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Le monopole du rabbinat sur la casheroute irrite les restaurateurs

Certains restaurateurs israéliens ont décidé de lancer leur propre certificat de conformité à la halakha

Un certificat de cacheroute Parve. (Crédits : Wiki Commons)
Un certificat de cacheroute Parve. (Crédits : Wiki Commons)

Le jour où Jonathan Vadai en a eu assez de payer pour obtenir un certificat de casheroute pour son café branché à Jérusalem, il a rejoint d’autres restaurateurs qui tentent de briser le monopole des ultra-orthodoxes sur la délivrance de ces attestations.

La casheroute désigne l’ensemble des règles religieuses juives concernant la nourriture, notamment la liste des aliments autorisés ou non, et des règles s’appliquant à leur préparation.

La loi israélienne n’oblige pas les restaurants à respecter ces règles et il existe de nombreux établissements dépourvus de certificats de casheroute en Israël, notamment dans les régions où la population juive n’est pas ou peu pratiquante.

Mais pour de nombreux juifs pratiquants, savoir que les règles de la casheroute sont respectées dans l’établissement qu’ils fréquentent est une condition sine qua non et l’absence de certificat peut ainsi représenter un manque à gagner important pour les restaurateurs.

Le précieux certificat est délivré par le rabbinat en chef aux cafés et restaurants sur l’ensemble du territoire israélien, mais ses détracteurs estiment que le système actuel est corrompu et injuste et n’assure pas qu’un restaurant est vraiment casher.

« La loi israélienne octroie au rabbinat en chef un monopole sur la supervision de la casheroute mais il y a beaucoup de corruption et de pressions injustes », estime Aaron Leibowitz, un rabbin conseiller municipal de Jérusalem, actif dans les efforts pour mettre fin au monopole.

Pour les restaurateurs qui souhaitent pouvoir exhiber le certificat dans leur établissement, le coût des inspections et de la délivrance du document s’établit en moyenne à 9 500 shekels (2 200 euros environ) par an.

En 2013, certains restaurateurs ont ainsi décidé de se passer du certificat du rabbinat et opté, avec le soutien du rabbin Aaron Leibowitz, pour la mise en place d’une supervision privée, qui coûte notamment moins cher.

Plusieurs dizaines d’établissements, la plupart d’entre eux à Jérusalem, font aujourd’hui partie de l’initiative.

« Alternative casher »

« Il s’agit d’une véritable alternative casher au rabbinat », note Jonathan Vadai.

Selon Aaron Leibowitz, les inspecteurs ont la même formation que leurs homologues du rabbinat mais les certificats qu’ils délivrent ne contiennent pas le mot « casher » pour éviter que les clients ne les prennent pour des certificats du rabbinat.

Les certificats alternatifs insistent sur le devoir de « respecter tous les règles stipulées par la halacha », la loi juive.

Selon Aaron Leibowitz, il s’agit d’établir « un contrat d’engagement social, de transparence et de véritable supervision, totalement parallèle à celui du rabbinat ».

Mais ce dernier rejette les allégations de ce groupe de restaurateurs, soulignant qu’il est le mieux placé pour superviser la délivrance des certificats et que toutes accusations de corruption font l’objet d’enquêtes.

Et la Cour suprême est allée dans son sens, en estimant ce mois-ci que ces certificats alternatifs étaient illégaux.

Le rabbin Rafi Yohai, chef du département des fraudes dans le domaine de la casheroute au rabbinat, estime que la supervision privée est peu réaliste en raison du fait que les restaurateurs ont souvent peu de temps à consacrer au sujet et que les chefs de cuisine ne connaissent pas toujours les règles de la casheroute ou ne sont pas prêts à y faire attention.

« Je veux que la supervision casher se fasse sur la base de conditions connues et transparentes », dit-il.

Un restaurateur de longue date, qui préfère conserver l’anonymat, explique que les certificats du rabbinat font partie de ses dépenses de fonctionnement car il perdrait des clients sans eux.

Il ajoute cependant que « le concept des certificats de cacheroute est obsolète et a fait faillite », car il est le seul à savoir vraiment ce qui se passe dans sa cuisine, pas l’inspecteur du rabbinat qui vient une demi-heure.

« C’est comme une protection que l’on paie au rabbinat. Les gens se moquent de ce qui se passe dans la cuisine du moment que vous avez le certificat ».

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