Israël en guerre - Jour 394

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Barrage de roquettes sur Haïfa ; le Hezbollah dit que ses capacités sont intactes

Plus de 100 roquettes tirées, faisant une blessée par des éclats d'obus et touchant plusieurs maisons ; le chef-adjoint du groupe terroriste envisage une trêve non-liée à Gaza

Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.

Le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a lancé mardi le plus important barrage de roquettes depuis le début de la guerre sur la ville portuaire de Haïfa, dans le nord d’Israël, en insistant sur le fait que ses capacités militaires « restent bonnes » malgré des semaines de frappes dévastatrices de la part de Tsahal.

Plus de 100 roquettes ont été tirées sur la ville en l’espace d’une demi-heure vers midi. La plupart des roquettes ont été interceptées avec succès par le système de défense antiaérienne du Dôme de fer, mais certaines sont passées au travers, explosant dans les banlieues de Haïfa de Kiryat Yam et Kiryat Motzkin, selon les services de sécurité.

Les secouristes du Magen David Adom (MDA) ont indiqué qu’une femme de 70 ans avait été blessée au bras par la chute d’éclats d’obus. Elle a été transportée à l’hôpital pour y être soignée.

Le ciel bleu au-dessus de la ville était strié de traînées blanches laissées par les roquettes d’interception tirées pour contrer les tirs ennemis. Des explosions ont été entendues au-dessus de Haïfa, tandis que retentissaient les sirènes et que des milliers d’Israéliens se précipitaient vers les abris anti-bombes.

Des impacts ont été ressentis dans différents quartiers et plusieurs maisons ont été endommagées, a indiqué la police, qui a appelé les habitants à continuer à suivre les instructions d’urgence et à se mettre à l’abri au son des sirènes.

L’armée a déclaré qu’il n’y avait pas de changement dans les directives pour les civils à ce stade.

Un homme examine son appartement endommagé par une roquette du Hezbollah tirée depuis le Liban, à Kiryat Yam, dans le nord d’Israël, le 8 octobre 2024. (Crédit : AP Photo/Ariel Schalit)

Ces salves ont été tirées alors que Tsahal a annoncé mener des frappes contre des cibles du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. L’armée n’a pas fourni de détails supplémentaires.

Cette attaque de grande envergure a eu lieu quelques instants après que le chef adjoint du Hezbollah, Naim Qassem, l’un des derniers dirigeants encore en vie du groupe, a affirmé que les capacités militaires du Hezbollah étaient intactes, qu’il avait intensifié ses tirs de roquettes sur Israël et qu’il attendait avec impatience de pouvoir « affronter » les troupes israéliennes au Liban.

« Nous avons tiré des centaines de roquettes et des dizaines de drones. Un grand nombre d’implantations et de villes sont bombardées par la résistance », a indiqué Qassem dans une intervention filmée, depuis un lieu tenu secret. « Nos capacités sont excellentes et nos combattants sont déployés le long des lignes de front. »

Il a ajouté que de hauts responsables du Hezbollah menaient la guerre et que les commandants tués par Israël avaient été remplacés. « Nous n’avons pas de postes vacants », a-t-il ajouté.

Il a par ailleurs déclaré que le Hezbollah désignerait un nouveau chef pour succéder à Hassan Nasrallah, tué par une frappe aérienne israélienne dans un bunker à Beyrouth le mois dernier, admettant qu’en « raison de la guerre, les circonstances sont difficiles ».

S’exprimant mardi après-midi, le ministre de la Défense Yoav Gallant a indiqué que le haut responsable du Hezbollah, Hashem Safieddine, qui devait remplacer le chef tué du groupe terroriste, Hassan Nasrallah, avait probablement été tué lors de l’attaque de la semaine dernière à Beyrouth.

« Le Hezbollah est une organisation sans chef, Nasrallah a été éliminé, son remplaçant l’a probablement été aussi. Cela a un effet dramatique sur tout ce qui se passe. Il n’y a personne pour prendre des décisions, personne pour agir », a déclaré Yoav Gallant lors d’une visite au commandement nord de l’armée israélienne, ajoutant que la puissance de feu du Hezbollah avait également subi un coup dur.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant (à droite) s’entretient avec le chef du commandement nord de l’armée israélienne, le général Ori Gordin, au QG du commandement à Safed, le 8 octobre 2024. (Crédit : Ariel Hermoni/Ministère de la Défense)

Selon Qassem, l’armée israélienne n’aurait pas été capable de progresser après avoir lancé une incursion terrestre au Liban la semaine dernière. Or, l’armée israélienne a indiqué qu’une quatrième division était désormais intégrée à la campagne, qui s’est étendue vers l’ouest. Les opérations semblent toutefois se limiter à une étroite bande le long de la frontière, l’armée israélienne ayant expliqué qu’elle souhaitait sécuriser la zone afin de permettre aux personnes évacuées du nord d’Israël de rentrer chez elles en toute sécurité.

Qassem a déclaré qu’au lieu de voir les résidents rentrer chez eux, davantage d’Israéliens seraient déplacés par les combats.

Un cessez-le-feu non lié à Gaza ?

Qassem a également indiqué que le Hezbollah soutenait les efforts visant à instaurer un cessez-le-feu au Liban, mais n’a pas mentionné, et ce pour la première fois, l’accord de trêve à Gaza comme condition préalable à l’arrêt des frappes de son groupe sur Israël.

Une image prise par la chaîne de télévision Al-Manar du Hezbollah montre le chef adjoint du groupe terroriste, Naim Qassem, prononçant un discours dans un lieu non divulgué le 8 octobre 2024 (Crédit : Al-Manar / AFP)

Qassem a ajouté que le Hezbollah soutenait les efforts du président du Parlement Nabih Berri, un allié du groupe, pour faire cesser les combats, qui se sont intensifiés ces dernières semaines avec les incursions terrestres israéliennes et l’élimination de nombreux hauts dirigeants du Hezbollah, dont Nasrallah.

« Nous soutenons les mesures politiques menées par Berri pour parvenir à un cessez-le-feu », a affirmé Qassem dans une adresse télévisée de 30 minutes.

« Quoi qu’il arrive, une fois que la question du cessez-le-feu aura pris forme et que la diplomatie y sera parvenue, tous les autres détails pourront être discutés et des décisions prises », a-t-il ajouté. « Si l’ennemi (Israël) poursuit sa guerre, c’est le champ de bataille qui décidera. »

Le Hezbollah a commencé à tirer des missiles sur Israël il y a exactement un an, en soutien à son allié le groupe terroriste palestinien du Hamas, et du pogrom perpétré par ce dernier le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, au cours duquel les terroristes ont assassiné plus de 1 200 personnes et en ont pris 251 en otages dans la bande de Gaza.

Les principaux dirigeants du Hezbollah ont affirmé à plusieurs reprises au cours de l’année écoulée que le groupe ne cesserait pas ses frappes tant qu’un cessez-le-feu n’aurait pas été conclu dans la bande de Gaza. Les propos de Qassem semblent marquer une rupture avec cette politique.

Ces dernières semaines, Israël a intensifié ses frappes sur le Hezbollah afin d’éloigner le groupe terroriste de la frontière, conformément à une résolution des Nations unies de 2006 qui avait mis fin à la guerre cette année-là.

De la fumée s’élève du site d’une frappe aérienne israélienne qui a visé un site du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth, le 8 octobre 2024. (Crédit : Mohammad ABOU AL AINAIN / AFP)

Les frappes israéliennes attaquent toutes les nuits le bastion du groupe terroriste dans la banlieue sud de Beyrouth, et les incursions terrestres ont été étendues mardi à d’autres parties de la frontière sud du Liban avec Israël, y compris le long de la côte méditerranéenne.

L’assaut de Haïfa est intervenu après la revendication par Israël de l’élimination d’un autre haut responsable du Hezbollah lors d’une frappe ciblée sur Beyrouth.

Les raids israéliens se sont concentrés sur les « centres de gravité » du Hezbollah dans les villages du sud du Liban, où les troupes ont jusqu’à présent trouvé des quantités massives d’armes, selon des sources militaires. Selon Israël, le Hezbollah préparait une attaque de grande envergure, similaire à celle du 7 octobre, contre des communautés du nord du pays, dans le but de massacrer et d’enlever des civils israéliens.

Tsahal a fait savoir que ses opérations dans le sud du Liban pourraient être étendues si nécessaire, mais qu’elle avait toujours l’intention d’y mettre fin le plus rapidement possible, en l’espace de quelques semaines.

Cette escalade fait suite à la décision d’Israël, le mois dernier, de faire du retour des habitants du nord dans leurs foyers un objectif de guerre officiel. Quelque 60 000 habitants ont été évacués des villes du nord à la frontière du Liban peu après l’attaque du Hamas le 7 octobre, de peur que le Hezbollah ne mène une attaque similaire.

Des troupes de la brigade Golani opèrent dans le sud du Liban, sur une photo publiée le 8 octobre 2024. (Crédit : Armée israélienne)

Depuis le 8 octobre, le Hezbollah lance des attaques quasi-quotidiennes contre les communautés israéliennes et les positions militaires situées le long de la frontière. Ces affrontements ont causé la mort de 26 civils du côté israélien et, en plus des onze soldats tués lors de l’opération terrestre, la mort de 22 soldats et réservistes de Tsahal.

Deux soldats ont été tués lors d’une attaque de drone en provenance d’Irak, et plusieurs attaques ont également eu lieu depuis la Syrie, sans faire de blessés.

Le Hezbollah a identifié 516 de ses membres – dont Nasrallah – qui ont été tués par Israël depuis le début de la guerre, principalement au Liban, mais aussi en Syrie. Au Liban, 94 membres d’autres groupes terroristes, un soldat libanais et au moins 60 civils, dont trois journalistes, ont été tués.

Depuis le lancement par Israël de sa nouvelle offensive contre le Hezbollah en septembre, ces chiffres ne sont plus régulièrement mis à jour. L’armée affirme avoir tué au moins 440 terroristes du Hezbollah lors de son opération terrestre.

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