Israël en guerre - Jour 470

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Le fils d’un pacifiste palestinien libéré de prison se consacre à la non-violence

Un ado condamné pour jet de pierres affirme avoir été battu pendant son interrogatoire et ne pas avoir eu le droit à un avocat

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

De gauche à droite : Ziad Sabateen, Lonny Baskin, Mustafa Sabateen, Muhammad Sabateen et Phil Saunders posent le soir de la libération de Muhammad après trois mois de prison. (Crédit : autorisation de Ziad Sabateen)
De gauche à droite : Ziad Sabateen, Lonny Baskin, Mustafa Sabateen, Muhammad Sabateen et Phil Saunders posent le soir de la libération de Muhammad après trois mois de prison. (Crédit : autorisation de Ziad Sabateen)

Alors qu’il était en prison, Muhammad Sabateen a fêté ses 16 ans et est devenu oncle. Il a été jugé coupable de jets de pierres et condamné à trois mois dans une prison israélienne, une peine de prison qu’il a fini de purger le 27 janvier.

Muhammad croit que ses ennuis ont commencé en raison d’une rivalité pour une jeune fille, a-t-il déclaré au Times of Israel depuis sa maison familiale dans le village palestinien de Husan, à l’extérieur de Bethléem.

Comme l’hébreu de Muhammad est limité, son père Ziad a traduit la majorité de la conversation. Ziad Sabateen est un militant palestinien pour la paix, qui travaille en étroite collaboration avec les Israéliens – y compris ceux qui vivent dans les implantations – afin de promouvoir le dialogue et la coopération entre les juifs israéliens et les arabes, ainsi que la non-violence pour protester contre le contrôle par Israël de la Cisjordanie.

Pendant de nombreuses années, Ziad Sabateen a été l’élève du rabbin Menachem Froman, le défunt grand rabbin de l’implantation de Tekoa et il entretient toujours des liens étroits avec la veuve de Froman, Hadassah.

https://youtu.be/w5dlR8jhSnE

Hadassah Froman, dont la belle-fille enceinte a été poignardée par un terroriste palestinien en janvier, a été l’une des figures centrales qui ont travaillé avec d’autres juifs israéliens pour collecter des fonds pour les frais juridiques de Muhammad et a également témoigné en sa faveur au cours de son procès.

Le juge ne pensait pas que des Israéliens, en particulier des résidents d’implantations, viendraient au procès, a expliqué Lonny Baskin, un militant pour la paix et un ami de la famille, au Times of Israël.

« Hadassah a parlé pour nous tous. Le juge a demandé à tout le monde de se taire. Il a sorti des personnes de la salle d’audience afin qu’il puisse entendre chaque mot qu’elle avait à dire. Elle a parlé de Ziad, qu’elle connaissait depuis de nombreuses années, que Ziad était un élève du rabbin Menahem Froman – que sa mémoire soit bénie – et qu’il était comme un membre de la famille », a raconté Baskin.

« Le juge a été très impressionné », a-t-il ajouté.

Muhammad Ziad Sabateen, à droite, alors petit garçon, joue avec son père Ziad Sabateen, au centre, et le miltant de la paix juif Shaul Judelman de l'association ‘Shorashim — Judur — Roots’. (autorisation)
Muhammad Ziad Sabateen, à droite, alors petit garçon, joue avec son père Ziad Sabateen, au centre, et le miltant de la paix juif Shaul Judelman de l’association ‘Shorashim — Judur — Roots’. (autorisation)

Ziad et Muhammad ont expliqué qu’ils étaient toujours engagés dans le dialogue et dans l’activisme pour la paix, en dépit de l’arrestation et de l’emprisonnement de Muhammad par le gouvernement israélien.

À la lumière de l’incident, Ziad Sabateen et certains militants juifs envisagent de présenter au tribunal militaire d’Israël une alternative à la prison pour les adolescents palestiniens condamnés, un programme qui enseignerait la non-violence et le leadership au lieu de « la haine contre les Israéliens », a précisé Ziad.

Muhammad nie avoir jamais jeté des pierres ou des cocktails Molotov sur les voitures. Dès sa sortie de prison, son père l’a interrogé sur le sujet, a expliqué Baskin.

Quand on lui demande à nouveau s’il avait jeté des pierres, la réponse de Muhammad était immédiate : « lé ». Même avec ma connaissance rudimentaire de la langue arabe, je savais que cela voulait dire « non ».

Mais les partisans de Muhammad ont indiqué que son innocence ou sa culpabilité n’étaient pas leurs principales préoccupations.

« Nous ne savons pas si le fils Ziad a fait quelque chose de mal. Nous ne venons pas à la rescousse parce que nous sommes convaincus qu’il est innocent », avait expliqué le rabbin Hanan Schlesinger, un autre ami de la famille, au moment de l’arrestation de Muhammad.

Cependant, Schlesinger et Baskin font valoir que personne ne devrait être maltraité lors d’un interrogatoire comme ils sont convaincus que Muhammad l’a été.

Tout cela à cause d’une fille

Selon Muhammad, un autre adolescent de Husan avait le béguin pour la même fille que lui et quand cet adolescent a été arrêté pour jets de pierres, il a donné le nom de Muhammad aux enquêteurs.

Le rival de Muhammad est plus tard revenu sur ses déclarations mais en suivant une logique bizarre. La cour a rejeté ce nouveau témoignage parce que l’adolescent n’était pas considéré comme étant digne de confiance mais a pourtant autorisé l’utilisation de son témoignage original qui accusait Muhammad en premier lieu, a déclaré Lonny Baskin.

Muhammad Sabateen sourit pour la photo après sa sortie de prison. (Crédit : autorisation de Ziad Sabateen)
Muhammad Sabateen sourit pour la photo après sa sortie de prison. (Crédit : autorisation de Ziad Sabateen)

Au cours de son interrogatoire, Muhammad a avoué avoir jeté des pierres sur des voitures qui passaient sur la route 375, qui passe par Husan et qui est un lieu pour mener des attaques à la bombe incendiaire et jeter des pierres. Une fois que son interrogatoire s’est arrêté, il est presque immédiatement revenu sur sa déclaration, affirmant qu’il avait été contraint à avouer en raison des agressions verbales et physiques.

Son interrogatoire, son procès et son incarcération ont clairement affecté Muhammad, a indiqué Ziad. À 16 ans, il est plus mature et sérieux qu’un adolescent de son âge devrait l’être.

Muhammad n’est pas le fantôme de ce qu’il était : il rit et danse encore. Comme tout adolescent, son attention est régulièrement détournée de la conversation par son téléphone portable.

https://www.facebook.com/sholom.neistein/videos/10154002664721189/

Lorsqu’il a évoqué son procès et son incarcération, Muhammad a parlé doucement, mais ouvertement. Il a maintenu le contact visuel et a même souri à l’occasion. Cependant, lorsqu’on lui pose des questions sur la nuit de son arrestation et son interrogatoire, ses yeux sont devenus vitreux. Il fixait le sol ou regardait au loin alors qu’il relayait ce qui était arrivé.

Des allégations d’abus

À 02h30, le 11 novembre, un groupe de soldats de Tsahal est venu dans la maison de famille et a arrêté Muhammad. Pour certaines arrestations, l’armée israélienne a des photographies du suspect qui jette des pierres ou qui prend part à une émeute mais dans le cas de Muhammad, l’officier de Tsahal avait seulement une photo d’identité, a précisé Ziad.

Muhammad, alors âgé de 15 ans, a eu les yeux bandés et les mains liées avant d’être placé dans un véhicule de l’armée avec d’autres suspects et emmené à une base militaire de Beitar Illit. Quelques heures plus tard, il a été emmené dans une base du Gush Etzion, où il a été laissé à l’extérieur pendant des heures, jusqu’à ce que les interrogateurs viennent le chercher, a-t-il dit.

Il y a eu deux étapes dans l’interrogatoire : tout d’abord, quelques hommes, qui ne se sont pas identifiés, ont interrogé Muhammad intensément pendant des heures, jusqu’à ce qu’il avoue. Ziad pense que ce sont des hommes du service de sécurité du Shin Bet, quelque chose que l’agence a nié.

« L’adolescent n’a pas été interrogé par nous », a assuré le Shin Bet.

Après avoir avoué, des agents de police se sont identifiés et l’ont interrogé au cours d’un interrogatoire filmé, qui était « court et poli », a déclaré Muhammad, dont les propos ont été traduits par son père.

‘Tu dois parler. Tu dois avouer. Tu ne peux pas sortir d’ici à moins que tu n’avoues’

Pendant la première série, l’enquêteur en chef – qui portait le nom de Moshe – ainsi que d’autres officiers non identifiés ont énergiquement questionné Muhammad pendant des heures.

Initialement, ils ont accusé Muhammad d’avoir jeté des cocktails Molotov, mais quand il a nié cette accusation, ils ont changé d’avis, disant qu’il avait jeté des pierres, a dit Muhammad.

« Tu dois parler. Tu dois avouer. Tu ne peux pas sortir d’ici à moins que tu n’avoues », ont dit les enquêteurs à Muhammad, selon Ziad.

Moshe – Mooshy dans l’hébreu accentué de Ziad – a crié et menacé d’arrêter d’autres membres de la famille de Muhammad, sa sœur ou sa mère, s’il ne parlait pas. Moshe, et les autres officiers, ont frappé Muhammad à la tête et dans les testicules, enveloppant leurs mains dans des serviettes afin d’éviter des bleus, a dit Ziad.

Moshe aurait frappé la tête du garçon de 15 ans contre une barrière si fort qu’il lui a cassé deux dents, a dit Muhammad.

La police n’a pas répondu à la demande de commentaires du Times of Israël.

« C’est Musa »

A un moment, Moshe a appelé Ziad au téléphone et lui a dit, en arabe, qu’il était avec Muhammad et que Muhammad avait demandé un avocat.

‘Ecoutez, votre fils est avec nous pour un interrogatoire’

Ziad a été troublé par l’appel d’un homme israélien non identifié parlant en arabe, mais a dit Moshe – qui s’est présenté lui-même par la version arabe de son nom, Musa – qu’il enverrait un avocat, mais Moshe a raccroché le téléphone et ignoré la demande de Ziad.

Ziad a enregistré l’appel sur son téléphone portable et l’a présenté comme preuve devant le juge pour montrer que le droit de Muhammad à un avocat n’avait pas été respecté.

« Ziad, comment ça va ? C’est Musa, » a dit la personne qui appelait.

« Bonjour frère, » a répondu Ziad, utilisant un mot arabe qui signifie soit frère littéralement, soit un ami.

« Ecoutez, votre fils est avec nous pour un interrogatoire, » a dit Musa.

« Musa comment ? Qui êtes-vous ? » a demandé Ziad.

« Ecoutez, votre fils est avec nous pour un interrogatoire à Etzion, » a dit Musa.

« Oui frère, » a répondu Ziad.

« Il m’a demandé de vous dire de lui envoyer un avocat, » a dit Musa.

« Maintenant ? Tout de suite ? Je peux faire ça, » a répondu Ziad.

« OK habibi… C’est comme si son père était ici avec lui… N’ayez pas peur, » a dit Musa, utilisant un mot arabe pour ami.

« Est-ce que je peux parler à, » a commencé à demander Ziad.

« Bye, » a interrompu Musa.

« Est-ce que je, » a encore essayé Ziad, mais « Musa » avait déjà raccroché.

Après ses interrogatoires consécutifs, Muhammad a été emmené en prison en attendant son procès.

Initialement, Muhammad avait été accusé de quatre chefs de jets de pierres. Il devait recevoir une peine de cinq mois de prison et une amende de 3 000 shekels.

L’avocat de Muhammad a présenté au procureur et au juge l’enregistrement de la conversation de Ziad avec « Musa ».

A la lumière de l’appel téléphonique et du soutien massif de Hadassah Froman et d’autres militants juifs, le procureur a réduit les accusations contre Muhamamd à un seul chef de jets de pierres, a déclaré Baskin.

Les extrémistes et les bonnes personnes

Un accord judiciaire a été proposé à Muhammad, dans lequel sa peine était réduite à trois mois de prison, comprenant le temps qu’il y avait déjà passé, mais avec une amende de 6 000 shekels. L’accord était aussi conditionné à une réunion avec un travailleur social de l’état, qui parlerait avec Muhammad et Ziad.

L’avocat de Muhammad a accepté l’accord. Le chef des procureurs militaires ne l’a cependant pas approuvé. Le procureur a fait appel de la décision afin de revenir à la peine initiale de cinq mois de prison, mais le juge d’appel a renvoyé l’affaire, déclarant que l’amende supplémentaire était suffisante pour raccourcir la peine de prison, a déclaré Baskin.

Le temps que Muhammad a passé en prison était relativement facile, et l’équipe l’a traité avec dignité et respect, a-t-il dit.

« Nous faisions du sport, priions, parlions de la sortie, » a dit Muhammad.

Mais ce temps aurait pu être mieux employé à apprendre aux prisonniers palestiniens les vertus de la non-violence, du leadership et de « la voie de la paix, » a fait remarqué Ziad.

Muhammad a dit qu’il n’éprouvait pas de rancune contre les Israéliens en tant que groupe, mais il a admis ressentir une immense aversion pour les hommes dont il dit qu’ils l’ont battu.

« Il y a des juifs qui sont bons, et il y a des juifs qui sont extrémistes. Si quelqu’un fait de bonnes choses, il est une bonne personne, » a dit Muhammad.

« C’est la même chose avec les arabes. Il y a des extrémistes, et il y a de bonnes personnes, » a ajouté son père Ziad.

« Et les mauvaises personnes, a continué Muhammad, vous devez juste vous en tenir éloigné. »

« La voie de la paix »

Maintenant que Muhammad est sorti de prison, il affirme qu’il a plus de « street cred’ » [crédibilité de la rue] auprès des autres adolescents et enfants de Husan, qu’il veut utiliser pour décourager d’autres jeunes de Husan de jeter des cailloux, et plutôt les diriger vers la « non-violence et la paix », a traduit son père.

Le groupe d’Israéliens et de juifs qui est venu à son procès a aussi donné à Muhammad un air de mystère pendant son séjour en prison, qu’il a gardé jusqu’à sa libération. « Les autres demandaient ‘Qui est ton père ?’ et ‘Comment connaît-il [ces Israéliens] ?’ » a-t-il dit.

La plupart de l’argent utilisé pour payer l’amende de Muhammad a été donné par des amis de la famille et des soutiens du monde entier.

La majorité des Palestiniens n’a cependant pas les relations qu’a la famille Sabateen. Ziad Sabateen, Baskin et d’autres comptent donc monter un « fonds humanitaire » pour aider d’autres Palestiniens à payer pour les frais légaux et les coûts du procès, a déclaré Baskin.

Ziad semble simplement heureux d’avoir son fils de retour à la maison à Husan. Quand il a parlé du retour de Muhammad et de la naissance de son premier petit-fils, sa voix tremblait et son rire semblait sur le point de se transformer en larmes de joie.

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