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Refonte judiciaire : le shekel atteint son niveau le plus bas depuis trois ans

L'inquiétude des investisseurs s'accroît après que le premier projet de loi, qui affaiblirait le système judiciaire du pays, a passé sa première lecture à la Knesset

Sharon Wrobel est journaliste spécialisée dans les technologies pour le Times of Israel.

La Bourse de Tel Aviv, le 25 décembre 2018. (Crédit : Adam Shuldman/Flash90)
La Bourse de Tel Aviv, le 25 décembre 2018. (Crédit : Adam Shuldman/Flash90)

Le shekel a chuté de plus de 2 % et les obligations gouvernementales (OAT) et les actions ont chuté à Tel Aviv mardi, après que la Knesset a adopté en première lecture un projet de loi visant à apporter des changements litigieux au système judiciaire.

La monnaie locale a perdu plus de 2 %, s’échangeant autour de 3,64 contre le dollar américain mardi après-midi à Tel Aviv, soit son niveau le plus faible depuis avril 2020. Depuis le début du mois, le shekel a perdu plus de 5 % face au billet vert.

L’indice de référence TA-125 de la Bourse de Tel Aviv a reculé de 1,8 %, tandis que l’indice TA-35 des sociétés de premier ordre a glissé d’environ 1,5 % et que les prix des obligations d’État à plus long-terme ont plongé entre 1 % et 2 %. Les actions de Wall Street ont clôturé lundi en baisse de 1 %.

Mardi matin, la Knesset a adopté en première lecture un projet de loi qui constitue une partie importante de la réforme très controversée du système judiciaire, visant à renforcer le contrôle du gouvernement sur les nominations judiciaires et à révoquer la capacité de la Haute Cour à réviser les Lois fondamentales.

Les changements proposés par le gouvernement nationaliste et religieux du Premier ministre Benjamin Netanyahu ont suscité des manifestations de masse ces dernières semaines, appelant à la protection de la démocratie israélienne et du système d’équilibre des pouvoirs.

Le projet de la coalition au pouvoir de bouleverser le système judiciaire a pesé sur le sentiment du marché par crainte de son impact négatif sur la note de crédit du pays, qui pourrait déclencher une fuite des capitaux et faire fuir les investisseurs.

Des investisseurs institutionnels locaux et étrangers, ainsi que des dirigeants de banques et d’éminents économistes, ont lancé de nombreuses mises en garde contre les retombées économiques et financières potentielles, certains appelant les parties en présence à engager des pourparlers de compromis, comme proposé par le président Isaac Herzog.

« Si, jusqu’à présent, le marché évaluait la possibilité d’un compromis ou d’un dialogue sur les changements judiciaires, le vote de la Knesset nous en éloigne encore davantage », a déclaré Rafi Gozlan, économiste en chef d’IBI Investment House Ltd. au Times of Israel. « Si les changements judiciaires proposés sont entièrement adoptés, c’est très inquiétant car Israël va avoir une économie très différente de celle que nous avons actuellement, avec un gouvernement fort et aucune séparation du pouvoir institutionnel. »

« Le marché réévalue maintenant la prime de risque sur les actifs nationaux et nous constatons une forte demande de devises étrangères et une vente d’obligations du gouvernement local, ce qui met la pression sur le gouvernement », a ajouté Gozlan.

Certaines entreprises et start-ups locales ont déjà commencé à retirer leur argent, à la demande de leurs investisseurs étrangers, afin de minimiser les risques et de couvrir leurs actifs avant l’approbation finale des projets de loi.

La refonte judiciaire proposée accorderait au gouvernement un contrôle total sur la nomination des juges, y compris à la Haute Cour, limiterait sévèrement la capacité de la Haute-cour à invalider des lois et des décisions gouvernementales avec l’adoption d’une clause dite « dérogatoire » qui permettrait au Parlement de surseoir aux décisions de la Cour suprême avec un vote à la majorité simple de 61 députés.

S’exprimant devant la commission des Sciences et des Technologies de la Knesset, Chemi Peres, fils de l’ancien Premier ministre et président Shimon Peres et PDG du plus grand fonds de capital-risque d’Israël, Pitango, a averti qu’Israël risquait de subir des dommages économiques importants en raison du remaniement du système judiciaire.

« Je siège au conseil d’administration de gigantesques entreprises qui veulent sortir leur argent d’Israël. Des sociétés sont, tout doucement, en train de quitter le pays. Une fois que l’on aura compris que nous allons vers une législation anti-démocratique, la majorité des investissements et des taxes [issues de la high-tech] ne seront plus payés en Israël, et nous perdrons une industrie qui est accueillie partout dans le monde. »

Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Eli Cohen, s’en est pris lundi à la Banque centrale d’Israël pour avoir augmenté le taux d’intérêt de référence de 50 points de base pour le porter à 4,25 %, appelant le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, à élaborer un plan pour mettre un terme à la hausse des coûts d’emprunt.

Dans une tentative de rassurer les investisseurs étrangers et les agences de notation sur l’indépendance de la politique monétaire de la Banque centrale, Smotrich a défendu la Banque d’Israël contre les critiques « populistes » émanant du gouvernement.

« En tant que ministre des Finances, je m’oppose fermement aux déclarations populistes menaçant l’indépendance de la Banque d’Israël », a écrit Smotrich, en anglais et en hébreu, sur Twitter.

Le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, a également abordé les réformes judiciaires imminentes, déclarant lundi à la chaîne publique israélienne Kan qu’une Banque d’Israël indépendante est « cruciale » pour l’économie du pays.

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