Le frère d’un otage tué par erreur par l’armée se rend dans son ancienne maison à Kfar Aza
Disant que la mort de son frère, Alon, est une "pilule difficile à avaler," Ido Shamriz espère que l'appartement occupé par ce dernier sera reconstruit - "C'est devenu l'enfer sur Terre", déplore-t-il
Quelques semaines après la mort de son frère Alon Shamriz – qui a été accidentellement tué par des soldats israéliens alors qu’il tentait d’échapper à la captivité à Gaza, où il était retenu en otage – Ido Shamriz est retourné dimanche voir le logement du défunt, situé dans les appartements réservés aux jeunes au kibboutz Kfar Aza. Le bâtiment a été détruit par les terroristes du Hamas lors de leur attaque meurtrière du 7 octobre.
Devant les caméras de la Douzième chaîne, Ido, se tenant dans les décombres, a déclaré que « l’expérience est difficile ».
« Ce n’est pas facile d’être ici ; ça n’a pas été facile la première fois, ni la deuxième, ni les autres qui ont suivi ; ce sont des visions qui vous coupent le souffle », a-t-il expliqué. « Les scènes d’horreur et de destruction, les récits difficiles de ce qui s’est passé dans ces appartements, les messages WhatsApp de ce jour-là – tout revient immanquablement à l’esprit. C’est extrêmement dur ».
Alon Shamriz, 26 ans, avait été kidnappé par les terroristes du Hamas à Kfar Aza, le 7 octobre. Il avait ensuite été emmené à Gaza dans le cadre de cette attaque meurtrière qui avait été commise par les hommes armés de l’organisation, qui avaient massacré environ 1 200 personnes et enlevé 240 personnes, prises en otage dans la bande.
Le 15 décembre, Alon, qui se trouvait en compagnie de deux autres otages en fuite, Yotam Haïm et Samar Talalka, avait été abattu par les forces israéliennes dans le quartier de Shejaiya de Gaza City alors que les trois jeunes hommes tentaient de signaler leur présence aux soldats. Ces derniers avaient été dans l’incapacité de les identifier et ils les avaient pris, de leur côté, pour des hommes armés du Hamas, ouvrant le feu.
Alon et Haïm vivaient à Kfar Aza, dans les bâtiments réservés aux jeunes au sein de la petite communauté – des logements qui ont été gravement endommagés pendant l’assaut du Hamas.
Alors qu’il lui était demandé si, selon lui, les bâtiments devaient être reconstruits et transformés en quelque chose de nouveau lorsque le kibboutz sera remis en état, Ido a répondu au journaliste de la Douzième chaîne par l’affirmative.
« C’était un quartier plein de vie, de joie, de réussite, d’amour et de paix et en une seule journée, c’est devenu l’enfer sur Terre, un spectacle de destruction, de dévastation, d’horreur inimaginable. Un endroit tel que celui-là mérite bien plus que ça », a-t-il dit.
Pendant les funérailles de son frère, le mois dernier, Ido avait déploré la fin tragique de la vie d’Alon, disant aux personnes présentes lors de la cérémonie : « Notre vie toute entière ressemblait à une comédie, alors par quelle logique la fin peut-elle être aussi tragique ? »
« Les psychologues m’ont dit de faire des choses que j’adore mais ce que j’adorais, c’était les faire avec toi et aujourd’hui, plus rien n’a donc d’intérêt », avait-il ajouté.
S’exprimant dimanche auprès des journalistes de la Douzième chaîne, Ido a expliqué les sentiments difficiles entraînés par le décès de son frère et en particulier de la manière dont il est mort.
« On ne parle pas d’un seul exemple de négligence, on parle ici de toute une chaîne de négligences qui ont entraîné une confusion terrible », a-t-il dit. « Avec l’ignorance des signaux multiples envoyés par le groupe d’otages ».
Une enquête militaire consacrée à la mort accidentelle des trois otages, qui étaient parvenus à s’échapper, a permis d’établir que l’un d’entre eux avait été enregistré, quelques jours plus tôt, en train d’appeler à l’aide pendant des échanges de coups de feu entre les soldats israéliens et les terroristes du Hamas sur le site où les otages étaient détenus.
Les captifs avaient aussi préparé un panneau où était écrit « SOS » en hébreu et sur un autre bâtiment du secteur, ils avaient écrit « Trois otages. A l’aide ». Les soldats avaient trouvé les messages mais ils avaient cru que c’était une énième ruse du Hamas. Le panneau avait été écrit sur un morceau de tissu avec des restes alimentaires.
Quand les trois anciens captifs avaient été abattus par les soldats, ils avaient enlevé leur tee-shirt pour montrer qu’ils ne portaient pas d’arme et ils brandissaient un drapeau blanc, ont aussi révélé les investigations.
« Bien sûr, on peut voir les choses de manière différente rétrospectivement », a indiqué Ido devant les caméras de la Douzième chaîne, reconnaissant la situation difficile des combats, sur le terrain, et la confusion susceptible d’en résulter. « Mais ce sentiment de négligence est une pilule difficile à avaler ».
Le kibboutz Kfar Aza a été l’une des communautés les plus éprouvées lors de l’assaut brutal du Hamas. Au total, ce sont 62 personnes qui ont été tuées pendant l’attaque du kibboutz et 19 résidents ont été pris en otage. Onze captifs ont depuis été libérés, Haïm et Shamriz ont été tués et cinq personnes, dont deux femmes, se trouvent encore entre les mains du Hamas.