L’Autorité palestinienne accuse Trump de pousser « les colons extrémistes » au crime
Mahmoud Abbas se dit par ailleurs prêt à travailler avec le président en faveur de la paix « dans le cadre de la solution à deux États »

La levée des sanctions américaines contre des « colons extrémistes », annoncée par Donald Trump au premier jour de son nouveau mandat à la Maison Blanche, va les inciter à commettre plus de « crimes », a dénoncé mardi l’Autorité palestinienne (AP).
« La levée des sanctions contre les colons extrémistes les encourage à commettre davantage de crimes contre notre peuple », a déclaré le ministère des Affaires étrangères de l’AP dans un communiqué.
Il « alerte contre les tentatives d’escalade » en Cisjordanie, en vue d’instaurer « un chaos violent facilitant l’annexion » de ce territoire.
La décision de Trump « est le prix que Smotrich a obtenu en échange de son accord au cessez-le-feu à Gaza », a dénoncé mardi Moayad Shaaban, un ministre de l’Autorité palestinienne, en référence au ministre israélien des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich.
Elle « donne le feu vert aux colons pour commettre des crimes plus graves encore », a-t-il ajouté, redoutant un « véritable massacre dans un des nos villages ».
Trump a en effet révoqué lundi un décret de son prédécesseur Joe Biden qui avait permis de sanctionner des Israéliens accusés de violences contre des Palestiniens en Cisjordanie.
L’annulation du régime de sanctions était une priorité pour le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a soulevé la question lors de diverses réunions avec l’équipe de transition de Trump au cours des derniers mois.
Smotrich, a remercié mardi le « soutien inébranlable » de Donald Trump, après la décision de ce dernier de lever les sanctions américaines à l’égard d’éléments extrémistes israéliens de Cisjordanie.
« M. le Président, votre soutien inébranlable et sans compromission à l’Etat d’Israël est un témoignage de votre intense relation avec le peuple juif et notre droit historique sur notre terre », a écrit le ministre sur le réseau social X.
Trump a signé ce décret quelques heures seulement après une autre attaque de résidents d’implantations dans le village d’al-Funduq, dans le nord de la Cisjordanie.
Le décret signé par Biden a désigné 17 personnes et 16 entités, en huit groupes distincts, au cours de l’année écoulée. Il s’agit de résidents d’implantations qui, selon les États-Unis, ont participé à des attaques violentes contre des Palestiniens et à l’expropriation de terres palestiniennes, ainsi que d’avant-postes illégaux entiers dont les résidents ont pris part à de telles actions. L’administration Biden a même envisagé de sanctionner l’ex-ministre de la Sécurité nationale lui-même, ainsi que Smotrich, avant d’y renoncer. La dernière série de sanctions a toutefois désigné la branche du mouvement des résidents d’implantation chargée du développement d’Amana, ce qui a été considéré comme un coup dur.
Les dirigeants de ce même mouvement ont été invités à la cérémonie d’investiture de Trump lundi. Le chef du Conseil de Yesha, qui regroupe les résidents d’implantations, Yisrael Gantz, était présent dans le public de la Capital One Arena à Washington lorsque Trump a annoncé qu’il retournerait à la Maison Blanche pour signer d’autres décrets annulant de nombreuses politiques de Biden. Sa présence a mis en évidence la rapidité avec laquelle Washington a changé de position sur la question des implantations de Cisjordanie, que l’administration précédente considérait comme illégales au regard du droit international.
Lundi, le président de l’AP Mahmoud Abbas avait félicité le nouveau président américain, se déclarant prêt à coopérer avec lui pour aboutir à une « solution à deux États ».
« Nous sommes prêts à travailler avec vous pour obtenir la paix pendant votre mandat, avec une solution à deux États internationalement reconnus […] vivant côte-à-côte dans la sécurité et dans la paix », avait-il déclaré selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.
Vendredi, Abbas avait déclaré que l’AP était prête à « assumer pleinement ses responsabilités » dans la bande de Gaza, dans sa première réaction officielle à l’annonce d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le mouvement terroriste islamiste Hamas.
Le Hamas, qui a remporté les dernières élections législatives palestiniennes en 2006 et pris le pouvoir à Gaza en 2007, avait assuré au début de la guerre fin 2023 qu’il ne souhaitait pas gouverner la bande de Gaza après le conflit.
Des sources du Hamas ont indiqué à l’AFP qu’elles seraient prêtes à confier les affaires civiles de Gaza à une entité palestinienne.

Le gouvernement de Benjamin Netanyahu a pour sa part fait de la destruction du Hamas à Gaza un de ses objectifs de guerre.
Mais il a également signifié à maintes reprises sa ferme opposition à voir l’AP revenir à Gaza.
Lundi, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, n’a pas exclu la possibilité qu’Israël accepte que l’AP joue un rôle dans l’administration de la bande de Gaza après la fin de la guerre, mais seulement si l’AP se soumet à un processus de réforme en profondeur.
De son côté, le roi Abdallah II de Jordanie a également souhaité « du succès » au président Trump.
« Nous attachons une grande importance à notre partenariat avec les États-Unis et nous nous engageons à travailler avec vous pour un monde plus prospère et pacifique », a affirmé le roi jordanien dans une publication sur X en anglais.
Wishing President Donald Trump every success as he commences his second term. Congratulations on your inauguration, Mr. President. We greatly value our partnership with the United States and are committed to working with you towards a more prosperous and peaceful world
— عبدالله بن الحسين (@KingAbdullahII) January 20, 2025
Le cessez-le feu est entré en vigueur dimanche. Trois otages israéliennes ont pu rentrer chez elles et 90 prisonniers palestiniens ont été libérés par Israël, en vertu de l’échange prévu lors de cette première phase du cessez-le-feu, qui doit durer 42 jours.