Le choix controversé de Netanyahu pour l’Italie retire sa candidature
Fiamma Nirenstein cite des “raisons personnelles” pour son retrait d’ambassadrice désignée à Rome

L’ambassadrice désignée d’Israël en Italie a retiré sa candidature au poste après une réponse froide à sa nomination de la part de la communauté juive de Rome et une série de complications qui ont débuté il y a huit mois, quand elle a été nommée candidate par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Ancienne journaliste italienne et députée, Fiamma Nirenstein a déclaré mardi avoir informé Netanyahu qu’elle renonçait à sa candidature.
« J’ai remercié le Premier ministre pour la confiance qu’il m’a montrée. Je voudrais exprimer mon empressement à continuer à contribuer à l’Etat d’Israël de mon mieux », a-t-elle écrit dans un communiqué.
Nirenstein a déclaré au Times of Israël que sa décision était basée sur des « raisons personnelles », mais n’a pas précisé ce qui avait précisément déclenché l’annonce de mardi.
Elle a cependant catégoriquement démenti des informations d’Haaretz, qui avait annoncé que sa décision était due à des remarques sévères qu’elle avait faites sur l’épouse du Premier ministre, Sara Netanyahu, dans un article de 1996, révélé par le quotidien il y a trois semaines.
Le ministère des Affaires étrangères israélien n’a pas confirmé que Nirenstein avait officiellement retiré sa candidature mais un porte-parole a déclaré que son communiqué « parlait pour lui-même ».
En mars, Israël avait abandonné un autre ambassadeur potentiel nommé par Netanyahu, l’ancien dirigeant des implantations Dani Dayan, qui devait partir au Brésil, en le nommant consul général à New York à la place.
Netanyahu avait nommé Nirenstein, ancienne députée italienne, le 10 août, 2015, juste deux ans après qu’elle ait déménagé à Jérusalem de Rome – où elle s’était récemment présentée, sans succès, à la direction de la communauté juive. Selon la convention diplomatique, un ambassadeur ne peut pas avoir la nationalité du pays dans lequel il ou elle est nommé ; Netanyahu avait déclaré que Nirenstein renoncerait à son passeport italien après sa nomination.
« Je suis convaincu que Fiamma Nirenstein apportera avec elle, à ce poste, son expérience diplomatique et politique, et réussira à approfondir les relations entre Israël et l’Italie, notre ami proche, et à agir pour la coopération diplomatique, économique, culturelle et sécuritaire », avait déclaré Netanyahu à l’époque.
Mais la nomination de Nirenstein a été controversée dès le premier jour, faisant sourciller certains diplomates de carrière israéliens et soulevant l’inquiétude de la communauté juive d’Italie.
D’une part, les responsables israéliens, qui n’ont accepté de témoigner qu’anonymement, ont noté que Nirenstein n’avait pas vécu en Israël pendant une période de temps significative. En outre, ils ont souligné qu’elle venait de quitter la vie politique italienne et que son fils travaillait pour les services secrets de l’Italie, faisant d’elle un choix étrange pour le poste d’ambassadeur dans ce pays.
Sa nomination a également été critiquée par certains juifs italiens, qui étaient préoccupés par le fait qu’une ancienne parlementaire italienne, qui reviendrait maintenant sur sa terre natale en tant que représentante d’un autre état, puisse déclencher des accusations de double loyauté. Le Grand Rabbin de Rome, Riccardo Di Segni, par exemple, a déclaré qu’il craignait qu’« il puisse y avoir des problèmes… Il suffit de lire ce qui est déjà sur les réseaux sociaux au sujet de sa double nationalité ».
En mars, un responsable du ministère des Affaires étrangères avait vivement critiqué Nirenstein pour avoir fait la promotion de son nouveau livre lors d’événements publics en Italie, l’accusant de violer le protocole diplomatique. « Il est inacceptable pour une ambassadrice de travailler dans le pays qu’elle servira, avant qu’elle n’ait été confirmée [à ce poste] », avait dénoncé le responsable anonyme au quotidien Yedioth Ahronoth.
En général, le processus allant de la nomination d’un ambassadeur à son approbation par le cabinet israélien ne prend pas plus de quelques semaines, mais ce n’est pas avant le mois dernier, plus de sept mois après la première annonce de sa candidature, que le gouvernement avait demandé que Nirenstein se présente devant un comité de la commission du service civil d’Israël, une étape nécessaire avant que le cabinet ne puisse discuter de la nomination.
Nirenstein a été la correspondante en Israël des journaux La Stampa et Panorama entre 1991 et 2006, selon son site internet. Avant de retourner en Italie pour devenir une femme politique, elle a vécu à Tel Aviv et à Jérusalem pendant des années, ont déclaré certaines de ses connaissances au Times of Israël. Au début des années 1990, elle a également dirigé l’Institut culturel de l’ambassade d’Italie à Tel Aviv.
Née à Florence, Nirenstein est l’auteure d’une douzaine de livres et est bloggeuse au Times of Israël. Elle a été élue au Parlement italien en 2008 en tant que membre du parti de centre-droit de l’ancien Premier ministre Silvio Berlusconi, le Peuple de la liberté. Elle a occupé le poste de vice-présidente à la commission des Affaires étrangères. Son mandat a pris fin en mars 2013, deux mois avant qu’elle ne fasse son alyah et devienne citoyenne d’Israël, et moins de trois ans avant que Netanyahu ne la nomme au poste d’ambassadeur d’Israël en Italie.