réussi à alunir ; les autres sondes ont perdu le contrôle et se sont écrasées à la surface.
Si Israël parvient à alunir le 11 avril comme prévu, il s’agira de la première fois qu’une expédition financée par le privé y arrive.
La sonde à 370 millions de shekels (91 millions d’euros) est un programme commun entre l’ONG israélienne SpaceIL et les Industries aérospatiales d’Israël, financé presque entièrement par des donations de philanthropes juifs célèbres.
« Il y a un risque important pour que nous nous écrasions, a déclaré Ofer Doron, directeur général de la division espace des Industries aérospatiales d’Israël. C’est très dangereux, il est difficile de prédire si nous allons réussir ».
Au total, la sonde a voyagé presque 6 millions de kilomètres et il lui reste encore un demi-million de kilomètres à parcourir. C’est le voyage le plus lent et le plus long jamais effectué par une sonde vers la lune. La distance de la Terre à la lune est en moyenne d’environ 385 000 kilomètres.
En utilisant la force gravitationnelle de la terre et de la lune et en activant seulement les moteurs aux points les plus proches et les plus éloignés des ellipses, les ingénieurs ont pu réduire drastiquement le volume de combustible nécessaire pour le voyage. Le combustible représente toujours la majorité du poids de Bereshit. Au lancement, la sonde pesait un total de 600 kilogrammes, dont 440 kilogrammes étaient du combustible.
Bereshit, qui signifie « Genèse » en hébreu, a décollé le 22 février de Cap Canaveral en Floride au sommet d’une fusée Falcon 9 de SpaceX, compagnie privée et basée au Etats-Unis, de l’entrepreneur Elon Musk.
Le projet a été lancé alors qu’Israël est entré dans le défi Google LunarX pour que des groupes non-gouvernementaux lancent un vaisseau spatial vers la lune. Google a mis un terme à la compétition en 2018 sans avoir de vainqueur, mais l’équipe israélienne a décidé de continuer ses efforts de manière privée.
Si Bereshit réussit à alunir le 11 avril, le vaisseau spatial devrait mener deux ou trois jours d’expérience pour collecter des données sur les champs magnétiques de la lune avant de s’éteindre. Il restera sur la lune, peut-être jusqu’à la fin du système solaire, s’ajoutant aux environ 181 000 kilogrammes de débris produits par l’homme qui jonchent la surface lunaire.