Le cannabis médical autorisé dans une trentaine de pays
Les députés français ont donné leur feu vert à une expérimentation ; Israël fait partie des précurseurs et permet à certains malades de soulager la douleur grâce à cette plante
Le cannabis à usage médical, dont une expérimentation a reçu vendredi le feu vert des députés français, est autorisé dans une trentaine de pays, après avoir connu ces 10 dernières années une forte expansion qui a aiguisé l’appétit des pays producteurs.
Les précurseurs : Canada, Pays-Bas et Israël
Le Canada se lance en 2001. Les Canadiens atteints de certaines maladies lourdes ou incurables, comme le sida et le cancer, peuvent recevoir des permis pour fumer de la marijuana. Le pays est allé plus loin en octobre 2018, en étant le premier pays du G7 à légaliser le cannabis récréatif.
Les Pays-Bas, où la possession, la consommation et la vente au détail de moins de cinq grammes de cannabis dans les « coffee shops » sont tolérées depuis 1976, suivent en 2003. Les personnes atteintes de maladies graves sont autorisées à acheter du cannabis dans les pharmacies sur présentation d’une ordonnance médicale.
De son côté, Israël autorise depuis 2006 le cannabis thérapeutique, qui peut être prescrit pour des doses contrôlées aux patients atteints de cancer, d’épilepsie, de stress post-traumatique ou de maladies dégénératives.
Effet domino en Europe et en Amérique
Ces dernières années, de nombreux pays européens et américains ont légalisé le cannabis thérapeutique.
Aux États-Unis, 33 États autorisent désormais le cannabis médical. Le Missouri, dernier en date, l’a légalisé en novembre 2018.
En Amérique latine, il est autorisé au Chili et en Colombie depuis 2015, en Argentine, au Mexique et au Pérou depuis 2017. C’est l’Uruguay qui est le plus libéral dans cette région: le pays n’a pas seulement légalisé l’usage médical, mais a également autorisé en décembre 2013 la production, la distribution et la consommation du cannabis récréatif.
Dans l’Union européenne, 21 pays sur 28 autorisent, à différents niveaux, le cannabis à usage thérapeutique. Certains ont franchi le pas très récemment : l’Allemagne en 2017, le Royaume-Uni, le Portugal, le Luxembourg et la Lituanie en 2018, Chypre début 2019.
En Belgique, pourtant pionnière avec une loi autorisant dès 2001 la prescription de médicaments à base de cannabis par des médecins hospitaliers dans le cadre d’essais cliniques, l’accès en pharmacie est en pratique presque impossible pour les patients et le gouvernement a mis fin en 2017 à la tolérance entourant les Cannabis Social Clubs et la détention pour consommation personnelle.
Ruée vers « l’or vert »
Le marché mondial du cannabis médical pourrait s’élever à 55,8 milliards de dollars en 2025 (49 milliards d’euros), un chiffre quasiment multiplié par cinq par rapport à 2015, selon une étude du cabinet Grand View Research en 2017.
Précurseurs depuis 2002, les producteurs canadiens – Canopy Growth, Tilray, Aurora, Aphria – figurent parmi les leaders du secteur.
Israël, où la culture est légale depuis 2012, a autorisé en janvier l’exportation du cannabis médical, espérant retirer d’importantes retombées économiques de ce marché prometteur.
En Australie, qui a légalisé l’usage thérapeutique en 2016, des fermes cultivent légalement du cannabis médicinal depuis 2017. Le pays a autorisé début 2018 les exportations afin d’accroître les débouchés pour ses producteurs nationaux.
En Europe, c’est aux Pays-Bas que sont apparus les premiers producteurs légaux de cannabis en 2003. Le pays a été récemment suivi par le Danemark, le Portugal et la Grèce.
La Thaïlande est devenue fin 2018 le premier pays d’Asie du Sud-Est à légaliser la culture de cannabis à usage médical, tandis qu’en Afrique, c’est le Lesotho, petit royaume de deux millions d’habitants, qui a joué les pionniers en 2017.