Le chef de la diplomatie israélienne au Caire pour discuter de Gaza et de l’Iran
Yair Lapid a par ailleurs apporté des artefacts égyptiens volés qui ont été introduits en contrebande en Israël et détenus par l'Autorité des antiquités d'Israël

Le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid a eu des entretiens jeudi en Egypte, poids lourd régional à la manœuvre sur le dossier palestinien, évoquant la bande de Gaza et l’Iran. Ils ont également discuté de la lutte contre le terrorisme et des mesures prises par Israël pour renforcer l’Autorité palestinienne (AP) au détriment du groupe terroriste palestinien du Hamas, au pouvoir à Gaza.
Lapid a été accueilli à l’aéroport par le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères Nabil Habashi. Sissi a accueilli Lapid au palais Al-Ittihadiya dans le quartier d’Héliopolis au Caire, le bureau officiel du président égyptien.
« Nous avons discuté (avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi) des tentatives de l’Iran de devenir un pays ayant un pouvoir nucléaire militaire », a tweeté M. Lapid, alors que les négociations sur le nucléaire iranien ont repris jeudi à Vienne, ultimes efforts pour sauver l’accord international de 2015.
En visite dans le premier pays arabe à avoir signé un traité de paix avec l’Etat hébreu il y a 42 ans, mettant fin à l’état de guerre entre les deux pays voisins, M. Lapid a en outre dit avoir présenté au Caire son plan pour la bande de Gaza.
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En mai, après 11 jours d’une nouvelle guerre meurtrière entre Israël et le mouvement islamiste du Hamas, Le Caire avait obtenu un cessez-le-feu et promis 500 millions de dollars pour la reconstruction de l’enclave palestinienne frontalière de l’Egypte et d’Israël.
M. Lapid propose pour la bande de Gaza « l’économie en échange de la sécurité », mais refuse de parler au Hamas.
L’Egypte, elle, accueille régulièrement des discussions avec des responsables palestiniens, du Hamas et du Fatah du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Les Palestiniens annoncent régulièrement des progrès sur un dossier épineux évoqué par MM. Sissi et le Premier ministre israélien Naftali Bennett, qui était venu en septembre en Egypte, une première en 10 ans.
Il s’agit du sort des corps de deux soldats israéliens tués en 2014 à Gaza et de deux civils, entrés de leur propre gré dans l’enclave palestinienne et détenus depuis par les terroristes du Hamas, et qu’Israël souhaite rapatrier.

Il s’agit du sort des corps de deux soldats israéliens tués en 2014 à Gaza et de deux civils, entrés de leur propre gré dans l’enclave palestinienne et détenus depuis par les terroristes du Hamas, et qu’Israël souhaite rapatrier.
Les deux hommes ont également évoqué les relations bilatérales et la volonté d’élargir la coopération économique, énergétique, agricole et commerciale.

Lapid a aussi présenté à Sissi des artefacts égyptiens volés qui ont été introduits en contrebande en Israël et détenus par l’Autorité des antiquités d’Israël (IAA). Eli Escozido, directeur de l’IAA, a rejoint Lapid pour la visite.
Quatre des reliques ont été saisies par des agents des douanes israéliennes en 2013 alors qu’un voyageur tentait de les faire entrer en Israël depuis le Royaume-Uni. Après une bataille juridique, les reliques ont été remises à Israël en 2015.
En outre, 91 anciens artefacts égyptiens ont été trouvés chez un concessionnaire d’antiquités de Jérusalem en août 2013. Les autorités égyptiennes ont demandé à Israël de s’occuper de cette affaire, et les objets ont également été remis aux autorités israéliennes.
Escozido a remis les 95 artefacts – dont des tablettes avec une écriture hiéroglyphique, des documents en papyrus, des idoles de dieux égyptiens et un morceau de sarcophage.
Israël est par ailleurs depuis longtemps un partenaire de l’Égypte dans la lutte contre les groupes terroristes djihadistes dans la péninsule du Sinaï, y compris une filiale locale de l’État islamique. Les terroristes du Sinaï ont ciblé des soldats et des civils israéliens, dont une série d’incidents particulièrement meurtriers en 2011-2012.

Jeudi, M. Lapid a aussi rencontré son homologue égyptien Sameh Choukri pour évoquer selon le porte-parole de ce dernier les « efforts » du Caire pour « relancer le processus de paix » entre Palestiniens et Israéliens au point mort depuis des années.
« L’Egypte est un partenaire stratégique particulièrement important pour Israël », a déclaré Lapid dans un communiqué après cette réunion. « Mon objectif est de renforcer nos liens sécuritaires, diplomatiques et économiques avec l’Égypte. Il est important de continuer à travailler à la paix entre les deux nations. Je remercie le Président Sissi, dont la contribution à la région et aux liens entre nous est de proportions historiques, pour l’hospitalité, et pour la rencontre chaleureuse et ouverte. »
Début novembre, les deux pays avaient augmenté le nombre de soldats égyptiens au terminal frontalier de Rafah, seule ouverture sur le monde de la bande de Gaza.
Et début octobre, Egypt Air avait fait atterrir un avion en Israël, une première officielle alors que récemment quatre pays arabes (Emirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et Soudan) ont reconnu l’Etat hébreu.
No Israeli flag for @yairlapid in meeting with @AlsisiOfficial , but likely because he is not PM. During September meeting with @naftalibennett, the Egyptians placed a flag in the room. There was also flag in Lapid's meeting with Shoukry today. pic.twitter.com/fM3gHXCees
— Lazar Berman (@Lazar_Berman) December 9, 2021
Il n’y avait pas de drapeau israélien dans la salle lorsque Lapid a rencontré Sissi, a confirmé le ministère des Affaires étrangères au Times of Israel. Cependant, cela ne semble pas être une sorte de camouflet, mais plutôt un élément de protocole lorsque Sissi rencontre des responsables de niveau ministériel.
En revanche, un drapeau israélien était bien en vue lorsque Lapid a rencontré le ministre égyptien des Affaires étrangères et le vice-ministre égyptien des Affaires étrangères.
Lorsque Bennett avait rencontré Sissi à Charm el-Cheikh en septembre, les Égyptiens avaient alors aieaplacé un drapeau israélien à côté de celui de l’Égypte.

A Vienne, les diplomates s’étaient quittés vendredi sur un constat de divergences, les Occidentaux accusant Téhéran d’avoir fait marche arrière par rapport au printemps. Après « d’utiles consultations dans les capitales », ils sont « revenus avec une détermination renouvelée pour travailler dur », a déclaré jeudi à la presse le coordinateur de l’Union européenne (UE), Enrique Mora, qui chapeaute le processus.
Les entrevues bilatérales ainsi qu’entre experts vont désormais se poursuivre. « On va voir ce qui se passe dans les prochains jours. C’est une tâche difficile. Il faut combler les différences entre les positions », a-t-il souligné. « Le sentiment d’urgence », expression régulièrement évoquée dans ce dossier, « est encore plus aigu que d’habitude », a insisté M. Mora.
La réunion des chefs de délégation des différentes parties (Russie, Chine, France, Allemagne, Royaume-Uni), qui avait débuté vers midi (11H00 GMT) au Palais Cobourg, un hôtel de luxe de la capitale autrichienne, a duré un peu plus d’une heure. L’ambassadeur russe Mikhaïl Oulianov a fait état d’une « ambiance constructive ».
L’émissaire américain Rob Malley, qui y participe indirectement par l’intermédiaire des Européens, « se joindra aux discussions durant le week-end », avait indiqué mercredi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. « Nous devrions savoir assez rapidement si les Iraniens reviennent pour négocier de bonne foi », avait-il également dit, prévenant que « la fenêtre de tir » devenait « très, très étroite ».
« Une délégation de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA) se rendra à Vienne pour rencontrer et discuter avec les responsables de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) », chargée de contrôler le caractère pacifique des activités nucléaires, a souligné Téhéran.