Le film primé « Asia », qui se déroule à Jérusalem, sort sur les écrans israéliens
Le drame mère-fille, inspiré de la vie de la jeune réalisatrice Ruthy Pribar, dégage une intensité tranquille grâce au jeu émotionnel de Shira Haas et Alena Yiv
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »
Le premier film de la cinéaste Ruthy Pribar, le long métrage primé « Asia » avec Shira Haas, sortira dans les salles israéliennes à la fin de la semaine.
Le film raconte l’histoire poignante d’Asia (Alena Yiv), mère célibataire d’origine russe de Vika (Shira Haas), une adolescente aux prises avec les symptômes physiques calamiteux d’une maladie neurologique dégénérative.
L’histoire fait écho à des éléments de la vie de Pribar. Sa sœur est décédée il y a 14 ans après avoir été soignée par leur mère, dévouée jusqu’au bout.
« C’était un énorme défi de traiter de sujets aussi vastes », a déclaré Pribar, diplômée de l’école de cinéma et de télévision Sam Spiegel de Jérusalem. « En l’écrivant, je me suis dit que ce serait peut-être mieux si c’était mon sixième film. »
Le premier long métrage de Pribar a gagné les faveurs du public à l’étranger après avoir remporté neuf prix aux Ophir Awards et trois au Tribeca Film Festival de l’année dernière. Le film sera projeté en Israël dans les salles de cinéma Lev le 25 juin.
Le film, tout en douceur, se déroule à Jérusalem, dans des décors tells que l’hôpital sans nom où Asia travaille comme infirmière, leur appartement simple dans un HLM, et le skate park où Vika essaie de vivre une adolescence normale.
Lorsque la maladie de Vika se met à progresser de plus en plus rapidement – après qu’elle ait eu la mauvaise idée de boire avec un ami – Asia doit passer du statut de mère responsable mais égocentrique à celui de soignante réaliste et empathique, aimante et attentive aux besoins et aux souhaits de sa fille défaillante.
Le dernier tiers du film, sa partie la plus intime, est un véritable choc émotionnel.
« Il a touché les gens comme je le voulais », a déclaré Ruthy Pribar. « C’est quelque chose, de réussir les scènes intimes. »
Les deux protagonistes sont fondamentalement seules au monde, et n’ont d’autre choix que de dépendre l’une de l’autre, en tant que réfugiées de l’Union soviétique.
« Je connaissais des femmes comme cela et quand je raconte une histoire, je veux trouver ce qui est le plus proche possible de la réalité et intéressant à raconter », a déclaré Pribar.
Pribar voulait une actrice russophone pour le rôle de l’adolescente Vika, mais elle s’est finalement rendu compte que l’Israélienne Shira Haas ressemblait à Yiv et que les deux avaient des atomes crochus, a expliqué la réalisatrice.
Dans la première moitié du film, les personnages de la mère et de la fille s’approchent prudemment l’une de l’autre, chacune dissimulant ses allées et venues – Vika fumant et buvant dans le skate park, Asia allant dans les bars et rencontrant ses amants après le travail – alors même que les deux jeunes femmes, une adolescente et l’autre âgée de 35 ans, tentent de rencontrer leur propre destin.
Leur histoire commune prend une tournure forte et tranquille dans la dernière partie du film, lorsqu’elles acceptent la maladie de Vika.
Yiv et Haas ont remporté les Ophir de la meilleure actrice, et de la meilleure actrice dans un second rôle, respectivement pour leurs rôles de mère et de fille.
Haas, bien connue du public pour ses rôles dans « Shtisel » et « Unorthodox », a étudié le russe pour « Asia », comme l’a fait Pribar il y a sept ans, au début du tournage.
C’était la première fois que Pribar apprenait une langue autre que l’hébreu ou l’anglais et « j’ai appris que je n’étais pas très douée », dit-elle. Elle en a néanmoins appris suffisamment pour pouvoir comprendre les parties du scénario qui sont en russe.
« J’imagine que je continuerai à traiter ce genre de questions, je continuerai à faire des drames – je doute que je fasse des comédies », a-t-elle déclaré en riant.
Maintenant que le film est sur le point d’atteindre le public israélien, Pribar doit sans cesse se rappeler à elle-même que le film a eu un impact, même si elle n’a pas pu se rendre au célèbre festival du film Tribeca de New York en raison de la pandémie, et qu’elle était en quarantaine avec sa famille lors de la remise des prix Ophir.
« Nous n’avons même pas pu faire la fête. J’étais tout le temps en train de freiner le processus », a-t-elle déclaré.
Pribar s’est finalement rendue à la récente première du film en Russie, ce qui lui a apporté un sentiment de réussite et de joie.
« La façon dont les spectateurs le voient, la façon dont il touche des gens du monde entier, montre qu’il y a quelque chose de tellement universel dans cette histoire », a déclaré Pribar. « C’est merveilleux de le savoir. »