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Knesset : La session d’hiver s’ouvre dans l’ombre des querelles de coalition

Un ministre Kakhol lavan dit que le confinement a été décidé par Netanyahu pour épargner ses alliés haredim ; le président de la Knesset dénonce une "conduite populiste"

Le Premier ministre d'alternance et ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'un vote pour repousser l'échéance budgétaire et ainsi éviter de nouvelles élections, à la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)
Le Premier ministre d'alternance et ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'un vote pour repousser l'échéance budgétaire et ainsi éviter de nouvelles élections, à la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon / POOL)

La session hivernale de la Knesset a officiellement ouvert, lundi, avec de nombreux ordres du jour à débattre – et un lot de querelles entre les partis de la coalition.

Cette session s’ouvre après plusieurs journées de vives querelles de plus en plus acerbes entre le Likud et Kakhol lavan, chacune des deux formations accusant l’autre de ne pas se conformer aux accords de coalition, de politiser la lutte contre le coronavirus et d’entraîner le pays vers un scrutin anticipé sans nécessité – autant de problématiques qui ont marqué en permanence le gouvernement d’unité depuis sa création en début d’année.

Le ministre de la Culture Chili Tropper, de Kakhol lavan, a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’avoir imposé le confinement national qui a commencé il y a trois semaines pour des raisons politiques à court-terme, estimant qu’il avait entraîné d’importants dommages à l’économie au nom de profits politiques personnels.

« Trop de considérations personnelles interviennent dans le processus décisionnaire », a déclaré Tropper, un proche du leader de Kakhol lavan et ministre de la Défense Benny Gantz.

« La crainte d’avoir à affronter ses partenaires politiques » – une référence aux partis politiques ultra-orthodoxes – a abouti sur la décision de Netanyahu de ne pas recourir au confinement localisé dans les secteurs où les taux d’infection sont élevés, préférant plutôt mettre en place un confinement total du pays, a-t-il dit dans une interview accordée lundi matin au radiodiffuseur Kan.

Les leaders Haredim ont affirmé que le plan dit des « feux de signalisation » – à l’aide des couleurs rouge, orange et verte – consistant à sceller les zones particulièrement impactées par l’épidémie tout en laissant le reste de l’économie fonctionner, stigmatisait de manière injuste les villes ultra-orthodoxes — là où le virus circule le plus vite, selon les statistiques des résultats des tests de dépistage. Un confinement national a donc été imposé, même si de nombreux experts ont indiqué que cette initiative était néanmoins justifiée compte-tenu du taux élevé d’infection dans le pays.

Chili Tropper, élu de Kakhol lavan, à la Knesset, le 29 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Tropper a également critiqué Netanyahu pour les retards accumulés dans l’adoption d’un budget pour l’année 2021, en dépit du fait que l’adoption de ce budget entrait dans le cadre de l’accord de coalition qui avait été signé, au mois de mars, par le Premier ministre.

« Ce n’est même pas un combat politique, c’est un combat pour sauver des vies », a-t-il dit. « C’est insensé d’adopter un budget pour l’année 2020 pour seulement une semaine. »

Le budget 2020 doit être approuvé d’ici le 23 décembre, après que l’échéance qui était initialement fixée au mois de mars a été reportée à deux reprises par une législation spéciale.

Le ministre des Sciences, Yizhar Shai, qui appartient lui aussi à Kakhol lavan, a déclaré que son parti était « l’adulte responsable » au sein de la coalition et a accusé les tergiversations du Likud sur le budget de représenter le « choix de la politique cynique au détriment des citoyens israéliens ».

Sous les dispositions de l’accord de coalition entre le Likud et Kakhol lavan, Netanyahu ne serait en mesure de rester Premier ministre dans un gouvernement intérimaire que dans le cas où le gouvernement échoue à adopter un budget – une manœuvre que tenterait de réaliser le chef du gouvernement, selon certains.

Le dernier budget approuvé par la Knesset l’avait été au mois de mars 2018, et il était resté en vigueur jusqu’à la fin 2019. L’absence de budget global, en 2020, avait laissé les ministères aux prises avec des manques de fonds inattendus et avait rendu difficile toute planification de projet. De nombreuses organisations, et notamment celles qui sont responsables de la mise en œuvre des programmes les plus importants pour les jeunes en situation à risque dans le pays, avaient été dans l’obligation de fermer leurs portes pendant une partie de l’année, le soutien gouvernemental s’étant asséché. Certains responsables du Trésor ont averti que la note de crédit d’Israël qui est attribuée par des agences internationales pourrait également en pâtir.

Le ministre du Tourisme Yariv Levin à l’hôtel Kfar Maccabia à Ramat Gan, le 27 octobre 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

Pour sa part, le président de la Knesset issu du Likud, Yariv Levin, a attribué la responsabilité du confinement national à Kakhol lavan, disant que la « conduite populiste » du parti centriste avait placé le gouvernement dans l’incapacité de prendre en charge correctement la crise entraînée par le coronavirus.

« Personne ne souhaite manifestement faire fermer les entreprises, mais dans tout pays dont la gestion n’est pas assurée avec responsabilité, dans tout pays qui ne ferme pas lorsqu’il faut le faire, on finit par devoir se plier à des confinements plus longs et plus préjudiciables », a-t-il déclaré au micro de la radio israélienne.

« Et c’est malheureusement ce qui est arrivé à cause de la conduite populiste de Kakhol lavan », a-t-il ajouté.

Il a insisté sur le fait que le gouvernement travaillait sur un budget de l’Etat pour 2020 et 2021, mais a laissé entendre que le budget de cette dernière année pourrait ne pas être prêt à temps pour empêcher des élections anticipées avant la date limite de son adoption en mars. « Il est clair qu’avec l’énorme incertitude actuelle, notre capacité à nous engager un an à l’avance est presque inexistante. »

Les dernières dissensions font suite à des rumeurs dimanche selon lesquelles Kakhol lavan aurait imaginé un nouveau gouvernement au sein de l’actuelle Knesset, sans le Likud.

Le député Yair Lapid, dirigeant du parti Yesh Atid, s’exprime lors du plénum de la Knesset à Jérusalem, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon/Pool)

« Kakhol lavan a passé un accord avec [le chef de Yesh Atid Yair] Lapid sur la formation d’un gouvernement minoritaire avec Balad et la Liste arabe unie », a déclaré le député Likud Miki Zohar dimanche.

« Il s’avère qu’ils sont revenus une fois de plus à l’option d’Ayman Odeh et d’Ahmad Tibi », a-t-il déclaré, en nommant deux hommes politiques du parti à majorité arabe. « Kakhol lavan n’est plus un partenaire de coalition, mais un danger pour la nation. »

Dimanche, Kakhol lavan s’est moqué de Zohar, en déclarant : « Miki, même au Likud, ils ne te prennent pas au sérieux. Continue de parler parce que c’est la seule chose que tu sais faire, et pas très bien non plus. »

Depuis que le gouvernement a été formé, il est déchiré par des querelles entre le Likud de Benjamin Netanyahu et Kakhol lavan de Benny Gantz.

Les dirigeants de l’opposition ont œuvré à rendre compliqué la mise en place d’une coalition pérenne. Le chef de Yesh Atid et leader de l’opposition, le député Yair Lapid, a proposé une motion de défiance qui doit être soumise au vote lundi. Cette motion entraînerait la dissolution de la coalition si elle remporte 61 voix – un scénario très improbable.

Le ministre de la Défense Benny Gantz (à gauche) s’entretient avec Miki Zohar, membre au Parlement pour le Likud, lors d’un vote à la Knesset, le 24 août 2020. (Oren Ben Hakoon/POOL via Flash 90)

« En fin de compte, c’est une décision simple. Soit ils font confiance à Netanyahu, qui a échoué, soit ils ne lui font pas confiance. Tout le reste ne sont que des excuses de politiciens lâches. Demain, c’est le test », a tweeté Lapid.

Le parti d’opposition de droite Yamina a déclaré qu’il ne soutiendrait pas la disposition.

Lapid a demandé à Gantz et au ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi, également de Kakhol lavan, de briser les rangs de la coalition pour voter aux côtés de l’opposition, et a demandé au Parti travailliste, qui a rejoint la coalition au pouvoir malgré les promesses de campagne contre cette décision, d’en faire autant. Gantz et Ashkenazi sont tous deux d’anciens partenaires de Lapid, mais ont scindé la liste centriste pour rejoindre le gouvernement de Netanyahu.

Samedi également, le député du Likud Gideon Saar, principal rival de Netanyahu au sein du parti du Likud, a annoncé qu’il quitterait son poste au sein de la commission de la Constitution, du droit et de la justice de la Knesset, affirmant que la réglementation d’urgence sur le virus avait transformé la législature en une simple formalité pour le gouvernement.

La dissolution de la Knesset n’a été évitée que de justesse en août, lorsqu’une loi retardant l’adoption du budget de l’État jusqu’à la fin décembre a été adoptée à la dernière minute. Si la Knesset ne parvient pas à adopter un budget à la nouvelle date, le pays entrera dans de nouvelles élections – le quatrième vote national en environ deux ans.

Le plénum de la Knesset, le 22 juillet 2020. (Capture d’écran : Chaîne de la Knesset)

Les partis se battent depuis des mois au sujet du budget de l’État, le Premier ministre insistant pour ne pas adopter un budget 2021 cette année – en violation des accords de coalition.

Netanyahu affirme que sa volte-face est due à la nature imprévisible de la pandémie de coronavirus, tandis que Gantz soupçonne qu’elle ne fasse partie d’un dessein visant à lui refuser le poste de Premier ministre l’année prochaine, comme l’exige l’accord de rotation.

L’accord de partage du pouvoir entre les parties stipule que Gantz deviendra Premier ministre en novembre 2021. Il stipule également que, si un parti rompt la coalition pour convoquer des élections, l’autre parti prend automatiquement le poste de Premier ministre à l’approche d’un nouveau vote national. Toutefois, il existe une seule exception à cette règle, à savoir le budget de l’État : si le budget de l’État n’est pas adopté dans le délai légal, des élections seront automatiquement organisées et le Premier ministre conservera son poste. Cela est considéré comme une faille qui permet à Netanyahu d’avoir une « fenêtre de sortie » pour les élections sans perdre son siège.

Netanyahu dispose actuellement de deux fenêtres de ce type : l’adoption du budget 2020, longtemps retardé, d’ici le 23 décembre, et l’adoption du budget 2021 d’ici le mois de mars de l’année prochaine. Le non-respect de l’une ou l’autre de ces échéances déclenchera des élections automatiques.

Kakhol lavan veut que le budget 2020-2021 soit adopté d’ici décembre, pour éviter que Netanyahu n’ait l’option, en mars, de provoquer des élections. De son côté, l’accord de coalition stipule qu’un budget de deux ans sera adopté cette année.

Les sondages montrent que Kakhol lavan perdrait 8 à 10 sièges si des élections avaient lieu aujourd’hui. Le Likud a également vu ses perspectives s’assombrir, avec un sondage la semaine dernière montrant qu’il était tombé à 26 sièges, soit seulement trois de plus que le parti nationaliste de droite Yamina.

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