L’attaque du Hamas samedi, le jour le plus sanglant pour les Juifs depuis la Shoah ?
Outre les comparaisons avec le 11 septembre et Pearl Harbor, l'affirmation selon laquelle il s'agit du "jour le plus sombre de l'Histoire juive depuis la fin de la Shoah" semble être exacte
Alors que le bilan de l’assaut terroriste de samedi contre Israël s’alourdit, les Israéliens et les Juifs du monde entier ont cherché des analogies pour expliquer l’ampleur de la tragédie, qualifiant l’invasion de « 11 septembre israélien » ou de « Pearl Harbor israélien ».
D’autres ont tenté de relativiser le nombre de morts, qui s’élève aujourd’hui à 700 soldats et civils, en le comparant à une tragédie bien plus meurtrière : la Shoah.
« Depuis la Shoah, aucun Juif n’a été tué en aussi grand nombre en une seule journée. Laissez-vous convaincre », peut-on lire dans une publication Instagram de Daniella Greenbaum, ancienne productrice de l’émission « The View ». Greenbaum a ajouté : « Je n’ai pas de mots. Mon cœur est brisé. Mon âme est en feu. »
Eylon Levy, ancien porte-parole du président israélien Isaac Herzog, a publié un message en ligne.
« Il n’est pas exagéré de dire qu’hier a été le jour le plus sombre de l’histoire juive depuis la fin de la Shoah. »
Lazar Berman, correspondant diplomatique du Times of Israel, a cité la même référence : « Le 7 octobre 2023 a vu le plus grand nombre de Juifs massacrés en une seule journée depuis la Shoah. »
L’affirmation semble exacte. Il y a eu des journées sanglantes dans l’Histoire d’Israël et pour les Juifs du monde entier depuis 1945, mais aucune n’a fait autant de victimes civiles. Les guerres israéliennes ont fait plus de victimes dans l’ensemble, mais aucune n’a vu autant de civils assassinés en une seule journée.
La guerre la plus sanglante d’Israël a été la Guerre d’Indépendance, au cours de laquelle 6 000 citoyens de l’État naissant ont péri dans les combats. Mais ce chiffre est généralement comptabilisé entre le 29 novembre 1947 et 1949, date à laquelle les combats ont cessé, soit une période de près de deux ans. La majorité des victimes étaient des soldats, et non des civils.
L’attaque de samedi est également comparée à la Guerre de Kippour, un autre conflit au cours duquel l’armée israélienne a été prise au dépourvu lors du jour le plus solennel du calendrier juif. L’attaque du Hamas est intervenue au lendemain du 50e anniversaire de cette guerre.
Dimanche, deux journaux rivaux du pays ont publié des titres presque identiques, déclarant tous deux qu’une guerre avait éclaté et comparant l’attaque du Hamas à la guerre de 1973. L’un d’eux titrait : « La négligence de 73, la négligence de 23 ».
Mais si plus de 2 000 soldats sont morts en plus de deux semaines en 1973, le nombre de civils israéliens tués lors de cette guerre est très faible.
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— העין השביעית (@the7i) October 8, 2023
Plus récemment, les Israéliens estiment à environ 1 000 le nombre de victimes des attentats terroristes de la Seconde Intifada, une période qui s’étend traditionnellement de la fin de l’année 2000 à la mi-2005. L’attentat à la bombe le plus meurtrier de cette intifada a été l’attaque du Park Hotel à Netanya – qui, comme l’attaque de samedi, a eu lieu lors d’une fête juive (dans ce cas, Pessah). Trente personnes avaient été tuées dans cet attentat.
Depuis 1945, des meurtres de Juifs à grande échelle ont également eu lieu en dehors d’Israël, bien qu’ils aient fait moins de victimes que l’attaque de samedi.
En 1946, un pogrom à Kielce, en Pologne, avait fait au moins 42 morts juifs. L’attentat à la bombe contre le centre juif AMIA à Buenos Aires en 1994, que le Comité juif américain a qualifié « d’attentat antisémite le plus meurtrier en dehors d’Israël depuis la Shoah », avait fait 85 morts juifs.
En revanche, bien que les chiffres ne soient pas encore connus, il est clair qu’au moins plusieurs centaines de civils israéliens ont été tués samedi, en plus des soldats.