Le Hamas palestinien jouit d’un arsenal abondant grâce – entre autres – à l’Iran
Plus de 3 800 roquettes ont visé Israël depuis le 10 mai, le rythme le plus intense de frappes jamais dirigé vers l'Etat juif, a indiqué l'armée israélienne
Il peut frapper plus loin, plus fort et s’appuie en partie sur le soutien de l’Iran : le mouvement terroriste palestinien du Hamas, lié aux Frères musulmans, soutenu par le Qatar et la Turquie, et qui prône ouvertement dans sa charte la destruction d’Israël, semble équipé pour pouvoir poser des problèmes à Tsahal.
« Aujourd’hui est née une nouvelle Palestine qui (…) se bat avec des missiles » et « un nouvel Israël est également apparu, brisé, frustré, déprimé et qui a perdu confiance en lui », a estimé le général de division Hossein Salami, chef de l’armée idéologique de la République islamique, devant une foule réunie sur la place Imam-Hossein dans le centre de Téhéran.
Faisant allusion à la fermeture de l’aéroport international Ben-Gourion de Tel-Aviv à cause des tirs du Hamas et à la suspension des vols par plusieurs compagnies internationales à destination d’Israël, le général Salami a salué une grande « première ».
« Sachez que la bataille de Palestine n’est pas seulement celle des Palestiniens contre les Israéliens » mais qu’elle « symbolise la bataille des musulmans contre l’arrogance mondiale [nom pour parler de l’Occident] », a lancé l’officier.
Ce que révèle le début du conflit
Le mouvement terroriste islamiste, au pouvoir dans l’enclave de Gaza depuis près de 15 ans après en avoir chassé le Fatah de Mahmoud Abbad au prix d’une guerre féroce fratricide en 2006, a surpris Jérusalem par la violence de ses frappes qui ont débuté justement dans la capitale israélienne, lors de Yom Yeroushalayim, le 10 mai dernier.
Depuis, plus de 3 800 roquettes sont tombées sur Israël, – le rythme le plus élevé de frappes jamais dirigé vers l’Etat hébreu, a indiqué l’armée israélienne.
Le Hamas procède cette fois-ci en effet par salves concentrées, lançant parfois une centaine de roquettes en quelques minutes, cherchant ainsi à saturer le système de défense antimissile israélien du « Dôme de fer« .
« Le fait le plus impressionnant de cette guerre, c’est comment ils ont pu tirer autant de roquettes en si peu de temps, voire simultanément », déclare Fabian Hinz, expert indépendant spécialisé dans l’armement au Proche-Orient.
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« La puissance de feu du Hamas, à la fois en termes de nombre de roquettes et de portée, excède de loin les incidents précédents », confirme l’International Crisis Group (ICG) dans un rapport publié vendredi. « Sur le plan militaire, Israël a été pris par surprise par les capacités opérationnelles du Hamas (…) ».
L’organisation peut atteindre Jérusalem, affirme disposer de suffisamment de roquettes pour tenir deux mois et a déployé pour la première fois son missile Ayyash 250, d’une portée de 250 kilomètres, lors d’une frappe vers Eilat (sud) qui n’a toutefois pas abouti.
Parts of the footage were already included in an al-Jazeera documentary about Hamas a few months ago.
— Fabian Hinz (@fab_hinz) May 18, 2021
Qui fournit des armes au Hamas ?
Jusqu’à il y a quelques années, le Soudan a soutenu les Palestiniens, notamment via des usines d’assemblage d’armes passées en contrebande à travers l’Egypte. Khartoum a récemment défendu son accord de normalisation avec Israël.
La Syrie de Bachar al-Assad a elle aussi fourni des roquettes par le passé. Mais outre une poignée de personnalités de la diaspora, c’est aujourd’hui définitivement l’Iran qui est en première ligne dans l’assistance aux groupes terroristes palestiniens.
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« Le soutien aux acteurs régionaux est devenu un pilier essentiel de la posture militaire iranienne », affirmait en avril l’Institut international des études stratégiques (IISS). « Les activités de prolifération de l’Iran se sont concentrées sur le régime syrien et des acteurs non-étatiques », notamment à Gaza.
« L’approche iranienne va au-delà du transfert d’armes. Il s’agit de transfert de savoir-faire, de modèles de conception et de bonnes pratiques », explique pour sa part à l’AFP un expert en armement qui requiert l’anonymat et publie ses recherches sous le compte Twitter Calibre Obscura.
L’Iran produit ainsi des armes lourdes conçues pour les groupes armés qui lui sont fidèles, et sont « facilement manufacturées et assemblées avec de l’outillage rudimentaire ». Israël affronte donc un ennemi avec « des capacités décentes. Pas des roquettes de haute précision, pas des missiles balistiques, mais de l’artillerie basique », précise l’expert.
Le Hamas a lancé des roquettes, des obus de mortier et des missiles anti-char.
La question des stocks d’armes
Selon l’armée israélienne, le Hamas dispose d’un stock de 15 000 roquettes. Les experts consultés par l’AFP les évaluaient avant le début de ce conflit à 12 000 ou 13 000 – une force de frappe déjà considérable.
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Les capacités de production des terroristes palestiniens sont difficiles à évaluer. Mais « ils se sont beaucoup préparés pour ce moment », explique Calibre Obscura. « Ils ne veulent pas se retrouver dans une situation où ils seront à cours de missiles et je pense que les stocks ont été sous-évalués ».
De fait, « le Hamas a derrière lui une longue histoire de fabrication de roquettes et ils se sont montrés sensés, inventifs et créatifs », estime-t-il, rappelant qu’ils avaient récupéré des obus de la Première Guerre mondiale sur un bâtiment britannique coulé au large de Gaza.
Quid d’une attaque israélienne au sol ?
« La flambée de violence pourrait s’aggraver si Israël décide de lancer une offensive au sol dans la bande de Gaza », prévient l’ICG.
Mais Gaza est constellée d’agglomérations aux rues étroites et sinueuses où faire la guerre est un cauchemar et où les locaux jouissent de la connaissance du terrain, ce qui avait par ailleurs contribué à la soixantaine de morts dans l’armée israélienne lors de la guerre de Gaza en 2014.
« C’est du combat urbain dans un environnement très hostile », résume Fabien Hinz.
De plus, le groupe terroriste dispose à l’instar de son allié libanais du Hezbollah d’un réseau de tunnels souterrains, baptisé le « métro ». Ses membres y lancent leurs projectiles et s’y déploient pour mener des attaques ou pour kidnapper des soldats israéliens.
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