Le nouveau budget est présenté à la Knesset avec une hausse de 32 Mds de NIS
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a attribué cette massive augmentation aux accords de coalition, à l'inflation et aux hausses de salaires dans la fonction publique
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.

Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a présenté mardi les considérations qui sous-tendent le budget de l’État 2023-2024, qui, selon lui, prévoit des « dizaines de milliards » de shekels pour respecter les accords de coalition, entre autres priorités de l’État.
Le ministre a déclaré que la nécessité de financer les promesses politiques, la hausse de l’inflation et les débats sur les accords salariaux des fonctionnaires ont compliqué le processus budgétaire et ont fait grimper la proposition à 484,8 milliards de shekels en 2023 et 513,7 milliards de shekels en 2024, contre 452,5 milliards de shekels en 2022.
Vendredi, le gouvernement avait adopté une version simplifiée et édulcorée du budget, au lieu d’un document complet et négocié, laissant ainsi la lourde tâche à la Knesset.
Bien que la conférence de presse ait été qualifiée de « présentation du budget », la liste complète des propositions budgétaires et le dernier document budgétaire n’y ont pas été divulgués. En revanche, Smotrich et le directeur du budget de son ministère ont fait part des considérations qui ont présidé à l’élaboration du document, de quelques propositions politiques et de chiffres financiers partiels.
Smotrich n’a pas non plus approfondi son plan de lutte contre la concentration du marché, bien qu’il ait été critiqué vendredi par les médias israéliens pour ne pas avoir abordé l’un des principaux facteurs de l’augmentation du coût de la vie en Israël.
Le ministre des Finances a également rejeté les allégations selon lesquelles le plan du gouvernement visant à remanier le système judiciaire nuit à l’économie, malgré la chute vertigineuse du shekel par rapport au dollar.
« Je ne dis pas que rien ne se passe », a déclaré Smotrich à propos de la récession économique. « Mais ce n’est pas à cause de la réforme [judiciaire], mais de la manière dont les choses sont dépeintes. Je crois que les agences de notation comprennent qu’il y a un intérêt politique ici », a-t-il ajouté.
Les agences examinent la réforme annoncée, les économistes avertissant qu’elles pourraient potentiellement abaisser la note de crédit d’Israël.
Smotrich a déclaré que le gouvernement était « prêt à accepter des secousses dans l’économie ». « Je ne vois pas de catastrophe à l’horizon. »
La principale bataille du ministre des Finances concernant le budget pourrait avoir lieu à la Knesset, qui doit approuver le plan d’ici le 28 mai. Deux mois seulement après la prestation de serment du gouvernement de droite, d’extrême-droite et religieux du Premier ministre Benjamin Netanyahu, les tensions ont déjà commencé à déboucher sur des affrontements politiques et stratégiques qui pourraient amener certains députés à ne pas voter lors des séances de la Knesset.

Smotrich a déclaré qu’il prévoyait de présenter le budget de l’État 2023-2024 en première lecture le 27 mars et de procéder aux deuxième et troisième lectures requises la semaine suivante. Il a exhorté le reste de la coalition à se rallier au budget, en mettant de côté les tensions qui se préparent, certaines liées aux promesses de la coalition et d’autres à la politique en Cisjordanie.
Entre autres obstacles, le parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah est frustré de ne pas avoir reçu la totalité des augmentations budgétaires promises dans l’accord de coalition avec le Likud de Netanyahu. Yahadout HaTorah s’est en particulier insurgé contre le fait que le budget n’augmente pas suffisamment le financement des systèmes scolaires de la communauté haredi, malgré une augmentation de 40 % de 2,5 milliards de shekels dans le budget.
Le député Moshe Gafni (Yahadout HaTorah) qui dirige la puissante commission des Finances de la Knesset, a le pouvoir de faire obstruction aux discussions budgétaires jusqu’à ce que des accords soient conclus.
Lundi, Yahadout HaTorah a boycotté un débat de la Knesset au cours duquel l’opposition a attaqué le plan de réforme du système judiciaire du gouvernement, en raison de querelles budgétaires.
À l’automne dernier, Netanyahu s’était engagé à augmenter le financement des systèmes scolaires ultra-orthodoxes, qui ont été privés de fonds pendant des années parce qu’ils ne disposaient pas d’un programme de « tronc commun ». L’accord de Netanyahu accordait aux établissements haredim des fonds accrus sans introduire les matières considérées comme essentielles à l’intégration professionnelle, notamment les mathématiques, les sciences et l’anglais.

En outre, les deux partis ultra-orthodoxes de la coalition ont promis d’adopter une loi consacrant les exemptions militaires pour l’étude de la Torah avant l’adoption du budget de l’État.
« J’espère que les ministres et les députés seront responsables » et adopteront cette loi, a déclaré le ministre des Finances, ajoutant plus tard que voter contre le budget reviendrait à « nous empêcher de baisser le coût de la vie ».
Le coût de la vie est considéré comme la question la plus essentielle pour les électeurs, aujourd’hui tout comme avant les élections législatives de novembre qui ont porté le bloc de Netanyahu (droite, religieux et extrême-droite) au pouvoir, et est particulièrement sensible pour les partis ultra-orthodoxes et les communautés qu’ils représentent.
Smotrich a réaffirmé ses promesses de s’attaquer au coût de la vie, et en particulier pour ouvrir davantage le marché, sans présenter de proposition en ce sens. Parmi les initiatives fragmentaires, Yogev Gradus, le directeur du budget du ministère des Finances, a déclaré que le gouvernement rétablirait en 2024 les crédits d’impôt pour les familles qui travaillent, mais que l’application de la proposition à 2023 était encore en suspend.
Gradus a également déclaré qu’il y avait une « modération » dans les revenus de l’État, liée en partie aux conditions macroéconomiques. Les revenus ne devraient passer que de 468,4 milliards de shekels en 2022 et 2023 à 497,6 milliards de shekels en 2024, ce qui ajoutera 32,5 milliards de shekels au déficit du nouveau budget de l’État 2023-2024.

Tout en soulignant que les coûts des services de garde d’enfants subventionnés par l’État n’augmenteraient pas, Smotrich n’a pas voulu donner de détails spécifiques sur les crèches et les maternelles, une promesse électorale du Likud. Netanyahu s’est engagé pendant la campagne à soutenir une solution pour l’éducation gratuite pour les enfants de 0 à 3 ans, mais le gouvernement semble seulement prévoir de subventionner les enfants de 2 à 3 ans dans le budget. Ce plan reste lui aussi vague.
En ce qui concerne le logement, Smotrich et Gradus ont déclaré que la construction dans tout le pays est actuellement sur une tendance positive, et le défi sera de poursuivre la trajectoire actuelle, ce qui nécessitera 50 000 à 60 000 nouvelles unités de logement l’année prochaine pour garder le rythme.
Smotrich a également souligné la façon dont la politique s’est immiscée dans le processus d’élaboration du budget, ce qui, selon Gradus, était commun aux coalitions précédentes.
« J’ai été confronté, sans relâche, à une tension entre le désir d’aller dans le sens de ma vérité économique et la nécessité… de permettre aux ministres de mettre en œuvre leurs politiques », a déclaré le ministre des Finances.
Smotrich a également critiqué un accord salarial « compliqué » et âprement négocié que le dernier gouvernement a signé avec le Syndicat des enseignants, qui a ajouté un engagement de 4,5 milliards de shekels jusqu’en 2023.
« Nous avons reçu cet héritage et nous allons nous en occuper », a-t-il déclaré.
Néanmoins, il a laissé entendre que les 9 milliards shekels dont il a confirmé qu’ils iront au ministère de la Sécurité nationale d’Itamar Ben Gvir n’étaient pas politiques, en disant que « l’accord est très complexe et que nous ne le regardons pas de cette façon. » Ben Gvir a déclaré que les fonds supplémentaires seraient utilisés pour établir une garde nationale et recruter des milliers de policiers, de gardiens de prison et de pompiers, entre autres priorités.