Le cabinet de guerre « délégitime » le 7 octobre en ne rencontrant pas les familles d’otages, dit la mère d’une captive
Le frère d'un otage demande le boycott du Premier ministre et de son gouvernement ; Itay Chen, dont le fils Itay a été tué, raconte que Biden l'a appelé pour le réconforter - contrairement aux leaders israéliens
Les familles des otages retenus en captivité par le Hamas à Gaza ont fustigé le cabinet de guerre qui, ont-elles déclaré, refuse obstinément de les rencontrer. Un proche de captif a réclamé le boycott du Premier ministre Benjamin Netanyahu et de son gouvernement.
« Je me tiens devant vous, après 159 jours, et je supplie le cabinet et le Premier ministre de s’entretenir avec moi, d’accepter de me voir », a dit mercredi Danny Elgarat, dont le frère, Itzik Elgarat, se trouve actuellement dans les geôles du Hamas. Il s’est exprimé lors d’une déclaration à la presse, aux côtés d’autres proches des captifs.
« Et je vous le dis – c’est là mon point de vue – le Forum des Familles d’otages et de portés-disparus devrait boycotter le Premier ministre et le cabinet », a-t-il continué.
« Nous n’avons pas à marcher pendant cinq jours jusqu’à Jérusalem, nous n’avons pas à défiler depuis Reim jusqu’à la Place de Paris [dans le capitale] et ce n’est pas à nous de manifester devant la Kirya [le siège militaire de Tel Aviv]. C’est eux qui doivent venir ici et nous dire : ‘Nous sommes venus, nous avons envie de vous voir’. »
Le frère d’Elgarat figure parmi les 253 personnes qui avaient été prises en otage lors de l’attaque meurtrière commise par les hommes armés du Hamas en Israël, le 7 octobre – les terroristes palestiniens avaient tué environ 1 200 personnes, des civils en majorité, se livrant notamment à des crimes sexuels et à des actes de torture.
Plus de 130 otages israéliens sont encore à Gaza – des dizaines ont été déclarés morts par les autorités israéliennes – après la libération de plus d’une centaine de captifs dans le cadre d’une trêve d’une semaine qui avait eu lieu à la fin du mois de novembre.
« Il y a un mois, le Hamas a diffusé une vidéo qui montrait ma petite fille. Je vais me coucher avec cette image tous les soirs », a raconté Simona, la mère de Doron Steinbrecher qui est retenue en captivité à Gaza.
Elle a dit avoir demandé à rencontrer le cabinet de guerre « depuis des semaines pour obtenir des informations, une demande qui a été rejetée encore et encore, ce qui ne nous laisse que les médias ».
Meirav Leshem Gonen, la mère de l’otage Romi Gonen, a pour sa part accusé le cabinet de guerre de « délégitimer » le 7 octobre en refusant de rencontrer les proches des captifs.
« Je me tourne vers le cabinet : Quand vous refusez de nous rencontrer pendant trois mois, vous ne faites que délégitimer ce qui est arrivé le 7 octobre et c’est ce qui est le plus terrible pour ce pays », a-t-elle indiqué. « Cette souffrance est celle de la nation toute entière… La responsabilité vous en incombe ».
« Notre demande, avant tout, est de vous rencontrer, est que vous nous rencontriez », a-t-elle ajouté.
Mercredi également, le père d’un soldat israélien tué le 7 octobre a appelé à la finalisation d’un accord sur les otages garantissant que le corps sans vie de son fils sera rapatrié. Il a dit qu’il vivait un enfer, vingt-quatre heures après avoir appris la nouvelle du décès de son fils.
Itay Chen était stationné le long de la frontière quand le Hamas avait lancé son assaut transfrontalier, attaquant brutalement les communautés et les bases militaires du sud d’Israël – un massacre qui a été à l’origine de la guerre à Gaza, qui dure depuis cinq mois.
Jusqu’à présent, les autorités israéliennes pensaient que ce ressortissant israélo-américain était gardé en captivité dans la bande, en vie. L’armée a néanmoins confirmé sa mort dans la journée de mardi.
« Nous savions qu’ils étaient en train de se battre et nous avions perdu le contact avec lui, ou l’armée avait perdu le contact avec lui après quelques heures », a commenté auprès de Reuters le père d’Itay, Ruby Chen. « L’analyse de la situation, après un jour ou deux, avait été qu’il avait été kidnappé par le Hamas. Et il se trouve encore à Gaza à l’instant même où nous sommes en train de parler ».
« Même si nous avons reçu des informations qui laissent réellement penser qu’Itay n’est plus en vie, nous avons encore besoin d’un accord sur les otages, parce que… la nécessité fondamentale en matière de droits humains – je pense que tout le monde pourra s’accorder là-dessus – est que nous puissions lui organiser des funérailles », a-t-il ajouté.
Ruby Chen a expliqué que la famille avait reçu un appel de condoléances au téléphone de la part du président américain Joe Biden, qui avait personnellement annoncé auparavant la mort du jeune homme âgé de 19 ans.
« Cela a beaucoup signifié, pour nous, de l’entendre nous parler avec humanité, de l’entendre nous dire qu’il comprenait notre douleur, la douleur de la perte d’un être cher », a continué Chen. « Je ne pense pas que nous aurions pu avoir une administration plus amicale, plus compatissante, plus sympathique que l’administration Biden. »
Dans un entretien distinct avec la Douzième chaîne, Chen a noté que Biden lui avait donné son numéro de téléphone, lui disant qu’il serait toujours disponible pour lui. Alors qu’il lui était demandé s’il avait été contacté par les dirigeants israéliens, Chen a répondu qu’il préférait ne pas répondre à cette question.
« En tant que père, en tant que parent, vous voulez pouvoir retrouver votre fils, vous voulez pouvoir faire votre deuil », a dit Chen à Reuters, appelant le Hamas à lui rendre la dépouille d’Itay. « Et je le demande au Hamas : êtes-vous humain ? Ou souhaitez-vous continuer à infliger des souffrances, juste pour le plaisir de la souffrance ? »
Reuters a contribué à cet article.