Le Hezbollah relie la trêve au Liban à Gaza, et veut voir Israël souffrir
Naïm Qassem, chef adjoint du groupe terroriste, voit un cessez-le-feu comme seule solution au conflit ; il soutient son droit à frapper tout Israël, Tsahal frappant tout le Liban

BEYROUTH, Liban – Le chef adjoint du Hezbollah, Naïm Qassem, a indiqué mardi que son groupe avait adopté « une nouvelle stratégie » pour infliger des souffrances à Israël, tout en appelant à un cessez-le-feu et semblant lier la fin des hostilités au Liban à une trêve à Gaza, alors qu’un responsable du groupe terroriste a récemment indiqué que le groupe pourrait abandonner le lien de longue date entre les deux fronts.
« La solution est un cessez-le-feu, et nous ne parlons pas d’une position de faiblesse », a affirmé Qassem. « Si les Israéliens refusent, nous continuerons », a-t-il ajouté lors d’un discours diffusé à la radio.
Il a toutefois précisé que la volonté du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah d’accepter un cessez-le-feu était conditionnée à l’arrêt des combats à Gaza, où Israël est en guerre contre le groupe terroriste palestinien du Hamas depuis plus d’un an.
« On nous a demandé de mettre fin aux combats et de nous éloigner de plus de 10 kilomètres de la frontière pour ne pas provoquer Israël, mais nous insistons sur un cessez-le-feu à Gaza et refusons de dissocier le Liban de la bande de Gaza », a-t-il assuré.
Il a ajouté que le Hezbollah soutenait « les Palestiniens et les aidait à repousser la menace et à empêcher l’expansion d’Israël ».
Israël ne cherche pas à annexer la bande de Gaza, qu’il a évacuée en 2005 dans le cadre du plan de désengagement, bien que certains responsables d’extrême droite appellent au maintien d’une présence israélienne dans cette zone. La guerre menée par Israël contre le Hamas vise principalement à démanteler les capacités militaires de l’organisation terroriste après l’attaque du 7 octobre 2023, au cours de laquelle plus de 1 200 personnes, principalement des civils, ont été tuées, et 251 otages ont été capturés, et dont la libération reste un objectif de guerre.

Mardi, Qassem a déclaré que les quelque 60 000 habitants du nord d’Israël qui ont été évacués l’année dernière, en raison des attaques quasi-quotidiennes de roquettes et de drones du Hezbollah, en soutien au Hamas, pourraient regagner leurs domiciles une fois un cessez-le-feu conclu par voie indirecte.
Cependant, il a menacé de déplacer davantage d’Israéliens si la guerre se poursuivait, déclarant que « le nombre de colonies désertées augmentera, et des centaines de milliers, voire plus de deux millions de personnes seront en danger à tout moment ».
Il a ajouté qu’étant donné qu’Israël avait mené des attaques sur tout le territoire libanais, le Hezbollah se considérait légitime à cibler l’ensemble du territoire israélien.
« Nous viserons l’armée israélienne, ses bases et ses quartiers », a-t-il précisé, ajoutant que « le Hezbollah reste fort malgré les coups durs reçus, et nous avons recouvré toutes nos capacités sur le terrain ».
Israël a lancé une grande offensive contre le Hezbollah, soutenu par l’Iran, le 23 septembre, dans le but de permettre aux habitants du nord d’Israël de réintégrer leurs maisons, qu’ils avaient été contraints d’évacuer il y a un an en raison des tirs de roquettes transfrontaliers provenant du Liban.
Après des frappes intensives qui ont éliminé la majorité des dirigeants du Hezbollah, dont Hassan Nasrallah, Israël a lancé une offensive terrestre limitée dans le sud du Liban afin de démanteler l’infrastructure du groupe terroriste le long de la frontière, qui viole une disposition du Conseil de sécurité des Nations unies de 2006 stipulant que le Hezbollah devait se retirer à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière.

Selon le gouvernement libanais, les frappes israéliennes ont fait au moins 2 309 victimes au Liban au cours de l’année écoulée, surtout ces dernières semaines. Ce chiffre inclut au moins 960 combattants du Hezbollah, que Tsahal affirme avoir tués, bien que ce nombre soit probablement plus élevé car les bilans n’ont pas été régulièrement actualisés depuis le début de l’opération terrestre.
Par ailleurs, plus de 1,2 million de Libanais ont été déplacés. S’adressant à eux, Qassem leur a dit qu’ils « devaient être patients pour remporter la victoire », et leur a promis « que vous retournerez dans vos maisons qui seront reconstruites ».
Plus de 50 soldats de Tsahal ont été tués depuis un an par des frappes du Hezbollah et lors de l’opération terrestre. 38 d’entre eux ont été tués lors des affrontements transfrontaliers et de l’opération terrestre lancée dans le sud du Liban à la fin du mois de septembre. Les attaques contre le nord d’Israël au cours de l’année écoulée ont causé la mort de 28 civils.