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Le Comité d’urbanisme retarde le projet de logements à Atarot

Une étude, qui pourrait prendre des mois voire une année, pour déterminer l'impact environnemental du nouveau quartier haredi tout près d'une zone industrielle, a été réclamée

L'aéroport abandonné d'Atarot, au nord de Jérusalem, le 25 novembre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)
L'aéroport abandonné d'Atarot, au nord de Jérusalem, le 25 novembre 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Lundi, un comité de planification a retardé de manière significative un projet massif de logements pour les juifs ultra-orthodoxes sur les terrains de l’aéroport désaffecté d’Atarot à Jérusalem-Est, dont l’avancement initial le mois dernier avait déclenché une réaction importante de l’administration Biden.

À l’issue d’une audience très attendue du Comité d’aménagement du district de Jérusalem, le panel a ordonné qu’une enquête soit menée pour déterminer l’impact environnemental du plan de 9 000 logements, un processus qui prendra probablement des mois, voire un an, pour aboutir.

Les partisans d’une solution à deux États ont qualifié la construction prévue d’obstacle sérieux à la paix, car elle entraverait sérieusement la création d’une bande de quartiers palestiniens contigus à Jérusalem-Est.

On pensait que le projet avait été abandonné après que de hauts responsables israéliens eurent déclaré au Times of Israel qu’ils avaient assuré la Maison Blanche que le projet n’avancerait pas. Mais Washington n’a jamais confirmé avoir reçu une telle garantie. Le projet a été brièvement retiré du registre sur le site Internet du ministère de l’Intérieur, mais il est réapparu quelques jours plus tard, permettant à la réunion de lundi de se dérouler comme prévu initialement.

Au cours de l’audience, les responsables israéliens ont fait remarquer que le nouveau quartier serait proche de la zone industrielle d’Atarot, dont les usines pourraient réduire la qualité de vie des résidents israéliens.

Les critiques ont fait remarquer que ces préoccupations environnementales sont rarement prises en compte par les autorités de planification lorsqu’elles statuent sur les constructions destinées aux Palestiniens.

La barrière de sécurité qui sépare Kafr Aqab du reste de Jérusalem, le 20 février 2019. (Crédit : Adam Rasgon/Times of Israel)

Les membres du Comité ont également fait part de leurs préoccupations en matière de sécurité concernant la construction d’un quartier situé à moins de 50 mètres de la barrière de sécurité de Cisjordanie. De l’autre côté du mur de béton se trouve le quartier de Jérusalem-Est de Kfar Aqab, longtemps négligé, et le camp de réfugiés de Qalandiya, qui se trouve en Cisjordanie.

Le gouvernement israélien a soutenu le plan du quartier, la ministre de l’Intérieur Ayelet Shaked et le ministre du Logement Zeev Elkin jouant un rôle clé dans son avancement initial le mois dernier par un Comité de planification local de la municipalité de Jérusalem. Mais le ministre de la Coopération régionale Issawi Frej (Meretz), a assisté à l’audience de lundi et s’est prononcé contre le projet. Il a également profité de l’occasion pour présenter sa propre idée pour la zone d’Atarot : réhabiliter l’aéroport en tant qu’entreprise conjointe israélo-palestinienne.

« Nous pourrions construire un aéroport qui desservirait la zone métropolitaine de Jérusalem – y compris les 3 millions de Palestiniens qui ne peuvent pas se rendre à l’étranger, sauf via la Jordanie », a déclaré M. Frej.

Le fonctionnaire de droite de la municipalité de Jérusalem, Yaakov Halperin, a alors répliqué : « Les propos du ministre ne sont pas une réelle préoccupation pour le peuple d’Israël et les Juifs d’Israël, il est clair qu’il s’y oppose pour des raisons politiques. » « Ce quartier sera construit », a déclaré Halperin.

Une représentante de l’ambassade américaine était également présente à l’audience, mais elle n’a pas fait de commentaire. Selon un article du site d’information Walla, l’ambassadeur américain en Israël, Tom Nides, devait initialement présenter ses lettres de créance au président Isaac Herzog lors d’une cérémonie qui devait avoir lieu en même temps que l’audition de la Commission de planification du district, mais l’événement a été déplacé à dimanche pour éviter d’embarrasser la partie américaine.

Le ministre de la Coopération régionale Issawi Frej à la Knesset de Jéusalem, le 14 juillet 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Commentant le projet lors de la réunion de faction de son parti Yesh Atid lundi, le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a déclaré que le gouvernement formulerait une politique pour la zone d’Atarot qui ne conduira pas à une crise diplomatique.

« Nous ferons en sorte que cela ne se transforme pas en une confrontation avec l’administration américaine », avait-il déclaré, promettant que la question serait résolue en interne au sein de la coalition gouvernementale.

Au cours de la réunion de sa faction travailliste, la ministre des Transports Merav Michaeli a exprimé son soutien au projet de Frej, déclarant qu’elle « espère et croit que l’option de construire un aéroport à Atarot sera sérieusement considérée ».

Toute construction juive israélienne à Jérusalem-Est, majoritairement arabe, qu’Israël a conquise en 1967 sur la Jordanie, suscite des critiques. Les Palestiniens considèrent cette zone comme la capitale du futur État auquel ils aspirent. Israël considère l’ensemble de la ville de Jérusalem comme sa capitale indivisible, et a officiellement annexé Jérusalem-Est en 1980.

Une grande partie de la communauté internationale rejette l’annexion par Israël des quartiers palestiniens contestés. Elle considère les quartiers israéliens situés au-delà de la Ligne verte de 1967 comme des implantations. Et même les plus fidèles alliés d’Israël, comme les États-Unis, ont averti que la poursuite de la construction juive à Jérusalem-Est pourrait empêcher l’établissement d’une capitale palestinienne dans le cadre d’une future solution à deux États.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a téléphoné au Premier ministre Naftali Bennett jeudi dernier pour lui faire part de sa consternation face à l’approbation du projet Atarot, ont indiqué des sources bien informées au Times of Israel.

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