Lapid demande un vote de défiance contre Netanyahu; Gantz dit ne pas le soutenir
La tentative du chef de l'opposition Yair Lapid est vouée à l'échec dans la mesure où le soutien du parti Kakhol lavan est nécessaire pour renverser et remplacer le gouvernement

Le chef de l’opposition Yair Lapid a exhorté lundi ses collègues députés à soutenir le vote de « défiance constructive » de son parti Yesh Atid, prévu pour plus tard dans la journée, qui évincerait le Premier ministre Benjamin Netanyahu et remplacerait le gouvernement actuel par un autre s’il remporte 61 voix.
Cependant, la motion semble n’avoir aucune chance de succès après que le ministre de la Défense Benny Gantz, dont le parti Kakhol lavan doit la soutenir pour que la motion soit adoptée, a précisé que son parti ne votera pas pour elle.
Lapid a appelé Gantz et le ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, également de Kakhol lavan, à rompre les rangs de la coalition pour voter aux côtés de l’opposition, et a demandé au Parti travailliste, qui a rejoint la coalition au pouvoir malgré les promesses de campagne contraires, d’en faire autant. Gantz et Ashkenazi sont tous deux d’anciens partenaires de Lapid, qui ont scindé leur liste centriste pour rejoindre le gouvernement de Netanyahu.
Lapid appelle à un nouveau gouvernement dirigé par lui-même, avec Kakhol lavan, le Parti travailliste, le parti d’Avigdor Liberman, Yisrael Beytenu, et le parti de Naftali Bennett, Yamina. Ce dernier a également déclaré qu’il ne soutiendrait pas cette initiative.
« Celui qui ne vote pas en faveur de cette proposition est un lâche », a déclaré M. Lapid lors d’une réunion de la faction Yesh Atid à la Knesset. « Ce gouvernement n’est pas apte à gérer la crise [du coronavirus]. »
« Un seul vote, dans quelques heures, et ce soir, Netanyahu ne sera plus Premier ministre. Sans élections, sans chaos », a déclaré M. Lapid. « Benny Gantz sera ministre de la Défense. Gabi Ashkenazi sera ministre des Affaires étrangères. Avi Nissenkorn sera ministre de la Justice. Avigdor Liberman et Naftali Bennett seront des ministres de haut rang. Quelqu’un doute-t-il qu’un tel gouvernement puisse mieux gérer la crise ? »
« Yesh Atid propose aujourd’hui une motion de défiance constructive à l’égard du gouvernement Netanyahu. Le Premier ministre a échoué dans la gestion de la crise. Quiconque sait cela et ne vote pas la défiance est tout simplement un lâche », a-t-il ajouté.

Mais Gantz a déclaré lors d’une réunion de faction plus tard dans la journée que Kakhol lavan ne voterait pas pour la motion de défiance, réduisant ainsi les chances d’adoption de la proposition.
Pourtant, il a déclaré que « toutes les options étaient sur la table », avertissant Netanyahu que Kakhol lavan pourrait faire pression pour le destituer si l’appel de Gantz pour un budget couvrant 2021 à adopter avant la fin de l’année n’était pas entendu.
Le Likud de Netanyahu et Kakhol lavan se sont disputés à propos du budget de l’Etat. Gantz veut un budget jusqu’en 2021, alors que Netanyahu en réclame un qui ne couvrira que jusqu’à la fin décembre, ce qui pourrait lui permettre d’aller vers des élections automatiques sans avoir à céder le poste de Premier ministre à Gantz à la fin de l’année prochaine dans le cadre de leur accord de partage du pouvoir.
« Jusqu’à présent, nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir pour permettre à ce gouvernement de fonctionner et de placer le sort de l’État au premier rang des priorités », a déclaré M. Gantz. « Ils nous ont traités de lâches et nous nous sommes retenus. Ils nous ont traités de faibles et nous nous sommes retenus. Ce chapitre est terminé. Il n’y aura plus de retenue. »
Les sessions d’hiver de la Knesset se sont ouvertes officiellement lundi avec un ordre du jour chargé et beaucoup d’échanges de coups entre les partis de la coalition.
La session s’ouvre après des jours de querelles de plus en plus acerbes entre le Likud et Kakhol lavan, chaque parti accusant l’autre de ne pas respecter les accords de coalition, de politiser la lutte contre le coronavirus et d’entraîner inutilement le pays dans des élections anticipées – des questions qui ont été des thèmes récurrents depuis la mise en place du gouvernement d’unité en début d’année.