Lapid visite le champ gazier de Karish sous les menaces du Hezbollah
Le Premier ministre souligne le potentiel économique, mais dit que les négociations doivent aboutir pour permettre à Beyrouth d'en profiter aussi
Le Premier ministre Yair Lapid a survolé mardi le champ gazier de Karish, où on lui a donné une vue d’ensemble détaillée de la plateforme, malgré les craintes d’une escalade avec le groupe terroriste libanais du Hezbollah.
Lapid a vanté le potentiel des réserves de gaz d’Israël pour atténuer la crise énergétique mondiale actuelle et a noté que le Liban pourrait également en bénéficier si les négociations entre les deux pays sur leur différend maritime étaient couronnées de succès.
« La nouvelle plateforme est l’avenir de l’énergie pour l’État d’Israël et une opportunité économique qui inclut l’exportation de gaz vers l’Égypte et l’Europe, dont chaque Israélien bénéficiera dans un avenir pas trop lointain », a déclaré le Premier ministre.
Le Hezbollah a récemment intensifié sa rhétorique et ses actions concernant le différend frontalier après qu’Israël a déplacé un navire de forage de gaz naturel dans son champ de Karish, que le Liban considère comme une zone contestée. Dans un de ses gestes les plus audacieux, le Hezbollah a envoyé quatre drones vers la plate-forme de Karish il y a environ trois semaines, qui ont tous été interceptés par Tsahal.
La semaine dernière, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a averti que les drones qui avaient été envoyés vers le site de Karish n’étaient « que le début » et que son groupe était prêt à entrer en guerre pour le champ.
Le Premier ministre Yair Lapid et le ministre de la Défense Benny Gantz ont lancé mardi un avertissement sévère au Hezbollah, un jour après que le groupe terroriste a vraisemblablement fait voler un autre drone au-dessus de la frontière avec Israël.
« Israël est préparé et prêt à agir contre toute menace. Nous ne nous dirigeons pas vers une confrontation, mais quiconque tente de porter atteinte à notre souveraineté ou aux citoyens d’Israël comprendra vite qu’il a commis une grave erreur », a déclaré Lapid lors d’une visite du Commandement du Nord de l’armée et de la frontière libanaise.
Gantz a déclaré qu’Israël était « prêt à faire beaucoup pour que ses voisins prospèrent, et est prêt à agir tout le temps pour protéger ses citoyens ».
« S’ils choisissent la voie de la stabilité, ils aideront les citoyens du Liban », a-t-il ajouté.
Israël est actuellement engagé dans une médiation avec le Liban au sujet des droits sur le champ gazier offshore.
Le mois dernier, l’envoyé américain pour l’énergie, Amos Hochstein, avait discuté avec l’équipe de négociation d’Israël d’une proposition libanaise pour parvenir à une solution.
Selon Hochstein, le Liban avait accepté d’abandonner ses demandes de contrôle d’une partie du champ de Karish revendiqué par Israël, demandant en échange le contrôle total du gisement de gaz de Qana qui chevauche également les zones économiques offshore des deux pays.
Dans une tentative apparente de torpiller les efforts, le ministre libanais des travaux publics, Ali Hamieh, affilié au Hezbollah, a exigé lundi qu’Israël donne au Liban le contrôle d’un tunnel ferroviaire fermé depuis longtemps, qui part de la ville frontalière au nord d’Israël, Rosh Hanikra, et s’étend sur des centaines de mètres au Liban.
Israël et le Liban n’entretiennent pas de relations diplomatiques et sont techniquement en état de guerre. Ils revendiquent chacun environ 860 kilomètres carrés de la mer Méditerranée comme faisant partie de leurs zones économiques exclusives.
Israël maintient sa souveraineté sur le champ gazier de Karish et cherche à le développer afin de se positionner comme fournisseur de gaz naturel pour l’Europe.
Israël, l’Égypte et l’Union européenne ont signé en juin, un protocole d’accord au Caire qui permettra à Israël d’exporter son gaz naturel vers l’Union pour la première fois.
Emanuel Fabian a contribué à cet article.