Le ministère des Affaires étrangères met en garde les voyageurs au Chili
Le ministère demande aux Israéliens de se montrer vigilants après la déclaration de l'état d'urgence par le président chilien en raison des manifestations dans le pays
Le ministère des Affaires étrangères a émis dimanche une mise en garde en direction des Israéliens qui se rendent au Chili, après la déclaration de l’état d’urgence dans ce pays d’Amérique du sud et dans un contexte de manifestations violentes.
Le président chilien Sebastián Piñera affronte actuellement la pire crise de son second mandat à la tête du pays.
Les manifestations ont débuté vendredi pour protester contre une hausse – de 800 à 830 pesos (environ 1,04 euro) – des tickets de métro. La mesure a été suspendue samedi par M. Piñera et devrait être approuvée lundi par les sénateurs après les députés dimanche.
Les émeutes se sont toutefois poursuivies, nourries par la colère face aux conditions socio-économiques et aux inégalités dans ce pays loué pour sa stabilité économique et politique, mais où l’accès à la santé et à l’éducation relèvent presque uniquement du secteur privé.
Les militaires ont fait des patrouilles dans les rues et l’état d’urgence et le couvre-feu sont restés en vigueur dans six villes chiliennes sans mettre un terme aux manifestations – même après le crépuscule. Les forces de sécurité ont utilisé samedi des gaz lacrymogènes et des jets d’eau pour tenter de disperser les foules.
« Le ministère des Affaires étrangères recommande aux voyageurs israéliens dans le secteur de se montrer vigilants et attentifs aux ordres donnés par les services de sécurité, de suivre les informations transmises par les médias locaux et de s’abstenir de se rendre dans des lieux de rassemblement ou dans les stations de métro de la ville », a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Le ministère a également noté qu’il était probable que l’état d’urgence soit élargi à d’autres secteurs.
De nouvelles confrontations ont eu lieu dans la capitale du Chili, Santiago, dimanche.
La police et les militaires ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau contre les manifestants.
Presque 10 000 soldats ont été déployés dans le cadre d’un couvre-feu nocturne mis en place à Santiago et de la déclaration de l’état d’urgence dans cinq régions.
Emeutes et pillages ont fait sept morts durant le week-end à Santiago, dont cinq dans l’incendie d’une usine de vêtements et deux dans l’incendie d’un supermarché. Trois personnes ont également été grièvement blessées.
Ces morts sont les premiers à survenir dans cette pire période d’agitation depuis le retour de la démocratie au Chili, en 1990, dans le sillage de la dictature du général Augusto Pinochet.
Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité, Andres Chadwick, a précisé que deux personnes avaient été blessées par balles suite à des affrontements avec la police, qui avait répondu à une information portant sur un pillage effectué dans une ville du sud de Santiago.
Les autorités ont rapporté 103 incidents graves dans tout le pays. 716 personnes ont été arrêtées.
Bus et stations de métro ont été particulièrement ciblés par les manifestations violentes. Des dizaines de supermarchés, de véhicules et de stations-service ont également été saccagés ou incendiés. La plupart des magasins sont restés fermés dimanche.
Les cours ont été suspendus dans les établissements scolaires de 48 des 52 districts de Santiago. À l’aéroport de la capitale, des milliers de voyageurs dont les vols ont été annulés ou retardés ont passé la nuit bloqués par le couvre-feu et l’absence de transports publics.
Dans plusieurs quartiers de Santiago, des habitants s’étaient organisés pour éviter de nouveaux saccages. Avec l’autorisation des forces de l’ordre, ils ont monté une garde de nuit devant des magasins et effectué des rondes, armés de bâton et vêtus de gilets jaunes à l’image du récent mouvement social en France.
Ces violences surviennent un mois avant l’arrivée de certains responsables parmi les plus influents du monde, notamment le président Donald Trump et le chinois Xi Jinping, à Santiago pour débattre du commerce lors du sommet de coopération économique Asie-Pacifique.
Les étudiants ont appelé à de nouvelles manifestations ce lundi.